#OFF24 – Bérénice des quartiers

Publié le 05 juillet 2024 par Morduedetheatre @_MDT_

Critique de Bérénice des Quartiers, de Thomas Griere d’après Jean Racine, vu le 2 juillet 2024 au Théâtre de la Luna
Avec Léon Dutour, Nina Garin, Thomas Griere, Thibault Rigoulet, et Naomi Vejdovsky, mis en scène par Thomas Griere

Je me rends compte en fait qu’Avignon me permet d’assouvir mon envie de découverte que je renie souvent à Paris faute de temps. Le format avignonnais est beaucoup plus propice au saut dans le vide : évidemment, il y a les spectacles dont tout le monde parle, mais ils se comptent sur les doigts d’une main et les 1600 autres spectacles restent de grandes pépites potentielles. Et celui-ci a eu le titre suffisamment accrocheur pour arrêter mon attention. C’est un spectacle que j’aurais pu m’attendre à trouver à La Fabrik Théâtre. C’est un spectacle qui m’évoque Jean Rochefort et Les Boloss des belles lettres. C’est un spectacle qui aurait pu soulever plein d’appréhension, mais qui a surtout attisé ma curiosité.

Bérénice des quartiers a conservé la trame de Bérénice, amoureuse de Titus qui l’aime en retour mais qui, dans l’oeuvre de Racine, ne peut la prendre pour femme car elle est reine de Palestine et qu’il est empereur de Rome – et que la loi romaine l’empêche de prendre pour femme une non-romaine. On se retrouve ici dans deux cités adverses, qui, presque à la manière d’un Roméo et Juliette, s’opposent. Titus, à la tête d’un trafic, ne peut épouser Bérénice car elle vient de la cité ennemie.

Il y a d’abord une très belle surprise. Le spectacle s’ouvre sur une exposition rappée. Pour moi qui suis une grande adepte de rap, je dois dire que je suis assez impressionnée. La technique est bonne et l’écriture fonctionne bien. Certains spectateurs se mettent d’ailleurs à hocher la tête en rythme. Et puis l’introduction se finit et la musique s’arrête. Et je comprends que le spectacle sera en réalité une alternance de passages rappés et parlés. Mais le mélange sonne étrangement. On quitte le rythme du rap mais on ne retombe pas sur des alexandrins. Et pour donner un air un peu plus « quartiers », certains phrases sont ponctuées de « archi pas » et autre effets de style de cités, qui sonnent un peu faux au milieu des tentatives de versifications.

C’est dommage car le début était prometteur. Il faut aller au bout. Les passages rappés n’avaient pas à pâlir face aux vers de Racine qui s’invitent à la fête un peu plus tard. Leur prose, par contre, semble un peu plus terne. Je ne sais pas si un Bérénice entièrement rappé est possible, mais peut-être alors faut-il essayer de retravailler les passages parlés ?

L’idée était bonne, reste à trouver le format optimal !