#OFF24 – Paris-Istanbul dernier appel

Publié le 12 juillet 2024 par Morduedetheatre @_MDT_

Critique de Paris-Istanbul dernier appel, d’après Sedef Ecer, vu le 7 juillet 2024 à l’Ancien Carmel
Adapté et joué par Clémence Audas, Sedef Ecer, et Elena Michielin-Flamminio, mises en scène par Eric Bouvron

Je ne voulais pas passer à côté de ce nouveau lieu du Festival OFF d’Avignon dont on m’avait tant parlé, le Respelid’, ancien Carmel d’Avignon où les soeurs fabriquaient des hosties, et désormais tiers-lieu d’une beauté à couper le souffler où l’on peut se reposer dans un hamac à l’ombre des cyprès, déjeuner à la guinguette ou encore découvrir un spectacle. J’ai choisi le spectacle. Et pas n’importe lequel, puisque la Chapelle accueille cette année la programmation du Mois Molière – je ne suis pas dépaysée ! Et comme j’ai manqué de temps pour passer à Versailles en juin dernier, me voilà en rattrapage avec le dernier spectacle d’Eric Bouvron.

Encore un spectacle où je n’ai pas envie d’en dire trop parce que la surprise fait partie de son charme. Si je vous le résumais comme j’ai tenté de le résumer à ma +1 avant le spectacle, vous me diriez peut-être que c’est encore une histoire d’exil. Mais non, c’est bien plus qu’un histoire d’exil. C’est l’histoire de Defné Keder, qui, alors qu’elle souhaite rejoindre Istanbul qui l’a vue naître, où se trouve encore une partie de sa famille et de ses amis, et qui connaît un nouveau soulèvement, ne parvient pas à entrer dans l’avion. C’est l’histoire d’un pays qui tente de détruire la mémoire de ses habitants en détruisant le paysage, et l’histoire d’une autrice qui convoque ses souvenirs d’enfance pour essayer de démêler le vrai du faux. Pour essayer de retrouver sa réalité.

Il y a d’abord une petite déception : sur scène, seulement trois chaises. C’est un peu pauvre. C’est bizarre, j’avais pourtant souvenir que les mises en scène d’Eric Bouvron étaient pleines d’images. Et puis je me rappelle assez vite. Il crée des images avec rien. Ou plutôt, avec rien d’autre qu’un excellent texte, une mise en scène dynamique et un trio d’actrice formidable. On était finalement déçu pour mieux être conquis.

Allez, disons-le : c’est chouette de voir trois femmes sur scène – enfin, avant qu’on ne m’accuse de féminisme mal placé : c’est chouette de voir trois excellentes comédiennes, aux jeux si différents, si complémentaires, si généreux. C’est chouette d’entendre cette histoire si originale, qui multiplie les détails pour un résultat ultra riche et ultra authentique. C’est chouette de découvrir cette forme un peu particulière qui donne l’impression de se promener dans l’esprit du personnage. On a parfois l’impression d’être dans une BD, avec la narration et des images qui l’illustrent en arrière-plan. C’est chouette de passer par autant d’émotions, l’étonnement, l’inquiétude, la colère, l’apaisement. C’est chouette de se laisser porter par cette mise en scène si fluide qui nous fait faire le tour du monde et de la pensée. C’est chouette d’avoir l’impression d’avoir grandi un peu depuis notre siège.

C’est chouette d’arriver à faire un spectacle magnifique avec seulement trois chaises et des foulards.   

Paris-Istanbul dernier appel – Ancien Carmel
3 rue de l’Observance, 84000 Avignon
A partir de 12,90€
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