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#OFF24 – Ma république et moi

Publié le 06 juillet 2024 par Morduedetheatre @_MDT_
#OFF24 république

Critique de Ma république et moi, de Issam Rachyq-Ahrad, vu le 4 juillet 2024 au Théâtre des Halles
Avec et mis en scène par Issam Rachyq-Ahrad

Je viens d’écrire mon article sur Entrée des artistes, de Ahmed Madani. On me demande souvent comment je choisis mes spectacles. Alors non, Ma république et moi, je ne l’ai pas choisi parce qu’il a eu un très bon article dans Telerama (mais pour être tout à fait honnête, j’aurais pu). Je l’ai choisir parce que Issam Rachyq-Ahrad, on l’a découvert chez Madani (ok, ok, ma +1 l’a découvert chez Madani, moi je ne l’ai découvert que bien plus tard en captation, puis sur scène, dans un Nasser Djemaï). Et comme on adore ce genre de fil d’Ariane, et que le sujet est passionnant, on voit pas pourquoi on se priverait. Surtout en ce moment.

Issam Rachyq-Ahrad ne savait pas qu’il tomberait en plein milieu du chaos politique qu’on vit actuellement. C’est peut-être aussi pour ça, d’ailleurs, que son spectacle est complet. Dans ce spectacle, il nous invite dans le salon de sa mère, là où il a grandi. Sa mère, à qui il donnera la parole à de nombreuses reprises dans le spectacle. Sa mère marocaine, venue habiter en France, fière de travailler pour la fonction publique dans un hôpital. Sa mère victime de racisme ordinaire comme moins ordinaire, et qui jamais ne se révolte. Sa mère qui me donne les larmes aux yeux, une boule dans la gorge, et qui fait grandir en moi une colère sourde qui cogne contre ma poitrine.

La première chose qui marque chez Issam Rarchyq-Ahrad, c’est sa sympathie. Ce sourire sur ses lèvres, cette envie de partager, d’aller vers l’autre, ce bonheur qu’on peut lire sur son visage, c’est communicatif. D’ailleurs, une spectatrice se prend un peu trop au jeu. Elle entame un dialogue avec le comédien, comme si on était dans un spectacle de stand up. Je reconnais que c’est tentant. La petite salle du théâtre des Halles permet ça. Il nous regarde tous dans les yeux, et déjà quelque chose passe. Comme une discussion des regards. On n’est pas invité à dialoguer, contrairement à ce que ma voisine pense, mais ça ne donne pas l’impression d’un monologue pour autant. C’est un échange silencieux. Il donne, on prend, et on essaie de rendre quelque chose, nous aussi.

Le seul reproche que je peux faire à ce spectacle, c’est qu’il est trop court. On voudrait qu’il dure des heures. On voudrait l’écouter encore. On voudrait qu’il continue de nous parler. On voudrait qu’il continue de partager. On voudrait en savoir plus sur son enfance, sur son évolution, sur l’homme qu’il est aujourd’hui. On voudrait en connaître davantage sur son combat, sur son rapport à la France, au Maroc, à la montée du RN. On voudrait qu’il évoque encore son rapport au théâtre. On voudrait qu’il porte une parole plus politique, qu’il s’engage plus avant, qu’il nous prenne à parti. On voudrait que ça ne s’arrête pas. On voudrait que la salle ne soit pas composée que de cet entre-soi avignonnais qui nous met face à nos erreurs et à nos contradictions. On voudrait que tout le monde le voie.

Je crois que j’ai bien fait de le voir avant dimanche 7 juillet.

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