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La Maison des jouets, de Carlos Henriquez

Publié le 13 juin 2024 par Francisrichard @francisrichard
La Maison des jouets, de Carlos Henriquez

Je m'appelle Hugo Balast. Je suis fouille-merde professionnel. Un fouille-merde professionnel en vacances. Tout seul. J'ai atterri dans un village perdu pour y passer quelques semaines de congé. Tu parles d'un bled. Sans GPS, je me serais sûrement perdu. Et même avec, ce n'était pas gagné.

Il est tout seul, parce qu'avec sa femme Agathe, il y a de l'eau dans le gaz. C'est pourtant bien elle qui a réservé La Maison des jouets, comme l'ont baptisée leurs enfants Emma et Raphaël en regardant les photos sur l'ordinateur.

Il s'apprête donc à passer les trois premières semaines d'août 2018 tout seul dans cette maison, qui est plus qu'assez grande pour un couple et deux enfants et située dans un bled, Chartan-sur-Trille, un microcosme où tout se sait.

Chassez le naturel, il revient au galop. Hugo ne peut pas rester tranquille à se regarder le nombril et à cuire au soleil pendant cet été caniculaire, si bien que la Maison des jouets s'avère être en fait la Maison des secrets, enfouis.

Comme tout se sait, bien que la curiosité soit un vilain défaut, largement partagé, Hugo ne peut faire un pas ou un brin de conversation sans que la rumeur sur ce qu'il a fait ou dit ne se propage, avec toutes les déformations d'usage.

Aussi Hugo est-il très occupé pendant ce séjour, qui, finalement, n'est pas de tout repos. Son créateur, Carlos Henriquez, prête à Hugo son humour, qui n'est jamais aussi réjouissant que dans les dialogues qui émaillent le récit.

Tout le petit monde chartais ne se réjouit pas de ce que découvre Hugo en explorant la Maison des jouets et en fouinant ici et là, comme il ne se réjouit pas de ce qu'il apprend pour ce qui les concerne, lui et sa propre famille.

Hugo, professionnellement, fouille la vie de ses semblables, alors que la sienne est insignifiante. Il finira bien grâce à ce break par lui donner un sens. Comment? C'est justement ce que raconte ce livre que le lecteur quitte à regret.

Hugo apprendra ainsi que, si toute vérité est bonne à connaître, elle ne peut toutefois pas être dite à n'importe qui. De plus, pour qu'elle ne soit pas blessante inutilement, encore faut-il que, pour ce faire, des formes soient mises.

Francis Richard

La Maison des jouets, Carlos Henriquez, 384 pages, Bernard Campiche Editeur


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