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Lecture de pêche

Par Carmenrob

Les excellents pêcheurs, une fois pris leurs quotas, se doivent d'avoir un bon livre pour meubler les après-midis désœuvrés. C'est bien entendu mon cas😉. J'ai donc lu (en fait relu, mais n'en avait pas fait de compte rendu) La folie des foules de Louise Penny.

Cette œuvre cogite autour de certains enjeux éthiques engendrés par la Covid, notamment ceux soulevés par les autorités qui, à un certain stade de la pandémie, se sont interrogées sur leur capacité à soigner tout le monde et sur les critères qui devraient guider leurs choix, le cas échéant.

Lecture pêche

L'inspecteur Gamache reçoit le mandat d'assurer la sécurité d'Abigail Robinson, conférencière dont les thèses relèvent, à son avis, de l'eugénisme. Malgré son aversion complète pour les propos de la scientifique, Gamache assume ses responsabilités et sauve celle-ci d'une tentative de meurtre. Mais un peu plus tard, c'est l'assistante et amie d'Abigail qui est assassinée, mettant en branle une enquête aux multiples ramifications.

Extrait

Après avoir étudié les statistiques sur les victimes de la pandémie et effectué une analyse coûts-avantages, elle en venait à la conclusion qu'on pouvait faire d'une pierre deux coups. Et elle-même, toujours obligeante, se ferait une joie de la lancer, cette pierre.

Et si on pouvait aider les personnes en proie à des souffrances inimaginables et insoutenables, les agonisants, les personnes alitées dans un état végétatif par suite d'un AVC, les personnes frêles et les malades ? Et si on pouvait alléger leurs douleurs ? Au moyen d'une simple injection. Ces personnes seraient soulagées de leurs souffrances et la société, d'une lourde charge financière. D'un fardeau.

On n'employait jamais le mot, mais tous comprenaient les implications. Message codé. (p. 88)

Louise Penny, La folie des foules, Flammarion Québec, 2021, 519 pages

***

J'ai enchaîné avec Les armes de la lumière de Ken Follett, qu'on lit moins pour la virtuosité de sa plume que pour son talent à faire revivre les grands moments qui ont transformé la civilisation occidentale.

Lecture pêche

Nous voici au 18 e siècle, alors que va se développer l'invention des machines appelées à bousculer le mode de vie ancestral des populations. Notamment, des métiers à filer. D'entrée de jeu, je me suis attachée aux personnages et j'ai appréhendé le sort qui les attendait dans un monde où régnaient la pauvreté, l'injustice et l'oppression souvent impitoyable de la classe dominante. Un monde où un enfant de 8 ans peut être pendu pour avoir volé du ruban dans l'espoir de le revendre et de pouvoir manger. Mais heureusement aussi un monde où des personnes courageuses et sensibles tentent d'aider les plus démunis et de faire évoluer l'ordre des choses.

L'histoire s'ouvre sur un accident provoqué par la bêtise et la brutalité du propriétaire terrien où travaillent des ouvriers agricoles, un accident qui va bouleverser la vie de Kit et de sa mère, Sal Clitheroe.

Extrait

La jument se raidit. Les quatre ouvriers agricoles passèrent derrière le tombereau et poussèrent, leurs pieds glissant sur le chemin mouillé. Les muscles des épaules de Harry saillirent. Sal, qui était aussi robuste que n'importe lequel d'entre eux, les rejoignit. Le petit Kit en fit autant, ce qui arracha un sourire aux hommes. Les roues s'ébranlèrent, la jument inclina la tête et tira, le fouet claqua et la charrette bougea. Les hommes reculèrent d'un pas et la suivirent des yeux alors qu'elle commençait à gravir la côte. Mais la jument ralentit et Will cria : " Continuez à pousser ! "

Ils se précipitèrent, plaquèrent les mains à l'arrière du tombereau et recommencèrent. Le tombereau reprit de la vitesse. Sur quelques mètres, la jument alla bon train, les muscles puissants de ses épaules bandées sous les courroies de cuir ; néanmoins, elle ne put maintenir son allure. Elle ralentit, puis trébucha dans la boue glissante. Elle sembla reprendre pied, mais elle avait perdu son élan et la charrette s'arrêta brusquement. Will fouetta l'animal. Sal et les hommes eurent beau pousser de toutes leurs forces, ils furent incapables de retenir le tombereau dont les hautes roues de bois se mirent à tourner lentement en arrière. (p. 18)

Par son style sobre, mais évocateur, et par son souci du détail, Follett nous rive à ce récit à la fois riche en émotions et en enseignements sur la genèse d'un des grands bouleversements de la civilisation occidentale, son industrialisation.

Ken Follett, Les armes de la lumière, Robert Laffont, 2023, 785 pages


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