#OFF24 – Love Music

Publié le 14 juillet 2024 par Morduedetheatre @_MDT_

Critique de Love Music, de Esteban Perroy, vu le 8 juillet 2024 à La Luna
Avec Bambou Morrison, Esteban Perroy & DJ Billy Bob, mis en scène par Esteban Perroy

Je quitte quelques instants mon ton et mon format habituels pour raconter la petite histoire liée à Love Music. Parce que je vais m’en souvenir longtemps, de cette soirée. Parce que si j’avais su écouter les signes, j’aurais peut-être pu anticiper le fiasco que j’allais vivre et remplacer ce spectacle par un autre, le créneau de 22h30 étant plein de belles promesses. Mais voyez plutôt.

Je ne sais pas si vous savez, mais bon nombre de blogueurs sont accrédités en tant qu’organes de presse à Avignon, ce qui signifie que, pour une grande partie des spectacles, nous pouvons obtenir une invitation – la contrepartie étant d’écrire quelque chose sur le spectacle (ou de le filmer pour les instagrameurs). Love Music m’a tapé dans l’oeil : j’adore les spectacles musicaux, ça peut être très chouette en fin de soirée, il était question d’une « exploration musicale endiablée » de « danses, blind tests » et autres « fulgurances improvisées », avouez que ça donne plutôt envie ! Je contacte donc la compagnie qui me répond qu’en raison des nombreuses demandes sur Love Music, ils n’invitent que les influenceurs avec un certain nombre de followers (mais que, si je souhaite quand même venir, on peut me faire bénéficier d’un tarif OFF).

Je m’étonne un peu. D’abord car je n’ai pas du tout entendu parler du spectacle, ensuite car mon nombre de followers sur certaines plateformes n’est pas si honteux, enfin parce que je ne me suis jamais vue répondre ça (et pourtant, quelque jours avant, un autre comédien m’a proposé aussi un tarif off, mais la manière était bien différente). Déjà, ça sentait un peu le roussi. Mais en brave mordue toute guillerette d’assister à un spectacle musical qui en plus a l’air d’être connu et reconnu par les confrères (HA HA HA !) je refuse de voir les signes. Et je signe.

Le spectacle est annoncé à 22h30. J’arrive à 22h10, un peu embêtée d’arriver « si tard » car je risque de n’être pas bien placée. Je me rends à la caisse, je donne mon nom, je paie. Et là, déjà, tous les voyants s’allument en énorme en rouge devant moi. Le régisseur demande à la chargée de production s’ils sont « plus que dix aujourd’hui ? ». Et, lorsqu’on lui répond « vingt-deux », il s’exclame : « Ha j’ai pas le droit de me tromper alors ! ». Conscience professionnelle, quand tu nous tiens ! Une rigueur apparemment partagée par l’ensemble de l’équipe puisque, alors qu’on attendait toujours dehors à 22h31, on voit le comédien débarquer comme une fleur, pas plus pressé que ça. Mais dans quoi j’ai mis les pieds ?

Eh bien, chère Mordue, tu as mis les pieds dans un beau guêpier ! Tu as mis les pieds dans un spectacle constitué d’une suite de chansons lancées par un DJ probablement via un brave Spotify (ont-ils payé les droits ? rien n’est moins sûr !), à partir desquelles le comédien et la comédienne vont broder quelques anecdotes, parfois pousser la chansonnette (spoiler : sans grande technique) ou encore danser (spoiler : c’est drôle). Les chansons ne sont évidemment pas jouées en entier (comment ça vous l’espériez encore ?) – l’une des seules qui le sera, c’est Creep, de Radiohead, chantée par le comédien himself (et là encore, soit vous trouvez ça drôle, soit vous pleurez, c’est selon l’humeur du moment. Moi j’ai fait les deux en même temps.).

Alors, rassurez-vous : quand j’ai compris que le spectacle ne serait que ça, un exposé de collège sur des chansons d’amour, j’ai pris mon parti d’en rire et d’en retirer tout ce que je pouvais. Le spectacle mise beaucoup sur son capital sympathie, son interactivité, sa bonne ambiance, on nous dit qu’on peut chanter et danser, je me suis sentie libre. J’ai chanté très fort (comprendre : hurlé) tout mon soûl (et je suis allée m’excuser auprès de mes voisins à la fin, mais ils l’ont bien pris) et passé une très bonne soirée, car j’étais en très bonne compagnie (désolée Martin pour le traquenard, promis l’année prochaine tu m’emmènes voir ce que tu veux). Mais seule, je crois que j’aurais finie complètement desséchée.

Mais quelle histoire ! Dire qu’en plus le comédien ose se moquer des spectacles du In. C’est vrai que parfois on s’y ennuie, mais eux, au moins, ils ont travaillé.