Soixante-dix-neuf pages de commentaires clients majoritairement négatifs, sans aucune reconnaissance des préoccupations exprimées
Le point de vue de l'éditeur : Lorsque Google n'était qu'une jeune start-up, sa devise était « Don't be evil » (Ne soyez pas méchant). Cette phrase figurait même en bonne place dans son code de conduite d'entreprise. Après la restructuration d'Alphabet en 2015, elle a été remplacée par une phrase plus sage : « Do the right thing » (Faites ce qui est juste). Il est révélateur qu'en 2018, Google n'ait plus de devise et ait supprimé les deux phrases du code de conduite de l'entreprise. Cela a du sens, étant donné que l'entreprise ne vit plus selon ces deux principes.
Depuis 10 jours, les utilisateurs de Fitbit n'ont plus de tableau de bord Web pour suivre leurs objectifs de remise en forme. Le site Web est désormais une publicité pour l'application mobile Fitbit pour iOS et Android. Cette suppression n'a pas été soudaine ou inattendue. Fitbit a annoncé en juin que l'utilitaire allait disparaître, mais les utilisateurs n'en sont toujours pas satisfaits.
L'un des problèmes qui préoccupent les utilisateurs est qu'ils ne peuvent plus suivre leurs objectifs de remise en forme sur un joli tableau de bord plein écran sur leur ordinateur. Au lieu de cela, ils sont relégués à un écran de téléphone relativement petit qui ne peut pas afficher plusieurs mesures simultanément comme le faisait le tableau de bord Web.
« C'est particulièrement affreux pour les personnes souffrant d'un handicap visuel ou d'un problème de dextérité des doigts », a déclaré un utilisateur frustré sur les forums Fitbit. « C'est toujours mauvais pour tout le monde car on ne voit pas autant sur un écran de 3 pouces que sur un vrai ordinateur… Ramenez l'interface Web ! »
De plus, l'application manque de certaines fonctionnalités de l'interface Web, comme l'enregistrement des aliments.
Fitbit a essayé de vendre le changement en promettant aux utilisateurs que leurs données ne seraient pas perdues pendant la transition (à part l'enregistrement des aliments, je suppose). Cependant, cela n'a été qu'une maigre consolation pour les utilisateurs qui préféraient l'interface Web plus complète. Le fait que le représentant de Fitbit soit apparu comme une filiale fidèle de Google (lire : un chien de compagnie) au lieu d'être là pour le client n'a pas aidé non plus.
« Google est le meilleur interprète des données depuis des décennies, et c'est pourquoi nous avons pour mission de former une seule et même équipe, Fitbit et Google », a poursuivi le porte-parole de Fitbit lors du forum. « La consolidation du tableau de bord Fitbit.com dans l'application Fitbit fait partie de cette mission et nous permettra de nous concentrer sur des fonctionnalités qui fournissent des informations encore plus précieuses à nos utilisateurs. »
L'acquisition de Fitbit par Google en 2021 a suscité des polémiques dès le départ. Les utilisateurs, les organismes de protection de la vie privée et les régulateurs nationaux et internationaux craignaient que cet achat ne soit une tentative d'augmenter les revenus publicitaires d'Alphabet en collectant et en vendant les données de santé des utilisateurs.
Google a dissipé ces craintes en promettant de ne pas procéder à de telles collectes d'informations, et les régulateurs ont finalement approuvé l'accord. Cette promesse s'est avérée être un mensonge, comme en témoigne le fait que les utilisateurs qui s'inscrivent à un compte Fitbit doivent toujours accepter la politique générale des services Google, qui inclut le partage de leurs données de santé « anonymisées » avec les annonceurs. La configuration du compte Fitbit indique :
« J'accepte que Google utilise mes données de santé et de bien-être pour fournir des produits et services Fitbit, en fonction de ma configuration Fitbit et de la manière décrite ci-dessus (politique de confidentialité). Je comprends que je peux arrêter d'utiliser Fitbit à tout moment et supprimer les données de mon compte Google. »
Depuis lors, la gestion de l'entreprise par Alphabet et de son produit principal, le bracelet connecté Fitbit, est passée d'une philosophie centrée sur l'appareil à une philosophie centrée sur l'application. Google a réduit à plusieurs reprises les fonctionnalités matérielles, notamment la possibilité de synchronisation avec les ordinateurs, et a principalement poussé les clients à utiliser l'application, ce qui va à l'encontre de l'objectif de l'appareil.
Alors que la ruée vers l'or de l'IA bat son plein, Google a de grands projets pour l'appareil et l'application. Bientôt, les abonnés Fitbit disposeront de fonctionnalités expérimentales d'IA sur la montre qu'ils n'ont pas demandées, et tous les utilisateurs recevront un LLM conçu sur mesure intégré à l'application. Comme nous l'avons vu avec les récents aperçus de recherche alimentés par l'IA, Google activera probablement ces fonctionnalités par défaut avec un moyen difficile, voire inexistant, de les désactiver.
Bien entendu, rien de tout cela n’est nouveau. Google a mal géré la marque Fitbit aux yeux des utilisateurs depuis son rachat. L’entreprise a presque entièrement ignoré les commentaires des clients à chaque étape, et les rares fois où elle a eu son mot à dire sur un problème, elle a nié l’existence du problème.
Par exemple, Ars Technica souligne que lorsque les utilisateurs de Fitbit Charge 5 se sont plaints d'une décharge incroyablement rapide de la batterie après une mise à jour du firmware, Google a affirmé qu'il étudiait le problème tout en ajoutant qu'il savait avec certitude qu'il ne s'agissait pas d'un problème lié au firmware. Il a fait cette déclaration en janvier, et le bug n'a toujours pas été corrigé malgré les critiques de PC World concernant les appareils Fitbit, affirmant qu'ils sont « un achat d'un an aux États-Unis ».