Album - Cloud People - Simulacra

Publié le 28 juin 2024 par Concerts-Review

Ces gens nuageux ne portent pas de combinaisons spatiales mais ils auraient pu.
Ceci dit, on les voit poser en blouses blanches de chercheurs ce qui correspond bien à leur côté défricheurs.
Ils savent aussi faire du neuf avec du vieux, dans un rétro wave prog jazz inversement proportionnel à la place du saxophone qui s'appuie sur pi(romane) pour tracer un cercle aux flammes nébuleuses, sans tourner en rond.
Dans la fusée cherchant l'orbite que nos yeux parfois quittent, on trouve 2 Widerøe, des frères qui jouent aussi dans Seven Impale, très influencé par le Van der Graaf Generator des seventies (un monument capable de dessiner des cercles dans les nuages de votre esprit).
L'équipe réunit 5 musiciens dont 2 synthés et un clavier, ça touche et ça plane pour nous! Ils s'inspirent (sic) de DJ Bonobo, Kaytranada et Todd Terje jusqu'à Motorpsycho et Pantera. Ils rigolent ou quoi? Effacez ça!

Voilà mon avis et je le partage :
Dans Simulacra, on apprécie une musique construite, peu conventionnelle, aérée et un peu plus légère que Seven Impale, grâce à son ambiance SF, confirmée par une pochette triptyque aux teintes pourpres dévoilant, à travers des fenêtres, un décor désertique venu d'ailleurs sous un ciel menaçant.

Voilà, le vaisseau frémit, prêt au décollage mais d'abord on checke par 'Simulation'.
On entend les portes se verrouiller et le réacteur monte en pression avec un synthé basse à propulsion.
La voix robotique délivre les informations de base (attachez vos ceintures!) et le synthé scintille, en une exaltation, amplifiée par la guitare tendue comme un arc.
La batterie se met alors à rouler dans un torrent accidenté. Un saxophone, bien chauffé, vient tracer des arcs. Des passages laissent le temps d'admirer le paysage cosmique...

... juste une sorte d'introduction à 'Chemtrails', le morceau phare de l'album. Une rythmique électro mêlant batterie et synthé fait office de rampe de lancement.
Parfaitement stabilisée, cette cadence, vive, ouvre les vannes à des claviers aussi sautillants que glissants. Soudain, le souffle du saxo vient dégager le ciel pour un passage planant puis un break dans un élan euphorique.
Le retour à la trame de base, irrésistible, entraine dans une danse hypnotique qui s'arrête dans un dernier vrombissement de sax.

Sur orbite, il ne reste plus qu'à se laisser porter et passer en mode contemplatif.
On pourrait suggérer Jean-Michel Jarre qu'on ne s'égarerait pas dans la mare à canards. Une fois posé sur l'Area 91', on marine dans une margarine énergisante et relaxante.
Alors qu'on en finit de la malaxation, s'établit une connexion avec le canal d'un cosmonaute angoissé, en épais délirium, puis le saxophone se met à saccader, abandonnant son sac à dos harmonieux.
Un motif de guitare flotte sur une couche de claviers, elle-même posée sur des percussions à riches cymbales ondoyantes. Le sax, qui pourrait s'appeler Pink Floyd, apporte sa chaleur rassurante.
'Hollow moon' laisse entrevoir un croissant de lune où se balance un arpège de gratte, couplé au tournoiement du saxophone, avant qu'il ne s'échappe en pleine liberté.
La lente progression, parfaitement construite, rappelle les grandes heures de la musique progressive. Juste une évidence enveloppante!

Un son quasiment techno, parcouru par une voix robotique, secoue les premiers instants de 'Project Blue Beam'.
La cadence se stabilise alors avec cette batterie dynamique, toujours aussi roulante et bavarde, pendant que les synthés soufflent et montent merveilleusement sur des aurores boréales.
Ils finissent par atteindre un niveau de sérénité au pinacle. Puis le morceau bascule sur des contretemps galvanisants avant de s'éteindre sur la seule voix cybernétique.

Une boucle au clavier laisse s'évaporer un charme mélancolique sur un rythme syncopé. A force de tournoyer, la mélodie finit par hypnotiser.
'Pandora's Hoax' enfle alors avant de laisser passer une voix robotique qui rétablit une cadence régulière à effluves fantomatiques.
Quelques oiseaux de mauvais augure survolent la trame en sifflant. Un clavier résonne avec emphase et harmonie avant de rappeler la boucle qui s'épaissit en sonnant de tous côtés.

Une mélopée envoutante, au clavier, s'évapore progressivement avant de générer des pulsations et arabesques qui pourraient rappeler Daft Punk.
'Element 115' s'envole crescendo pour un premier pallier stabilisé pour un moment puis, ayant repris du souffle sur un plateau, le morceau gonfle et relâche son énergie par des traits synthétiques lumineux et effervescents.

Un crépitement allume instantanément un feu astral qui s'effondre dans une libération gazeuse (comme disait GONG).
La batterie, époustouflante, emporte alors dans des secousses trépidantes qui appellent une emphase saxophonique. Le synthé tournoie, amplifiant l'effet euphorique que le sax encourage.
'Cover up' referme brillamment la marmite encore bouillante.

Aucun chant dans 'Simulacra', uniquement des narrations de type cinématographique, mais Cloud People, jamais ne se désagrège. Une grande maitrise technique, parfois étrange, nous baigne dans un climat stellaire éblouissant. Hey People get ready, Cloud People let the light in!

Les cosmonautes :
Andreas Sørensen Hauge - Synthesizers, bass guitar
Benjamin Mekki Widerøe - Saxophone, keyboards
Filip Mekki - Synthesizers
Fredrik Mekki Widerøe - Drums
Morten Olsen - Guitars
Amalie Holt Kleive - Vocals (Area 91)
Håkon Vinje (Synthesizers, -Seven Impale (encore), Enslaved-) ne joue pas sur le disque mais vient d'intégrer le groupe.

Producteur Njål Paulsberg
Masteristation DJ Teebee

TRACK LISTING
01. Simulation
02. Chemtrails
03. Area 91
04. Hollow Moon
05. Project Blue Beam
06. Pandora's Hoax
07. Element 115
08. Cover Up