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Deux décrets parus au Journal Officiel offrent désormais aux
parents d’enfants nés « sans vie » avant vingt deux semaines le droit de les inscrire sur leur livret de famille, celui également de donner une sépulture à ces enfants abstraits de
notre monde avant que nous n’ayons pu aller à leur rencontre.
Au-delà de cet aspect officiel, il y a là matière à un débat philosophique et éthique sans cesse relancé: Quand commence la vie ? A la conception ? A la naissance même ? Au
premier mouvement in utero de ce futur maillon de notre chaîne humaine ?
Une réflexion spirituelle également selon que les parents en puissance de cet enfant à venir croient ou non à la survivance de l’âme, à la réincarnation ou à la mort comme fin absolue. Ces
décrets n’ont pas pour vocation de répondre à ces interrogations. Ils sont cependant fondamentaux parce qu’ils officialisent la présence, même
éphémère, d’un être au sein d’une famille. Un enfant qui pourra être nommé et que ce nom soit pérenne.
Toutes les sociétés se construisent sur des rites. Celui du deuil en est partie intégrante. Il n’allège pas l’immense douleur de la perte d’un enfant, ce n’est pas sa vocation première,
mais il autorise la manifestation de cette douleur au-delà du cercle intime. Le maillon demeure absent, mais une trace intangible, un souffle, celui
des lettres composant son prénom, peut alors prendre son envol…