Magazine Culture

Les Enfants endormis

Publié le 22 juillet 2024 par Adtraviata
Enfants endormis

Quatrième de couverture :

Au tournant des années 1980, alors qu’une partie de la jeunesse sombre dans l’héroïne, un étrange syndrome fait son apparition dans les hôpitaux français et américains. Les Enfants endormis retrace cette double histoire, intime et collective. À travers un prisme inédit, Anthony Passeron rouvre les archives de la lutte contre le sida, entre roman familial et épopée scientifique.

Je voulais lire ce livre et le jury du Livre de poche m’en a donné l’occasion. Après trois livres de juillet assez « moyens » à mon goût, je n’ai pas été déçue par ce premier roman, à la fois coup de coeur et coup de poing.

Coup de coeur pour l’écriture au cordeau d’Anthony Passeron, pour sa grande pudeur, pour le choix narratif d’alterner l’histoire de la découverte de la maladie du sida et de la recherche scientifique (c’est raconté avec une clarté exemplaire) et l’histoire familiale qui a occulté la maladie et la mort de Désiré, l’oncle du narrateur. Il faut dire que dans cette vallée reculée de l’arrière-pays de Nice aux villages et aux familles façonnés par le travail, le courage, l’honnêteté, l’apparition de l’héroïne et les ravages qu’elle cause chez les enfants du pays (les enfants endormis du titre) et en plus cette maladie longtemps jugée scandaleuse, touchant à la morale, ces deux fléaux donc que furent la drogue et le sida ont frappé au plexus ces familles mal informées, mal accompagnées, marquées de honte et d’humiliation (on ne connaissait pas encore grand-chose et la médecine était impuissante face au VIH). Coup de poing donc aussi : avec le recul, on est ébahi devant la concurrence entre équipes françaises et américaines, glacé devant la façon dont les malades ont été traités et plein de compassion envers cette famille particulière, partagée entre honte, chagrin, colère et silence.

Un roman à lire, un indispensable.

Extrait du prologue : « J’ai voulu raconter ce que notre famille, comme tant d’autres, a traversé dans une solitude absolue. Mais comment poser mes mots sur leur histoire sans les en déposséder ? Comment parler à leur place s »ans que mon point de vue, mes obsessions ne supplantent les leurs ? Ces questions m’ont longtemps empêché de me mettre au travail. Jusqu’à ce que je prenne conscience qu’écrire, c’était la seule solution pour que l’histoire de mon oncle, l’histoire de ma famille ne disparaissent pas avec eux, avec le village. Pour leur montrer que la vie de Désiré s’était inscrite dans le chaos du monde, un chaos de faits historiques, géographiques et sociaux. Et les aider à se défaire de la peine, à sortir de la solitude dans laquelle le chagrin et la honte les avaient plongés. »

Anthony PASSERON, Les Enfants endormis, Le Livre de poche, 2024 (Editions du Globe, 2022)

Prix des lecteurs du Livre de poche – sélection Juillet 2024 (c’est bien sûr le livre pour lequel je vais voter ce mois-ci)

Rendez-vous au mois d’août pour les trois derniers livres de ce jury.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Adtraviata 5456 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine