Critique de Du charbon dans les veines, de Jean-Philippe Daguerre, vu le 8 juillet 2024 au Théâtre du Chien qui fume
Avec Juliette Behar, Raphaëlle Cambray, Jean-Philippe Daguerre, Théo Dusoulié, Julien Ratel, Aladin Reibel, Jean-Jacques Vanier, mis en scène par Jean-Philippe Daguerre
Il y a une tradition instaurée depuis Adieu Monsieur Haffmann : on ne rate pas le nouveau Daguerre ! Et apparemment, je ne suis pas la seule à avoir instauré cette tradition, puisque lorsque je me rends au spectacle, le 8 juillet, le spectacle est déjà annoncé complet jusqu’à la fin du Festival. J’en ai pourtant peu entendu parler dans les files d’attente. Il faut désormais compter Daguerre comme un incontournable du Festival OFF !
C’est rigolo les modes. Il y a eu les nazis (et ils durent encore, ceux-là, c’est terrible). Il y a eu les révolutions orientales. Est-ce que la prochaine sera les mineurs ? J’ai vu Gueules Noires, sur le même sujet, il y a deux ans, et qui est d’ailleurs de retour au Festival cette année. Il se déroulait entièrement dans une mine. Du charbon dans les veines alterne entre la mine et la surface. C’est l’histoire plutôt tranquille d’une petite ville minière qui voit son petit train-train bouleversé par l’arrivée de Leila, qui rejoint l’orchestre d’accordéonistes. Elle est la seule marocaine du groupe. Mais c’est surtout l’amitié entre deux jeunes garçons, Pierre et Vlad, qu’elle va bouleverser…
C’est lent. C’est ce que je me dis très vite, au tout début du spectacle. C’est lent, et ça n’a pas vraiment l’air de vouloir changer de rythme. C’est un spectacle qui prend son temps. C’est un spectacle qui s’inscrit à contre-courant de toute l’ère Michalik. C’est un spectacle qui ressemble à un vieux film.
Et je ne suis pas habituée, à ce rythme. Je me demande quand ça va vraiment « démarrer ». Quand le rythme va « prendre ». Mais il n’est pas question ici de démarrer ou de prendre. Il est question d’avancer tranquillement à ce rythme. Le plus chouette, c’est encore les airs d’accordéon. En fait, ce spectacle ressemble à ces airs d’accordéon. C’est légèrement désuet. Et au bout d’un moment, quand même, il se passe quelque chose. Un peu comme des yeux s’adaptent à l’obscurité, mon corps s’adapte à cette lenteur. A ce rythme nouveau. On s’y fait. On se met à battre en cadence. On se laisse porter. Pourquoi pas ?
C’est surprenant. Inattendu. Je n’étais peut-être pas le bon public.