Album - Mazingo – Hey You

Publié le 26 juin 2024 par Concerts-Review

Album - Mazingo - Hey You

NoPo

MAZINGO - LP 'Hey you' 2024

Mazingo publie l'EP '3 Dollar Show' en 2020 (année qui n'autorise pas le show et souffle le froid) et l'album 'Soleil Noir' (une conséquence de la pandémie?) en 2022.
Cette fois, ils t'interpellent avec 'Hey you' et te proposent 12 titres, une belle boite d'œufs phoniques tous frais pondus.

Pourtant, la pochette ne me fait pas penser aux poules mais aux chèvres qui grimpent dans les arbres au Maghreb.
Au verso, le trio, pendu par les pieds, semble entamer le programme séchage.

Andrew Mazingue (basse, contrebasse, chant), Alexis Réoutsky (guitares, harmonica, chant) et Félix Bourgeois (batterie, chœurs, claviers) présentent un look 19è siècle qu'on aurait pu rencontrer dans les westerns.
Andrew, le franco américain chapeauté, rappelle le bon Docteur Doxey, ennemi de Lucky Luke, mais son élixir est bien plus sain et salin d'autant qu'il aime l'air marin de l'Ouest, résidant dans le Morbihan et y invitant ses potes parisiens.
Produit par Samuel Navel (habitué à l'élégance de 'Cascadeur' et la profondeur des 'Tindersticks'), le disque s'enregistre live (au studio Black Box -49-) pour conserver la spontanéité et l'énergie qui caractérisent le groupe sur scène.
Un tiers de la trentaine de morceaux écrits, figure sur l'album dans un style blues rock relativement rêche et sans électronique. On y perçoit aussi un peu de swamp rock et de country & western.
Ce mélange agréable me fait penser à Archi Deep des Charentes (qui n'enfile pas ses charentaises).

Démarrage très western avec 'Hey you' et son harmonica bluesy et un banjo roulant. Des handclaps accompagnent un rythme constant, à part un pont relancé par des chœurs.

'One poor teardrop' entraine une guitare au riff blues sur une batterie à rouleaux dont le tempo se creuse à la contrebasse. Un clavier virevoltant ajoute une couche sixties. Un single bien groovy!

'Boxed up' détache ses notes au banjo sur une cadence cassée, favorisant le grain de voix à la Tom Waits. L'harmonica s'étire, en venant parfois lécher les bordures de gratte.
Du blues bien marécageux qui peut évoquer les Stones de 'Exile on Main St.'...

Intro très blues roots pour 'Funambule' qui prend à contrepied avec la voix très légère en français. Retour aux cailloux, les ouh ouh des chœurs exhument 'Sympathy for the Devil'.

'In the light' trottine sur un rythme légèrement saccadé, apprécié par un banjo qui s'y balade avec un chant flegmatique.

Des arcades à la basse ouvrent la voie à la belle mélodie de l'orgue Hammond sur 'City never sleeps'. De jolies sonorités cristallines à la guitare se promènent dans un tunnel alors que la voix sereine ne voit rien venir.

Le rythme très marqué de 'What's the use' permet à la guitare de s'exprimer avec diversité dans une ambiance psychédélique à la voix nonchalante.

'Gone to stay'... comme le disait Perrine avec son accent breton 'Je crois bien que t'es partie pour rester!'. Un bon rock des familles à la guitare trépidante alors que le chant, énergique, presse le citron tant qu'il est chaud!

Dr Feelgood affirmait 'She does it right' ... ici c'est raté avec 'Can't do right' mais un joli raté bien chaloupé. Le morceau reste terriblement dansant avec un clavier se balançant sur les accords à la guitare.
Une rareté avec du son écrit à la pointe d'un stylophone!

'Six Pieds Sous Terre' joue de la baguette sur le cercle tournant autour de la contrebasse et de légères touches de guitare.
Quand la slide se fait entendre, le ciel s'assombrit pour un enterrement de première classe. Au final, l'entremêlement de la grosse contrebasse avec des cordes frottées au bottleneck sonne le glas.

Des notes de guitare s'évaporent dans l'atmosphère comme un coup de chaud. L'effet psychologique s'accorde aux illusions car 'She's gone'. Le mid-tempo perdure sous des réverbérations de chant en chœurs.
On rejoint finalement une ambiance stoner assommé par la mauvaise nouvelle.

Il va falloir filer. 'The run' s'en charge dans une sensation d'épuisement. La voix, paresseuse, traine sa peine... Une conclusion en forme de sieste bucolique.

Un disque un peu laid-back comme du JJ Cale adapté à la chaise longue et la saison estivale.
Beau programme pour le trio qui s'échappe à l'étranger cet été (du 12 juillet au 28 septembre) vers divers festivals (notamment en Pologne et en Roumanie).
Et le début de l'année 2025 va les entrainer aux Etats-Unis dans le cadre de l' l'International Blues Challenge.

1 - Hey You
2 - One Poor Teardrop
3 - Boxed Up
4 - Funambule
5 - In The Light
6 - City Never Sleeps
7 - What's The Use
8 - Gone To Stay
9 - Can't Do Right
10 - Six Pieds Sous Terre
11 - She's Gone
12 - The Run