Critique du Mérite, de Mélanie Leray et Maëlle Puéchoultres, vu le 9 juillet 2024 au 11
Avec Anouar Sahraoui et Nanténé Traoré, mis en scène par Mélanie Leray
Je crois que si j’avais été ministre, c’est à l’Éducation que j’aurais aimé être (c’est le moment où il faut l’annoncer, non ?). Je pense que j’ai bénéficié de toutes les failles de ce système que j’aimerais reconstruire de l’intérieur. Ça me fascine. L’éducation, ou plutôt la place du système éducatif dans nos trajectoires de vie. Et le débat, l’éternel débat sur ce système qui prône l’égalité des chances et continue de favoriser les mieux lotis.
Le Mérite met en scène un dialogue entre une prof de maths et son élève au collège, qui passe au statut d’ancien élève lorsqu’il devient lycéen, puis qu’il poursuit ses études dans le supérieur. Cet élève, c’est Bachir. Bachir qui aide sa mère à la maison. Bachir et ses facilités en maths. Bachir qui rature ses problèmes pour ne pas s’élever au-dessus de autres. Bachir et son amour de la danse. Bachir qui a tout pour s’extraire du milieu où il est né, et qu’il semble incapable de quitter.
La relation prof-élève, c’est quelque chose qui me touche beaucoup, quelque chose qui a toujours été important pour moi. Et je trouve qu’ils ont su capter quelque chose de cette relation humaine qui ne ressemble à aucune autre. Qui présente quelque chose d’amical sans être vraiment de l’amitié. Qui soutient en restant toujours un peu à distance. Qui console sans non plus être un refuge. C’est particulier, cette relation. C’est tout un équilibre, qu’ils ont su mettre sur un plateau.
Et c’était déjà beaucoup. Mais ils vont plus loin que ça. Et ce n’était pas évident. Ils auraient pu être limités par la forme-même du spectacle qui consiste en des discussions prof-élèves : c’est difficile de proposer un échange vraiment abouti et profond si le rapport entre le prof et l’élève veut rester réaliste, surtout avec un élève de collège. Ainsi, la première scène est peut-être la moins intéressante ou la moins aboutie. Mais ce n’est pas si grave, puisqu’elle est celle qui pose la situation. Elle ouvre la voie aux scènes suivantes, qui elles se mettent à soulever les vraies questions. Sortir de son milieu social. S’adapter au nouveau. Devenir caméléon. Voler de ses propres ailes. Oser. Grandir. Affronter le syndrôme de l’imposteur. Et tant d’autres. Mais on a l’air un peu bête à les citer alors qu’eux évitent l’écueil du didactique, du dogmatique ou du verbeux. Ils sont beaucoup plus intéressants que nous. Et toujours sur un fil. Joli travail d’équilibriste.
Un spectacle qui mérite ses