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#OFF24 – Le véritable Saint Genest

Publié le 11 juillet 2024 par Morduedetheatre @_MDT_
#OFF24 véritable Saint Genest

Critique du Véritable Saint Genest, de Jean de Rotrou, vu le 7 juillet 2024 au Théâtre des Corps Saints
Avec Olivier Bruaux, Héloïse Cunin, Rémi de Monvel, Fanny Heurguier, Bernard Lefebvre, Frédéric Morel, Franck Nalis, Christophe Rouillon, mis en scène par Pierre Deusy

Par Complice de la Mordue

Je suis prof de lettres, comme je l’ai dit à propos des Héroïdes. Logiquement, je ne pouvais rater cette tragédie du XVIIè siècle, si importante et pourtant jamais représentée, on se demande bien pourquoi. J’ai été accueillie au théâtre des Corps saints par un metteur en scène passionné, Pierre Deusy, qui rêvait depuis des années de monter cette pièce découverte au lycée.

Le sujet en est la conversion au christianisme, sous l’Empire romain, de Genest, comédien et martyr. C’est une oeuvre extraordinaire, où le théâtre dans le théâtre atteint un summum, puisque le héros se convertit en jouant, devant la cour impériale, une pièce de théâtre où il représente un chrétien ! Dans le cours même de la représentation, à la grande surprise de ses partenaires et des spectateurs, il professe sa foi en son propre nom, et non en tant que personnage. Pièce sur le théâtre s’il en est : Genest est une star de son temps dont l’art est prisé par l’empereur, on le voit répéter son rôle, on voit, après l’interruption des représentations, ses camarades venir le supplier de feindre d’adorer les dieux afin qu’ils puissent continuer à travailler. L’éloge de cet art pousserait presque le souverain à la clémence, mais trop tard : Genest a accepté et subi le martyre.

L’oeuvre de ce contemporain de Corneille comprend de très beaux dialogues et de magnifiques vers. Pierre Deusy a monté cette pièce « modestement » (c’est à dire sans trop de moyens) mais avec probité et exigence. Il a réuni une bonne troupe, dont un excellent Genest (Rémi de Monvel), opéré les coupes nécessaires, choisi de beaux costumes à l’antique, fait travailler la diction de l’alexandrin et les attitudes, nobles et sans emphase. Tout est clair et intelligible, et cette très grande pièce n’est plus seulement un texte à lire dans une bibliothèque.

Une pièce sur le saint patron des comédiens, cela s’impose, à Avignon !

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