Critique de Ring, de Léonore Confino, vu le 2 juillet 2024 au Théâtre Actuel
Avec Amaury de Crayencour et Jina Djemba, mis en scène par Côme de Bellescize
Je crois que la perspective de retrouver Jina Djemba, que je n’ai pas vue depuis 12 ans sur un plateau, m’aurait convaincue d’aller voir n’importe quel spectacle. Mais Ring n’est pas n’importe quel spectacle. J’ai vu ce spectacle il y a plus de dix ans, avec Audrey Dana et Sami Bouajila. J’en garde un souvenir mitigé. Ma vision du couple a dû évoluer depuis (enfin, j’espère !), ma vision du théâtre aussi. J’aime bien l’idée de confronter ces deux moi. Let’s battle !
Ring s’ouvre sur une conversation avec Adam et Eve. Tous deux donnent le ton au spectacle. On est dans le quotidien du couple, parfois dans leur intimité, rarement dans la caricature. Pas question ici de le porter aux nues ou de le caricaturer, le dessin semble tout à fait réaliste. Et on a beau l’avoir déjà observé sous toutes les coutures, le couple, on a toujours l’impression que le tissu peut encore livrer quelques secrets.
Comment ai-je pu passer à côté de ce spectacle il y a dix ans ? Aujourd’hui, je n’en ai pas perdu une miette. Pas une scène qui ne me laisse de côté. Et chaque nouvelle situation est une formidable surprise. Ce mélange des genre, ces changements de rythme, ce regard pertinent, incisif, réaliste, parfois dur, parfois tendre, toujours très humain et souvent plein d’espoir m’a complètement saisie. Ces trouvailles du quotidien ont toutes quelque chose d’universel. Ça tire dans toutes les scènes, parfois des balles en mousse, parfois des balles en bulles, parfois des balles en plomb. Et on les reçoit aussi, comme si elles nous étaient destinées.
Il faut dire aussi qu’ils sont fascinants. Il se passe quelque chose entre ces deux-là. Sur le plateau, c’est magnétique. Ils ne sont que deux sur scène et pourtant l’air est dense, comme si le plateau était chargé de toutes les émotions qui les agite et avec lesquelles ils jouent. Je nous imagine bien devant le plateau comme devant un match de tennis, avec la tête qui va de l’un à l’autre au fil des punchlines. C’est l’impression que j’ai eue. Sans vraiment avoir envie de compter les points. Juste d’admirer un bel échange de balles.
Et puis il y a tout ce qu’on ne dit pas. Tout ce qu’on oublie de regarder et qui participe à faire de ce spectacle un moment aussi parfait. Il y a cette création sonore d’une simplicité troublante. Il y a cette scénographie qui crée de si beaux tableaux. Il y a ce travail sur les corps qui a quelque chose d’envoûtant. Et puis disons-le carrément : même les transitions entre les scènes ont quelque chose de captivant. On a littéralement l’impression de sortir d’un univers pour entrer dans une autre. Ce n’est pas « juste » simple. C’est de l’ordre de la seconde, mais cette seconde est une seconde de perfection absolue. Après tout, le diable se cache dans les détails.
Un grand et beau match. Un grand et beau jeu.