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Dernier rebondissement dans l'affaire du Boléro

Publié le 02 juillet 2024 par Podcastjournal @Podcast_Journal
La création du Bolero a lieu le 22 novembre 1928 à l’Opéra de Paris. Le Britannique Walther Straram est à la tête de son orchestre Straram. Bronislava Nijinska, soeur de Vaslav Nijinski, a réglé la chorégraphie de ce "ballet de caractère espagnol". L’ex-danseuse des Ballets russes et mécène Ida Rubinstein, commanditaire et dédicataire de l’oeuvre en est l’interprète. Alexandre Nikolaïevitch Benois a conçu les costumes et les décors. Le tout-Paris est présent mais Maurice Ravel alors en tournée en Espagne, est absent. Le succès fut immédiat et mondial. L’oeuvre est donnée en seconde partie, durant la première il y avait eu des chorégraphies sur des musiques d'Arthur Honegger et Darius Milhaud.

Dans la plupart des pays, les oeuvres de Maurice Ravel sont tombées à des dates diverses dans le domaine public. En France depuis 1985, l’oeuvre est libre de droits, 70 ans après le décès de son auteur. Jusqu’à cette date, les ayants droit de l’auteur défunt perçoivent les droits sur l’oeuvre. Le Boléro aurait donc dû tomber dans le domaine public en 2008 ou plus exactement en 2016, ceci grâce à une prolongation de 8 ans pour tenir compte de la Seconde Guerre mondiale. Il n’en a rien été. La situation s’est même aggravée lorsqu’en 2018 les ayants droit d’Alexandre Benois mort à Paris le 9 février 1960 se sont manifestés, arguant que le Boléro était une œuvre à laquelle leur parent avait pris part en tant que co-auteur, en réalisant les décors du ballet. Ainsi, le Boléro devrait rester dans le domaine privé jusqu’en 2039. Il n’en sera rien puisque le tribunal judiciaire de Nanterre en a décidé autrement ces deniers jours.

Le Boléro étant une des oeuvres les plus jouées dans le monde, s’il n’est pas dans le domaine public les droits générés sont fabuleux et naturellement excitent la convoitise de tous ceux qui peuvent se dire ayants droit. Depuis 1960, on évalue à une cinquantaine de millions les sommes versées aux ayants droits de Maurice Ravel et aux éditeurs de l’oeuvre.  

L’histoire de ces ayants droit est rocambolesque et aucun romancier n’aurait certainement jamais osé inventer de tels rebondissements. On pourrait la résumer et rappeler que l’actuelle bénéficiaire est la fille d’un premier mariage de la seconde épouse de celui qui fut le chauffeur du frère du compositeur…
. Le 28 décembre 1937, Maurice Ravel meurt sans descenance, son frère cadet Edouard hérite des droits d’auteur du compositeur. En 1954, sa femme et lui sont victimes d’un accident de la route et en sortent diminués. Le couple Taverne entre alors à leur service, Alexandre comme chauffeur et Jeanne en tant qu'infirmière et masseuse. Deux ans plus tard, Edouard est veuf et les Taverne s’installent chez lui, dans sa villa de Saint-Jean-de-Luz. Deux ans passent encore et Edouard désigne Jeanne comme sa légataire universelle à la grande surprise de son entourage. En effet, quelque temps auparavant, pour célébrer le XXe anniversaire de la mort de son frère, Edouard avait signé une promesse de don à la ville de Paris pour la création un prix de musique. Puis on apprend qu'Edouard va épouser Jeanne, laquelle vient de divorcer d’avec Alexandre. Mais le mariage ne se fera pas car Edouard meurt en avril 1960. Les Taverne se remarient. Mais surgit alors un imprévu, voilà que Marc et Marcelle Perrin, petits-cousins du côté Ravel, résidant à Genève, intentent aux Taverne un procès en captation d'héritage. La procédure dure dix ans pendant lesquels la Sacem, Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique, bloque les sommes revenant aux ayants droit. Alexandre, car entretemps Jeanne est décédée, gagne tous les procès qui lui sont intentés. En 1970, il récupère 36 millions de francs soit 48,6 millions d'euros actuels. Alexandre convole avec Georgette, une coiffeuse, et il meurt en 1973. Georgette est donc la nouvelle héritière des droits et devrait le rester jusqu'en 2016. Elle meurt en 2012. Evelyne Pen de Castel, sa fille née d’un premier mariage, hérite et touche donc les droits du Boléro, soit.90 % d'environ 1,5 million d'euros annuels versés par la Sacem. Elle vit en Suisse dans la plus grande discrétion.
Mais apparaît Dimitri Vicheney, petit-fils d’Alexandre Benois qui fit les décors du Boléro. Depuis 2005, il tente de faire comprendre que le Boléro n'a pas pour seul auteur Ravel, mais aussi son grand-père, Et de montrer une aquarelle peinte par Benois en 1928 qui prouverait cette collaboration. Et comme Alexandre Benois est mort en 1960 les droits pourraient courir jusqu’en 2039.
Le 28 juin dernier le tribunal judiciaire de Nanterre a mis fin à cette saga en déboutant tous ces héritiers. Il les a condamnés à verser 100.000 € à la Sacem. Quant à Evelyne Pen de Castel, elle est par ailleurs condamnée à verser un euro à la Sacem «en réparation de son préjudice résultant de l'abus de droit moral d'auteur». Rédaction internationale En savoir plus sur cet auteur La Journée internationale des personnes handicapées a eu lieu hier. Cette journée est destinée à sensibiliser le public aux problèmes que rencontrent les personnes en situation de handicap et à promouvoir leur inclusion dans tous les domaines de la... https://www.millennium-education.com/?fbclid=IwAR0bxEMEgE0YkMnpubGdGRvM4hTXIWQNjbDw1f5JmtVoSUjBLyKnNkSRenc LES BRÈVES #

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