Critique d’Une bonne bière, de Xavier Martel, vu le 5 juillet 2024 au Cabestan
Avec Marie Le Cam, Jérémy Malaveau, Gilles Dyrek, et Xavier Martel, mis en scène par dossier Gilles Dyrek
« Ce n’est pas mon genre de pièce ». C’est ce que m’a dit mon voisin avec qui je discutais avant le début du spectacle. C’est drôle, parce que moi non plus, ce n’est pas mon genre de pièce. Ce n’est pas mon genre de pièce, mais je l’avais repérée dans la programmation des Funambules Montmartre, en qui j’ai confiance. Ce n’est pas mon genre de pièce, mais je reconnais deux noms dans la distribution que j’ai aimés dans Porn for the Blind et Je m’appelle Georges, ce qui me rassure un peu. Ce n’est pas mon genre de pièce, mais, comme mon voisin, j’ai suffisamment d’excuses pour m’asseoir dans cette salle aujourd’hui.
Une bonne bière, c’est l’histoire d’une fratrie qui ne s’était pas vue depuis 7 ans et qui se retrouve pour préparer l’enterrement de leur père. Ils sont quatre, trois garçons et une fille, et, quand ils arrivent, tout le monde est déjà archi remonté – il faut dire que tous ont un contexte personnel bien particulier. Ils vont devoir choisir le cercueil, organiser la cérémonie, préparer le verre du souvenir, parler de l’héritage… ça promet !
A tous les snobs comme moi, qui craignent la comédie lourde qui tache, parce que ce titre, parce que cette affiche, parce que Avignon OFF, mettons-nous d’accord tout de suite : ce n’est pas le cas. C’est une très chouette comédie au thème plutôt original – qui nous permet de nous rendre compte que la mort est un terrain fertile en bons mots. La fratrie est évidemment un merveilleux prétexte pour tirer à balles réelles des punchlines bien aiguisées, et mettre à l’honneur un humour tantôt noir, tantôt gris, tantôt blanc. Ça vanne de partout, et, qu’on les voit venir ou non, elles sont lancées dans un rythme tel qu’elles atteignent toujours leur cibles sont toujours ponctuées de rires.
Et puisqu’on est dans une famille, on attend évidemment que les secrets de chacun se dévoilent : ils le sont, au fil de la pièce, pour pimenter un peu le tout, mais je dois dire que j’ai vraiment apprécié le fait qu’ils ne soient pas particulièrement soulignés, qu’ils ne « misent pas dessus » pour relancer le rythme ou dynamiser l’histoire. Ils existent et on en est ravis, mais c’est du bonus. Parce qu’on riait déjà beaucoup.
Je n’aime pas la bière. Mais une comme ça, j’en reprendrais bien une !