Album - Ergo Atlas- Apotheus

Publié le 14 juillet 2024 par Concerts-Review

Album - Ergo Atlas- Apotheus

NoPo

APOTHEUS - Ergo Atlas LP 2023

Avec 16 ans d'expérience, les portugais d'Apotheus en connaissent un rayon rapport au métal plus qu'au vélo.
Une nouvelle preuve avec ce disque, sorti en Octobre 2023 (mais découvert en Mars 2024), qui fait suite à la seconde étape "The Far Star" en 2019.
Une œuvre sci-fi évoquant l'intelligence artificielle et inspirée des romans d'Isaac Asimov.
Précisons que le nom Apotheus fait référence à l'élévation au rang de Dieu et l'on fait le tour du propos abordé par le groupe.

4 brillants musiciens constituent l'équipe de choc :
Miguel Andrade (guitare/chant), Albano "von Hammer" (batterie), Daniel Rocha (basse) et Luís "Gold Monkey" (guitare)

Sur la pochette grisâtre d'Ergo Atlas, un petit peloton de personnages dénudés, comme mystérieusement hypnotisés par un astre sombre en arrière plan, s'éloignent de l'observateur à travers une étendue d'eau, survolée de nuages chargés.

Voilà pour le plumage, quant au ramage, on peut tendre l'oreille vers Tool et encore plus vers Soen avec une technique prog irréprochable et cette belle voix exploitant toute la cavité buccale et nasale.

Nous voici partis pour 9 titres cumulant 45 minutes de métal progressif particulièrement bien forgé et extrêmement solide.

' Shape and geometry' bien carré aux épaules, tourne rond autour d'un gros calibre. Même si les cordes fluides y vont mollo en sonnant d'abord mélancoliquement, elles font ensuite des nœuds.
On sent de fortes secousses et balayages pluvieux avant d'aborder un gros orage aux roulements saccadés puis aux coups de tonnerre, assénés par Albano "von Hammer".
Dominé par une voix claire et puissante, la plage atteint l'œil du cyclone qui ne laisse passer qu'une corde hautement pincée avant de lâcher les explosions sous-accordées.

' The Unification Project' s'élève dans un sombre climat, au léger tambour, puis transpercé d'arcs électriques, le titre s'emporte en roulements orageux.
Luis joue en variations sonores nombreuses et captivantes, par des plongées, suspensions, pics, et volutes sinusoïdales sur un chemin rythmiquement plombé.
Une dernière respiration permet de prendre un élan final tel une bourrasque.

Un chant assuré stabilise l'entrée dans " Firewall", tendu à l'extrême et traversant des ouragans.
On ressent une progression difficile, ralentie par des accords flottant en retenue.
Après un moment de répit dominé par un chant tranquille, le ton s'élève à nouveau pour flirter avec l'euphorie.

Des notes de guitare tombent en pluie sur ' Cogito', cassé par des frappes pesantes, galbées à la basse parfois réverbérante, parfois orageuse.
La voix suit une courbure mélodique, partant de très bas pour arriver bien haut, dans un climat atmosphérique.
Le morceau, puissant, transporte une mélancolie émouvante, une composition qui semble plus vécue que pensée.

Après 'Cogito', ' Ergo bellum' contrarie 'Ergo sum', un titre qui déclare la guerre avec des vocaux des plus gutturaux. L'ambiance s'en ressent propageant des sentiments plutôt dépressifs d'emblée.
Et même si la voix éclaircit l'intro, on la sent limitée dans son effort, incapable d'empêcher les hurlements d'exulter soudainement puis de dominer la conclusion.

'March to Redemption' commence par une accalmie aux guitares atmosphériques floydiennes.
Le chant s'apaise et la mélodie vogue sans vagues. Mais comme souvent, le vent se lève progressivement.
Les notes détachées, en fin de morceau, traversent quelques chœurs avant de laisser s'envoler un solo lumineux.

La voix de crooner de Miguel éclaire une brume où quelques guitares arachnéennes tentent de s'accrocher. Daniel glisse, à la basse, des notes aussi discrètes que délicieuses.
" Alphae's Sons" débute en douceur et s'y délecte, parcouru d'arpèges délicats jusqu'au final, précédé par le souffle d'un chœur dans les derniers instants.

Un staccato déroule le tapis rouge pour des vocaux clairs, montant en harmonie. La cadence impose une lenteur sous des coups lointain à la grosse caisse et ponctué par la basse.
Les grappes à la double-pédale interviennent plus loin avant l'arrivée des parpaings de cordes grattées et de gorge à gros grain.
" Re:union" laisse alors filtrer une voix gutturale qui s'impose progressivement avec fermeté, au milieu des harmoniques.
Une ambiance lourde, pleine d'emphase, se met en place sur ' Re:genesis' dont les phrases d'un riff mélodique simple sont ponctuées par la double-pédale.
Le chant opère d'abord dans la clarté avant d'inviter une voix satanique qui se plait dans les bourrasques à la guitare, amplifiées par la profondeur de la basse.
Ce cri d'outre-tombe se prolonge, dans un élan gothique à la Paradise Lost.

Le disque ne manque pas de mélodies prenantes ni de maitrise technique.
Le parcours, dénivelé, alterne montées épiques et descentes vertigineuses qui maintiennent un suspense haletant.
Voilà une rondelle qui mérite sa place dans le groupe maillot jaune du post/prog métal.

1.Shape and Geometry 05:36
2.The Unification Project 05:23
3.Firewall 04:53
4.Cogito 04:53
5.Ergo Bellum 05:40
6.March to Redemption 05:37
7.Alphae's Sons 03:57
8.Re:union 05:12
9.Re:genesis 04:14

Produced by Apotheus and Jorge Lopes
Recorded, mixed and Mastered by Jorge Lopes at Redboxstudios, Portugal.