Critique de L’improbable histoire des « Passantes » ou Le poème de la page 17, de Gérald Duchemin et Hervé Masquelier, vu le 5 juillet 2024 à 19h05 à l’Oriflamme
Avec Hervé Masquelier, accompagné par Igor Bolender et mis en scène par Faizal Zeghoudi
Par Complice de La Mordue
Deux choses m’ont guidée vers ce spectacle. Tout d’abord l’envie de découvrir le théâtre de l’Oriflamme, créé en 2022 par Patrick Zard’ et Julien Cafaro ; j’ai toujours beaucoup d’admiration pour ce genre de folie : fonder et diriger un théâtre. Ensuite, la très belle chanson de Brassens qui fait le sujet de ce spectacle : Les Passantes, sur un texte d’Antoine Pol.
Le terme de spectacle est presque excessif pour ce moment, qui s’apparente plus à un récit fait à la veillée par un vieil ami qui évoquerait ses souvenirs.. C’est dire qu’il s’agit d’un objet modeste et, pour cela, touchant. L’auteur, Gérald Duchemin, évoque son grand-père, un poilu qui, par le hasard des tranchées, a connu Antoine Pol. Celui-ci lui a offert un des 110 exemplaires édités à compte d’auteur de son recueil « Émotions poétiques », publié en 1914. Le livre est là, sur scène, en majesté sur un lutrin.
Sur ce mince point de départ se greffent des souvenirs d’enfance et des réflexions sans prétention sur le hasard et les occasions manquées, ou saisies. En effet, c’est par une suite de hasards bien improbables que le recueil s’est trouvé entre les mains de Brassens, et le texte nous apprend aussi que Brassens et Pol étaient tous deux aux funérailles de Paul Fort, et ont manqué cette unique occasion de se connaître.
Ce sont de menues révélations enveloppées dans un texte parfois un peu confus, porté avec sincérité par Hervé Masquelier, qui a une belle voix grave et de la présence, accompagné par la création musicale d’Igor Bolender. On regrette qu’il n’y ait aucun moment chanté et que Les Passantes ne soient convoquées qu’à la mémoire des spectateurs. Mais peut-être est-ce logique, s’agissant d’un texte qui fait remonter des souvenirs évanescents.
Moment modeste, mais qui dégage un certain charme, pour qui aime cette belle chanson.