Pas la paix mais le glaive

Publié le 12 juillet 2024 par Eric Acouphene

 (LA TRANSMISSION ET LE MONDE, PARTIE 2- extrait du "Carnet")

« Je ne suis pas venu apporter la paix mais le glaive » « quiconque veut me suivre, qu’il quitte ses parents, etc » … 


Ces phrases ésotériques prennent un sens à la lumière du travail. 

« Quitter ses parents » désigne le fait de s’affranchir autant que possible des conditionnements familiaux, ce qui n’implique pas  nécessairement des les renier dans le cas où ils s’avèrent plutôt positifs, mais de ne plus être à notre insu manipulé par eux.  

Selon la formule de Swami Prajnanpad, devenir « libre de papa et maman » :  voir les personnes que furent nos parents non plus du point de l’enfant mais de l’adulte - ce qui n’exclût en rien l’affection et la gratitude éventuelle envers eux ;  ne plus exister dans l’ « imitation » et la reproduction aveugle des émotions transmises par ceux qui nous ont tant bien que mal éduqués. 

Le « travail » n’apporte pas la paix parce qu’il ne nous aide pas à être de plus en plus « pénards », fût ce sur un nuage de nirvana … 

Il apporte « le glaive » parce qu’il exige que nous tranchions dans le vif de nos illusions, croyances, prétentions, idéalismes, habitudes, mensonges et autres petits arrangements. 

Par « travail », je ne désigne pas l’enseignement d’ordre général,  les considérations consensuelles  sur "la spiritualité" ou  « les bienfaits de la méditation », qui ne menacent personne, voire participent à la maintenance du sommeil. 

Au vrai, le « travail » dérange confusément d’autant plus les personnes qui sont attirées par lui, voire prétendent y participer, mais dans les faits le fuient. 

Alors, oui le « monde » ne voit pas « le travail »  d’un bon œil. 

J’ai été très frappé par une histoire rapportée par Arnaud Desjardins. 

Vers le milieu des années soixante dix, Arnaud, tout en travaillant encore à la télévision française - laquelle est encore très loin de ce qu’elle deviendra - sait déjà qu’il va la quitter pour s’installer en Auvergne et y fonder son premier ashram, le Bost qui ouvrira en 1974. 

Un proche ami membre des hautes instances - cet ami sera plus tard directeur d’une des chaînes publiques - croit bon de l’informer de ce qui s’est dit lors d’une réunion au sommet.  

« Ce Desjardins » , observe un dirigeant, « que l’on présente comme un explorateur, un grand voyageur auteur de documentaires exotiques sur des traditions pittoresques … En fait, j’ai bien regardé ses émissions …Ce Desjardins n’est pas un réalisateur comme les autres. C’est un croyant, une sorte d’apôtre au service de ce qu’il appelle « les chemins de la sagesse ». 

« Le problème » , ajoute ce dirigeant, la mine sombre, « c’est que si c’est lui qui a raison, alors nous nous trompons tous. » 

Et de sous entendre que lui laisser ainsi l’antenne n’était peut être pas une si bonne idée …

Gilles Farcet

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