Magazine Culture
Il m'a fallu un peu de temps pour retrouver un disque, une nouveauté, qui me tape vraiment dans les oreilles. La période estivale n'est pas forcément propice, c'est souvent une saison de disette culturelle. Il faut alors se replonger dans les mois précédents, partir à la recherche des trucs qu'on aurait raté. Le duo Big Special en fait évidemment partie. Pour situer leur musique, elle se situe, quelque part, à égale distance de Idles et de Sleaford Mods. Pas étonnant qu'ils aient donc fait la première partie des seconds. Le message est bien sûr politique, ça scande, ça éructe, ça braille, mais ça chante aussi parfois vraiment, comme sur le poignant "This Here Ain't Water". La musique bastonne, dans un style post-punk et gros synthés cradingues. Il paraît que sur scène, c'est excellent. Dommage, je viens de les rater alors qu'ils passaient près de chez moi, dans le festival Block Party, premier vrai festival parisien de rock indépendant lancé en 2023, et qui permet de découvrir un tas de formations encore méconnues mais plus que prometteuses. Ce "Postindustrial Hometown Blues", c'est la bande son de cette classe populaire, celle qui n'a pas encore viré à l'extrême droite, et celle qui a continué de se battre, avec ses belles valeurs de partage, d'entraide, de bienveillance, contre le vrai ennemi, l'argent, qui détruit tout, jusqu'aux moindres relations humaines. C'est pas gai, bien sûr. C'est ce chien, sur la pochette, qui est là, la bave aux lèvres, prêt à bondir, à la moindre agression. Décidé plus que jamais à ne pas se laisser faire, à ne pas accepter le moindre compromis. Et tant pis pour vos tibias, il mord. Il fait ce que nous, pauvres humains, n'avons souvent plus le courage de faire. Nous défendre, tout simplement. Voilà donc un disque qu'on ressortira souvent. Pour se sentir plus fort, plus vivant.