The Healberries aux Cochons Flingueurs à Saint-Quay-Portrieux, le 21 juillet 2024

Publié le 23 juillet 2024 par Concerts-Review

The Healberries aux Cochons Flingueurs à Saint-Quay-Portrieux, le 21 juillet 2024

michel

Tu te soignes comment?

Du cynorrhodon contre l'arthrose, des groseilles à maquereau pour les inflammations buccales, du sureau contre les rhumatismes, du jenever à l'apéritif...

Ah oui, les baies peuvent guérir!

Tu trouves des Healberries dans la Nièvre, en région parisienne et peut-être dans le Berry, si ces fruits constituent un excellent remède naturel, il en est deux, parfois trois, qui distillent aussi une musique qui apaise les nerfs, car William Rollin : chant, guitare, banjo(s), Aurélien Naffrichoux : chant , guitare, et Ludovic Legros : chant, contrebasse, se piquent de jouer un genre peu courant dans nos contrées, le bluegrass.

Un tourneur breton leur a déniché quelques dates dans le Breizh, ils sont venus en formule duo, Ludovic est resté dans son Berry pour s'occuper des chèvres.

La tournée s'achève à Saint-Quay, aux Cochons Flingueurs, un établissement qui a fait le plein en ce dimanche où les Belges chantent la Brabançonne.

Pas de jet plane ( comme celui de Peter, Paul & Mary) pour nous emmener du côté des Appalaches, les compères se sont sagement assis sur une chaise, ont ramassé leurs acoustiques pour entamer, sur un rythme enlevé, ' Streamlined Cannonball' , l' histoire d'un train fort prisé par les hoboes.

William et Aurélien , à tour de rôle , passe du picking en lead, à l'accompagnement, comme le font les spécialistes du manouche.

Très vite la clientèle a deviné que ces jeunes gens n'étaient pas des branleurs, le jeu est limpide, les voix conformes au style.

L'instrumental ' Cherokee Shuffle' confirme la première impression, à première vue aucun redneck dans l'assistance, pas de dancers, non plus.

Aurélien, d'un timbre grave, entame le sombre 'Ginseng Sullivan' , a tale of woe concerning a man searching for his big break in the ginseng industry!

En route pour la Géorgie, pour la cueillette des pêches, ' Peach picking time in Georgia' nous ramène dans l'Amérique profonde, celle de John Steinbeck ou de Jack Kerouac.

Une nouvelle fois le picking raffiné séduit, quant à la séquence de yodeling , elle nous rappelle qu'un cousin de Woody Guthrie était non seulement un excellent rodeo rider mais aussi un as d'un genre, qui a traversé les Alpes, survolé les océans pour devenir une spécialité country & western.

Première apparition du banjo pour ' Don't think twice, it's alright' de Bob Dylan.

Deux Irish tunes pour suivre, 'Whiskey before breakfast', un programme non recommandé par les AA's , même si le single malt n'altère en rien le jeu des artificiers suivi par le vif 'Saint Anne's reel' .

'Dooley' , ne pas confondre avec Tom Dooley, fabriquait de la gnôle en famille, la booze a coulé à grands flots jusqu'à son trépas.

Le chant en close harmonies, puis en cascades, a fait forte impression.

Une longue intro dramatique amorce une suite qu'ils ont intitulé ' Buffalo Gals' ( oublie Malcom McLaren), qui comporte trois mouvements, les deux premiers ayant été imaginés par les protagonistes, le dernier qui a donné son titre au morceau est une polka bluegrass,, plus souvent jouée au fiddle.

' Southbound' et ses duelling guitars précède 'Sweet little Miss blue eyes' , la plus jolie fille du patelin, qu'a chantée Bill Monroe, Ray Price , Carl Smith ou Jim & Jesse and Virginia Boys.

On lâche la bride, les canassons déboulent à toute allure,.

'Dixie Hoedown' is meant for advanced players, as-tu lu quelque part!

Tu m'épouses?

OK, on passe devant le maire.

Un hic, elle a emmené sa mère, c'était pas dans le contrat, remboursez...' Give me back my 15 cents'.

Le bluegrass peut-être drôle!

La suivante ' Cattle in the cane' remue allègrement, les copains mitraillent sans relâche pour ensuite proposer un gospel qu'interprétait Doc Watson, 'Life's like a river'. Les Healberries ont opté pour une amorce flamenco à la Manitas de Plata avant de revenir au style du Kentucky.

Je regarde par la fenêtre, le crachin me rend fou...' Listening to the rain' , c'est déprimant sans toi.

'Black mountain rag' était notamment au répertoire de Chet Atkins , la technique du duo est irréprochable, elle n'a rien à envier au maître.

Sur l'album "The Seeger Sessions," Bruce Springsteen reprend 'Shenandoah' , un titre propice à la méditation.

Après ce moment de mélancolie on assiste au retour du uptempo avec ' 'Roll in my sweet baby's eyes' , pour ensuite découvrir la romance 'Sadie' ( Doc Watson).

Puis vient l' instrumental 'Daley's reel,' fait de cassures et d'accélérations subites, qui nous conduit vers la dernière du set, le classique 'Blue moon of Kentucky.'

Il n'y a pas que les cochons qui flinguent, quand les Healberries dégainent, Lucky Luke, pourtant une fine gâchette, se terre!