Critique de L’Épreuve, d’après Marivaux, vu le 7 juillet 2024 à la Scala Provence
Avec Sanda Bourenane, Vincent Breton, Nicolas Chupin, Olivier Debbasch, Yasmine Haller, Alexandre Manbon, Séphora Pondi
J’adore Marivaux, l’adore L’Épreuve, j’adore La Dispute, et j’avais très envie de voir ce que les comédiens de l’Académie de la Comédie-Française peuvent nous proposer autour de ce sujet.
Normalement, dans mon format d’article habituel, ce paragraphe sert à résumer le spectacle. Je pourrais vous résumer L’Épreuve ou La Dispute, mais ça ne servirait à rien, car de ces textes, il ne reste pas grand chose. Et je serais bien en peine de vous résumer le spectacle auquel j’ai assisté, compte tenu que je n’y ai rien compris.
Je passais un Avignon bien trop doux. Les quelques déceptions que j’avais vécues jusque-là n’étaient pas liées à la qualité du spectacle, mais plutôt à une erreur de jugement de ma part sur des spectacles qui ne me correspondaient pas. Mais là, on touche à autre chose. Là, la mordue sort les crocs. Là, on touche à tout ce que je déteste. Je ne sais pas par où commencer, et je ne veux pas perdre trop de temps non plus avec cet article puisqu’il m’en reste encore une dizaine à écrire derrière. Mais quand même.
Mais quand même, pourquoi faire subir une telle épreuve à Marivaux (et au public en passant) ? Pourquoi cette réécriture illisible alors que les textes de bases sont des chefs-d’oeuvre ? Pourquoi mélanger La Dispute et L’Épreuve si c’est pour ne rien en faire ? Pourquoi proposer un tel projet aux comédiens de l’Académie de la Comédie-Française qui peut-être auraient pu continuer à apprendre, à grandir, à évoluer en jouant Marivaux ?
C’est un spectacle qui m’est profondément désagréable, car c’est un spectacle qui transpire l’entre-soi. C’est simple : si vous ne connaissez ni L’Épreuve, ni La Dispute, c’est fini pour vous. Vous ne comprendrez rien. Et même si vous connaissez un peu les oeuvres, c’est difficile de s’y retrouver. C’est prétentieux et mal fichu. Ajoutez à tout ça qu’ils jouent derrière une espèce de voile tout le long du spectacle, ce qui ajoute encore à l’incompréhension globale du projet (mais ne vous inquiétez pas : ils sont microtés, sinon ce ne serait pas drôle).
Vous n’êtes pas encore tout à fait convaincus ? Vous pensez que j’en fais trop ? Ça fait pourtant longtemps que je n’avais pas mordu ainsi. Longtemps que je n’avais pas été aussi outrée par ce qui m’est proposé. Il faut dire que je ne m’attendais pas à entendre parler de syndrome pré-menstruel chez Marivaux – moi qui l’ai toujours trouvé très bon analyste de la gent féminine, j’avoue que je n’en attendais pas tant. Et on parle d’hygiène bucco-dentaire. Et ça parle de faire un cuni au premier rendez-vous. Et ça parle de se branler à tout va. Mais qu’est-ce que vous cherchez ? On ne choque plus avec ça. On n’intéresse plus avec ça. Il faut trouver plus fort. Il faut trouver mieux. Vous l’aviez sous les yeux. Il s’appelle Marivaux.
Pas contente.