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[Fantasia 2024] Pendant ce temps sur terre de Jérémy Clapin

Par Mespetitesvues
[Fantasia 2024] Pendant temps terre Jérémy Clapin

L'histoire: Elsa ne s'est jamais remise de la disparition de Franck son frère astronaute disparu il y a trois ans alors qu'il était en mission dans l'espace. Passant son temps à dessiner et à s'inventer des histoires futuristes pour égayer sa vie tout à fait banale, la préposée dans un centre pour personnes âgées découvre par hasard une porte spatio-temporelle qui lui permet de discuter avec le disparu. Ne pouvant se contenter de ces dialogues bien réels, mais désincarnés, elle espère pouvoir le faire revenir à ses côtés. Mais, pour cela, l'entité qui a rendu les conversations possibles - et qui s'est infiltrée dans la tête de la jeune femme - exige une contrepartie pour le moins terrifiante.

Vu au Festival Fantasia le 22 juillet 2024 (une sortie en salle au Québec pourrait avoir lieu au cours de l'automne)

Après un premier long métrage d'animation remarqué ( J'ai perdu mon corps, 2019), le Français Jérémy Clapin fait le saut vers les prises de vue réelles avec Pendant ce temps sur terre, mélange de chronique familiale vériste et de fable de science-fiction.

Étonnant, parfois dérangeant, le récit s'appuie sur sa prémisse onirique pour porter son regard non dénué de mélancolie sur des thèmes déjà bien circonscrits dans le cinéma contemporain. On y parle de l'acceptation du deuil, de la difficulté de vivre dans des régions éloignées et de l'errance d'une jeunesse en mal de repères. Des sujets bien connus donc, mais qui trouvent ici un ressort inattendu grâce aux codes du cinéma de genre.

Parmi les points forts du film, j'ai relevé les séquences animées en noir et blanc donnant naissance à l'évocation d'univers fantastiques parallèles aux nôtres, et le filmage sans affèterie de la vie d'une jeune femme déstabilisée, trouvant difficilement sa place dans la société. D'abord orienté vers les étoiles, le scénario redescend sur terre progressivement tout en se complexifiant au fur et à mesure qu'il développe ses réflexions philosophiques sur la valeur de la vie humaine et sur l'injustice de la mort, frappant sans distinction, parfois les plus jeunes.

Cela dit, Pendant ce temps sur terre n'est pas exempt de défauts, à l'image du passage de la tronçonneuse (pour ne pas en dire trop), sorti de nulle part et qui ne mène strictement à rien. En outre, le film évolue en équilibre instable, et peine à imbriquer efficacement son réalisme social et sa portée surnaturelle métaphorique. Un entre-deux original au début, mais qui a vite fait d'afficher ses limites. Doté de moyens visiblement modestes, nettement inférieurs au plus évocateur Le Règne animal, Clapin ne peut évoquer le contact avec l'au-delà que par le biais de la trame sonore, ce qui n'est pas toujours heureux, d'autant qu'elle est parfois pénible à supporter car trop stridente.

En revanche, rien à redire sur l'interprétation habitée de Megan Northam qui, après ses apparitions dans Les passagers de la nuit de Mikhaël Hers et la série Netflix Notre-Dame, la part du feu obtient ici son premier grand rôle. Indéniablement, elle et Jérémy Clapin font partie des nouveaux visages du cinéma français à garder à l'œil.


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