Le train sifflera trois fois

Publié le 22 juillet 2024 par Paulo Lobo

 Le train a sifflé trois fois

Dans le ville un calme plat enveloppait mon être de feu et de braise 

Je ne savais rien de la vie 

Je ne savais rien de moi

Je ne savais rien de l’autre 

J’avais oublié tout mon historique

Je n’étais qu’un souffle incertain 

Je cherchais le dénominateur commun 

Qui m’avait amené à cet endroit 

Qui quoi comment pourquoi 

Quelles frontières avais-je passées? Quels océans avais-je parcourus ? Quels formulaires avais-je remplis?

Des cris dans le néant retournant vers moi stériles et vains 

Je m’efforçais de faire un grand saut

dans ma tête

Je ne voyais pas clair 

Que pouvais-je encore attendre des jours et des nuits 

Jamais l’horizon ne me parut aussi pâle

Jamais la raison ne me parut aussi crade

Jamais l’illusion ne me parut aussi veule

Je n’avais plus d’images pour venir à ma rescousse

L’écran blanc restait inéluctablement muet

Où était donc passé le projectionniste? 

J’avais payé ma place 

Mais Monsieur il n’y a plus de séance de minuit depuis belle lurette

Votre ticket était valable pour la projection de 19h

Vous l’avez ratée 

Tout ce chemin pour en arriver ici

Une somme de kilomètres parcourus 

Des milliers de personnes rencontrées

Des phrases jamais avares de leur pétulance

J’avais été 

Pendant longtemps, 

J’avais été un sobre aventurier 

Un fieffé reporter 

Un pirate sans attache

j’avais cru à la singularité de ma personne.

Ce n’est qu’à la tombée du crépuscule que je me suis rendu compte de la vanité de mes masques.

Quand vient le temps du dos meurtri 

De la vue trouble 

Des sommeils inassouvis 

L’énergie me manque pour partir vers de nouvelles chevauchées.

Ah si au moins il y avait le silence 

Ah si au moins il y avait la quiétude 

Mais la nuit n’a que faire de cette mansuétude 

La nuit dévore, la nuit écartèle, la nuit déchiquette.

On attend impatiemment le matin. 

Tout en sachant que toujours tout recommencera, et que les spectres de la nuit jamais ne me lâcheront.