Yossi Aviram ( La Dune) est revenu cette année avec Il n'y a pas d'ombre dans le désert, un film mélancolique sur une relation passionnelle. A l'occasion de la sortie du film en DVD édité par Blaq Out, petit retour d'expérience.
À Tel Aviv, Ori croise par hasard Anna, une écrivaine française, lors du procès d'un ancien Nazi. Il est bouleversé de reconnaître cette femme dont le souvenir le hante depuis qu'ils se sont follement aimés à Turin, 20 ans plus tôt. Mais Anna soutient qu'ils ne se sont jamais rencontrés. Peut-être qu'au milieu du désert, les choses deviendront plus claires...
Le film Il n'y a pas d'ombre dans le désert, réalisé par Yossi Aviram, s'annonçait comme une production prometteuse. La bande-annonce captivante présentait une intrigue à double fond, mêlant mémoire individuelle et collective, avec en toile de fond un procès historique et une romance énigmatique. Pourtant, le résultat final laisse un goût d'inachevé et de déséquilibre. Dès le début, le thème de la mémoire et de l'oubli attire notre attention. La question de savoir si le nonagénaire accusé est réellement l'officier responsable de la mort de 1200 Juifs à Novi Sad en 1944 est intrigante. De même, l'idée que l'écrivaine française, incarnée par Valeria Bruni-Tedeschi, pourrait être la femme que l'un des personnages prétend avoir connue des années plus tôt à Turin, ajoute une dimension intrigante à l'intrigue. Cependant, le film ne parvient pas à maintenir cette tension initiale.
Le principal problème de Il n'y a pas d'ombre dans le désert réside dans son déséquilibre narratif. La scène centrale où les personnages principaux, interprétés par Bruni-Tedeschi et Yona Rozenkier, se retrouvent dans le désert du Néguev est beaucoup trop longue. Cette partie du film semble s'étirer indéfiniment, donnant une importance disproportionnée à l'histoire de ce faux couple. Cette longue séquence finale isole l'intrigue principale et dilue l'impact du procès du criminel nazi, qui aurait dû rester au cœur du récit. Les autres personnages et leur rapport à leur passé sont également relégués au second plan, ce qui affaiblit considérablement le propos du film. Il est regrettable que Yossi Aviram, qui a également co-signé le scénario avec Valeria Bruni-Tedeschi, n'ait pas su exploiter pleinement les richesses de l'idée de départ. Un coup de théâtre prive le film de son enjeu principal, et la seconde moitié du film s'égare littéralement dans le désert.
Les héros, tout comme les spectateurs, se perdent dans cette narration confuse et déconnectée. Un autre aspect problématique du film est la manière dont il aborde la relation amoureuse naissante entre les deux personnages principaux. Cette histoire d'amour, née d'un kidnapping et de la détresse psychologique d'un homme convaincu à tort d'avoir vécu les événements décrits dans les romans de l'écrivaine, pose un réel problème. Le syndrome de Stockholm que cela suggère est dérangeant, et la performance de Valeria Bruni-Tedeschi ne parvient pas à rendre cette romance crédible. Le manque de chimie entre les deux acteurs accentue encore le sentiment d'incrédulité face à cette relation. Malgré ces défauts, il y a des éléments positifs dans Il n'y a pas d'ombre dans le désert. Le contexte historique du film est intéressant et bien traité. La reconstitution du procès et les réflexions sur la mémoire collective offrent des moments poignants et instructifs.
Cependant, ces aspects ne suffisent pas à compenser les faiblesses de la narration et les choix discutables de mise en scène. En conclusion, Il n'y a pas d'ombre dans le désert est un film qui avait tout pour réussir mais qui échoue à trouver son équilibre. Les thèmes abordés étaient riches et prometteurs, mais le traitement déséquilibré de l'intrigue et les longueurs inutiles nuisent gravement à l'ensemble. Ce n'est pas un film mauvais en soi, mais il laisse un sentiment de déception, surtout au regard des attentes suscitées par sa bande-annonce. Le potentiel était là, mais il aurait fallu une révision générale et un meilleur équilibrage pour en faire une œuvre véritablement marquante.
On profite du film et de ses décors magnifiques grâce à une belle image. Le son est bon, comme souvent chez Blaq Out. Pour autant, dommage de ne nous accorder uniquement un entretien avec Yossi Aviram. J'aurais préféré un entretien croisé avec Valeria Bruni-Tedeschi qui a co-signé le scénario. L'entretien permet tout de même de cerner certaines idées (qui ne fonctionnent pas vraiment dans la mise en scène que je trouve correcte sans casser des briques) et la démarche de l'histoire. Mais je pense que les deux scénaristes auraient pu apporter quelque chose ensemble. En tout cas, si vous cherchez un film mélancolique avec un devoir de mémoire mélangé à une romance qui manque de piquant.
Caractéristiques techniques
Supplément : Entretien avec le cinéaste Yossi Aviram
Disponible en DVD au prix public conseillé de 19,99 € TTC
Cette sortie est éditée par BLAQ OUT