Il en existe aujourd’hui 9 de par le monde, dont 3 en France (avec une programmation différente) et je ne parlerai ici que du premier dont je donnerai l’histoire du bâtiment et de sa transformation en toute fin d’article afin de ne pas en ralentir la lecture.
L’enchaînement est permanent. Un compteur indique l’horaire au-dessus de la porte. On peut donc, au choix, attendre dans le hall le début de la projection suivante ou entrer et les suivre en boucle dans l’ordre dans lequel elles se présentent. En tout cas, comptez bien une heure trente pour tout découvrir tranquillement.
On commence par déambuler. C’est logique, on voudrait ne manquer aucune image. Certains continuent à marcher, allant au devant des nouvelles projections. D’autres ont pris le parti d’observer depuis un endroit particulier. Il sera impossible de tout voir et cette option est assez satisfaisante une fois que nos yeux se sont adaptés à l’endroit. Il faut un peu de prudence car le sol est parfois un peu irrégulier et la transformation du paysage intègre celle du sol qui parfois tournoie, provoquant la sensation que nos pieds avancent sur une surface instable alors que les murs deviennent des parois coulissantes.
Si on suit l’ordre hiérarchique on enchaînera L’Égypte des pharaons puis Les Orientalistes et enfin Foreign Nature :
1- L’Égypte des pharaons
Cette partie est tout à fait complémentaire de l’exposition que j’avais vue en février dernier à Montparnasse. Chaque panneau reçoit une image différente, dont certaines sont sobrement légendées, de manière à donner des points de repère. Il y a davantage de détails qui s’affichent dans la citerne.
La musique s’enchaîne sans mention particulière et ce n’est qu’à la toute fin que la liste nous est donnée. J’ai apprécié les choix, souvent judicieux comme par exemple l’association de l’air d’opéra de l’acte IV, scène 2 de Aïda pour accompagner les profils d’Akhenaton et de Néfertiti en gros plan. Plus tard Stairway to Heaven de Led Zeppelin renforce une étonnante sensation de tournoyer.
Le spectacle commence par des grains de sable soulevés par le vent laissant apparaître les vestiges de l’Égypte antique tels qu’ils sont apparus aux scientifiques français lors de la Campagne d’Égypte de 1798 à 1801, et que le peintre David Roberts dessina. Les forces sacrées des dieux s’affrontent et se révèlent sur les murs jusqu’à l’apparition des premiers hommes sur terre.
Les sculptures monumentales des souveraines et souverains dont les noms résonnent dans l’histoire surplombent ensuite l’espace : Khéphren, Hatshepsout, Thoutmosis III, Akhénaton et Néfertiti… Les bras du Nil irriguent ensuite l’espace d’or en fusion, chair des dieux, qui coule le long des murs, forgeant les incroyables bijoux des rois et reines égyptiens.
2- Les Orientalistes
J’ai suivi cette exposition (mis le terme de spectacle conviendrait mieux) depuis la passerelle. Elle débute avec le déploiement d’un tapis sur le sol tandis que les murs se transforment en kaléidoscope géant et que je me croirais être un derviche tourneur si je n’étais pas confortablement assise dans une chaise-fauteuil.
Ce sont les carnets de voyage de Delacroix qui ouvrent le récit, nous plongeant au cœur d’un itinéraire foisonnant de jeux d’ombres et de lumière, de parfums d’épices, rythmé par les sonorités des instruments orientaux et d’instants inédits croqués sur le vif. C’est ensuite d’autres grands noms, Constant, Frère, Vernet, Gérôme, Guillaumet, Belly, Richter, Dinet entre autres, qui planteront les décors d’un ailleurs inspirant qu’ils souhaiteront merveilleux et luxueux. Ils inviteront à serpenter dans les ruelles des cités orientales et des souks, à s’immiscer dans les intérieurs à l’abri du soleil, à entrer dans la danse de l’âme orientale, et à se promener dans les patios des palais somptueux.
3- Foreign Nature
L’Atelier des Lumières 38 rue Saint-Maur 75011 ParisProduction : Culturespaces Studio ® / Direction artistique : Virginie Martin / Conception et réalisation : Cutback / Supervision musicale et mixage : Start Rec pour L’Égypte des pharaons et Les Orientalistes.Production : Culturespaces Studio ® | Conception et animation : Julius Horsthuis | Musique : Ben Lukas Boysen pour Foreign Nature** *L’Atelier des Lumières est un centre d’art numérique qui a été créé dans une ancienne fonderie datant de 1835 par Culturespaces en 2018 pour y présenter des expositions digitales, immersives et contemporaines.
Il s’agissait de La fonderie du Chemin-Vert qui fut créée en 1835 par les frères Plichon, Jacques François Alexandre (46 ans) et Hilaire Pierre, issus d’une famille de laboureurs, devenus fondeurs pour répondre aux besoins de la marine et du chemin de fer pour des pièces en fonte de grande qualité. L’usine occupe alors un terrain de 3 126 m2 et emploie 60 personnes. Elle produisait des moulages de toutes pièces en fonte de fer sur plans et sur modèles jusqu’à 10 000 kg. Les pièces fabriquées étaient ensuite utilisées pour la marine de guerre, les locomotives, les moteurs à explosion et à diesel.
Le 21 février 1859, Jacques François Alexandre transmet la fonderie à ses deux fils Jean et Edouard. Ils s’associent sous la raison sociale Plichon Frères. Quatre générations de Plichon se succèdent ensuite et pendant une centaine d’années, l’affaire est prospère et pendant 65 ans, la fonderie abritera une entreprise spécialisée dans la fabrication et la vente de machines-outils (Martin). La grande halle sert alors d’espace d’exposition pour ces dernières.
En 1929, la crise internationale précipite la fin de l’affaire, déjà très concurrencée par la soudure, la forge et les premières matières plastiques. En 2000, l’entreprise déménage.
En 2013 Bruno Monnier, Président de Culturespaces, découvre l’ancienne fonderie inoccupée et a l’idée de créer à Paris un centre d’art numérique. La famille Martin, séduite par ce projet, accepte de lui louer la grande halle et ses annexes. D
’importants travaux (toiture, isolation…) sont nécessaires avant que l’Atelier des Lumières ouvre ses portes au public le 13 avril 2018.L’espace fait plus de 10 mètres de haut, couvre 3 300 m², où sont installés 140 vidéoprojecteurs et une sonorisation spatialisée. Il accueille 1 400 000 visiteurs par an.La Halle occupe un espace de 1 500 m². Au centre se dresse la Citerne qui offre un point de vue différent sur les œuvres. Elles y sont présentées dans leur intégralité en présence de commentaires et de l’indication du musée dans lequel elles se trouvent.Avec son espace insonorisé de 160 m², le Studio est dédié à la création contemporaine. Enfin il existe un
espace pédagogique qui permet d'en apprendre davantage sur les artistes mis à l'honneur à l'Atelier