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#OFF24 – La ligne solaire

Publié le 03 juillet 2024 par Morduedetheatre @_MDT_
#OFF24 ligne solaire

Critique de La Ligne solaire, d’Ivan Viripaev, traduit par Tania Moguilevskaia et Gilles Morel, vu le 2 juillet 2024 au 11 Avignon
Avec Aurélia Arto et Bruno Blairet mis en scène par Clément Poirée

Pas évident de piocher dans la programmation du 11. Tout a l’air passionnant. Alors on choisit nos thèmes favoris. Nos sujets de prédilection. En l’occurrence, pour La ligne solaire, le couple. Et l’occasion peut-être de me réconcilier avec Viripaev.

Il est cinq heures du matin et un couple se dispute dans une cuisine. La fin est proche. Le point de rupture. Ils se disputent et rien ne semble pouvoir les rapprocher. Les réconcilier. Les adoucir. Plus ils se cherchent, plus ils s’énervent – et plus ils s’énervent plus ils semblent trouver la force de s’énerver encore. Ils vont tenter, à travers cet échange, de franchir cette ligne solaire, qui les a toujours séparés. Et qui les séparera toujours ?

Spoiler alert : je ne me suis pas réconciliée avec Viripaev. Deuxième tentative, deuxième échec. Enfin, je ne devrais pas être si négative. Je n’aime pas cette langue, je pense qu’on peut se mettre d’accord là-dessus. Mais ce serait mentir de dire qu’elle ne me touche pas. Peut-être même que ce jour-là, elle m’a un peu trop touchée. Je crois que je n’étais pas dans le bon état d’esprit. Je me rends compte que j’ai programmé un Avignon léger, pour essayer d’apaiser l’ambiance lourde du dehors. Et tout d’un coup, rentrer dans le dur du sujet, je crois que je n’en étais pas vraiment capable.

C’est étrange de voir ça après Ring. Le couple, par un autre prisme. Le langage de l’intimité qui s’effrite. Le ton qui monte, rapidement. Ça se chie à la gueule. Il n’y a pas d’autre mot. Il faut entrer dans cette langue. C’est violent. Violent dans les gestes, violent dans les mots. Tellement violent en vérité dans les échanges que les insultes qui concluent la plupart des échanges se fondent complètement dans le reste. Comme une ponctuation qui finit par devenir invisible.

Je me rends compte que je refuse de recevoir quoi que ce soit. Tout mon corps fait bloc. Fait barrière contre ce qui se joue devant moi. C’est trop dur. C’est un amour douloureux. C’est une absence d’espoir et de tendresse. C’est l’apogée de l’opposition de phase. C’est brutal. C’est dérangeant et ça pique. C’est toujours un peu dérangeant, l’opposition de phase. C’est malaisant. Comme la musique qui les accompagne. C’est vain. C’est un échange vain. Et c’est sans doute en ça qu’il est si difficile. C’est un échange qui semble gagner du temps. Pour éviter le silence. Pour éviter la conclusion. Pour éviter la fin. C’est glauque.

Et ce qui est étonnant, c’est qu’on rit. On rit souvent d’une de leur punchlines, lancée avec force, mais pas que. On rit pour évacuer la tension qui prend toute la place sur scène. On rit pour sortir de cette violence et pour éviter qu’elle nous atteigne. On rit parce qu’on voudrait que ça reste en eux et que ça ne soit jamais en nous. On rit pour s’échapper. Mais je crois que c’est trop tard. J’ai un peu d’eux en moi.

Sonnée.

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La ligne solaire – Le 11 • Avignon
11 boulevard Raspail, 84000 Avignon
A partir de 10,90€
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