Dans la confusion des trombes d'eau hachées par le balai lancinant des essuie-glaces, Simon observait, sans y croire, le spectacle froissé d'un homme qui enlaçait Roxane dans un trou noir.
Simon La Brosse, un patronyme qui lui va comme un gant, est galeriste d'art. Il vient d'acquérir de main de maître un Rouault1 et veut fêter ça avec sa femme Roxane.
En vain il a essayé de la joindre sur son portable. Et pour cause. Au volant de sa Range Rover il la voit sortir de la brasserie de l'Alma à Paris et se laisser embrasser.
Il suit le couple qui monte dans la Mini Cooper de Roxane, l'inconnu ayant pris le volant, jusqu'à la boutique de sa femme au-dessus de laquelle se trouve un studio.
À leur suite il pénètre dans le studio. Sa femme le regarde dans un miroir, puis tombe à la renverse. Il reçoit lui-même un coup à la tête qui lui fait perdre connaissance.
Les deux se retrouvent à l'Hôpital Saint-Antoine, elle dans le coma, lui traumatisé, après que Kitty l'assistante de Roxane, ayant entendu du bruit a appelé les secours.
Simon n'est pas au bout de ses peines. L'un après l'autre ses proches sont victimes d'agressions qui, pour d'aucuns, se révèlent mortelles. C'est à n'y rien comprendre.
Pour élucider ces énigmes, le commissaire Karl Bosch et son équipe ne disposent que de peu d'éléments, sauf que Simon semble visé à travers toutes ces victimes.
Ces agressions, qui se produisent en 2014, semblent avoir leur origine dix ans plus tôt. Sinon pourquoi donc Geoffroy de Clavière y aurait-t-il situé son prologue?
Quoi qu'il en soit, le lecteur, comme les policiers, doit attendre que Simon, peu à peu, exhume de son passé ce qu'il y a enfoui profond pour en trouver l'explication.
Quant au titre, Passeport pour l'oubli, il ne s'explique qu'après avoir lu l'épilogue. C'est dire que l'auteur, avec maestria, sait ménager le suspense, sinon son lecteur.
Fini les boîtes noires, les non-dits et les mensonges. Désormais, place à la lumière! conclut ce récit, qui est fou et tragique, et, par le nombre de victimes, shakespearien...
Francis Richard
1 - Peintre français (1871-1958)
Passeport pour l'oubli, Geoffroy de Clavière, 320 pages, Slatkine