S'il faut quelques minutes pour s'habituer à une mise en scène qui pourrait passer pour pauvre, Versailles révèle ensuite des trésors de beauté dans sa façon de sublimer quelques images et moments. C'est beau, une cabane de fortune en plein coeur de la forêt. C'est beau, un mioche qui grimace et se raidit lorsqu'on lui rince les cheveux à l'eau froide. Ce qui n'empêche pas Schoeller de crier sa révolte face à un système faisant trop souvent la sourde oreille. Et quand Damien décide d’entamer des procédures pour reconnaître ce fils qui n’est pas le sien, la poésie fait place à une rage contenue mais prégnante. Qu’importe si la toute fin convainc un peu moins que le reste : Versailles nous submerge d’émotions et se garde bien de nous faire la leçon. Bien aidé par des acteurs magistraux, Schoeller s’installe dès son premier film parmi ceux qui savent comment filmer les gens d’en bas, quelque part entre le Siegfried de Louise (take 2) et le Kechiche de La faute à Voltaire.
8/10
(également publié sur Écran Large)