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On n’a jamais essayé, donc pourquoi pas ?” : L’absurde logique du saut dans l’inconnu

Publié le 02 juillet 2024 par Angrymum @VeryAngryMum

Comment réagir face à la justification la plus basique jamais entendue mais qui occupe tous les médias aujourd'hui : On n'a jamais essayé, donc pourquoi pas ? Je ne pense pas forcément avoir une réponse mais on peut tenter d'aller la chercher chez les philosophes. C'est bien leur job !

On n'a jamais essayé, donc pourquoi pas ? : qu'en pensent les philosophes ?

Dans son œuvre majeure "L'Être et le Néant", Jean-Paul Sartre nous parle de la liberté vertigineuse de l'homme face à ses choix. Mais que se passe-t-il lorsque cette liberté se heurte à la logique du " On n'a jamais essayé, donc pourquoi pas " ? Cette phrase, apparemment anodine, cache en réalité un gouffre philosophique aussi profond que troublant.

Imaginons un instant Sisyphe, ce héros absurde d' Albert Camus, qui pousse inlassablement son rocher. Un beau jour, il se dit : "Tiens, et si je le lâchais au sommet de la colline ? Après tout, on n'a jamais essayé, donc pourquoi pas ?" Bien sûr, nous savons tous ce qui arriverait : le rocher dévalerait la pente, écrasant tout sur son passage. Mais cette logique du "pourquoi pas" semble parfois l'emporter sur le bon sens le plus élémentaire.

Prenons l'exemple de l'extrême droite. Ses partisans utilisent souvent cet argument : " On n'a jamais essayé leurs idées, donc pourquoi pas ? " C'est un peu comme si on disait : "On n'a jamais essayé de sauter du 10ᵉ étage sans parachute, donc pourquoi pas ?" Certes, techniquement, c'est vrai. Mais faut-il vraiment tenter l'expérience pour en connaître l'issue ?

Friedrich Nietzsche parlait de l'"éternel retour", cette idée que nous sommes condamnés à revivre éternellement les mêmes événements. Mais que se passerait-il si, à chaque cycle, nous décidions de faire quelque chose de complètement absurde sous prétexte qu'on ne l'a jamais fait ?

"Tiens, et si je me baignais dans de l'acide sulfurique ? Après tout, je ne l'ai jamais fait dans mes vies précédentes, donc pourquoi pas ?"

Cette logique du "pourquoi pas" rappelle étrangement le concept de "pensée magique" décrit par James Frazer dans " Le Rameau d'Or". C'est cette croyance que nos désirs ou nos actions peuvent influencer le cours des événements de manière surnaturelle. "Si je vote pour l'extrême droite, tous mes problèmes vont disparaître comme par magie !" C'est oublier un peu vite que la réalité a tendance à résister à nos fantasmes.
Mais poussons le raisonnement plus loin. Pourquoi ne pas essayer de respirer sous l'eau sans équipement ? Après tout, on n'a jamais essayé (enfin, si, mais pas nous personnellement), donc pourquoi pas ? Ou alors, pourquoi ne pas tenter de traverser une autoroute les yeux bandés ? C'est vrai, ça pourrait être une expérience intéressante. On n'a jamais essayé, donc pourquoi pas ?

Dans son roman " Le Meilleur des mondes", Aldous Huxley décrit une société qui a poussé cette logique à l'extrême. Ils ont essayé de créer une utopie basée sur le contrôle total de la population. Le résultat ? Un cauchemar dystopique. Mais hey, ils n'avaient jamais essayé avant, alors pourquoi pas ?

On pourrait aussi évoquer l'expérience de pensée du "cerveau dans une cuve" proposée par Hilary Putnam. Et si nous n'étions que des cerveaux flottant dans une solution nutritive, connectés à un ordinateur qui simule toute notre réalité ? Après tout, on n'a jamais essayé de vérifier, donc pourquoi pas y croire ?
Cette logique du "pourquoi pas" nous ramène à la caverne de Platon. Sommes-nous condamnés à prendre les ombres sur le mur pour la réalité ? Faut-il vraiment essayer de se brûler pour comprendre que le feu est dangereux ? Doit-on goûter du liquide de refroidissement à l'apéro pour savoir que ce n'est pas une bonne idée ?

Le philosophe Karl Popper nous rappellerait probablement que la science progresse par réfutation, pas par confirmation. Nous n'avons pas besoin d'essayer toutes les idées absurdes pour savoir qu'elles sont... eh bien, absurdes.
Alors, la prochaine fois que quelqu'un vous dira "On n'a jamais essayé, donc pourquoi pas ?", demandez-lui s'il serait prêt à sauter en parachute sans parachute. Après tout, il ne l'a probablement jamais fait, donc pourquoi pas ?

S'il fallait conclure cette liste de démonstration de l'absurdité du monde actuel, comme l'aurait peut-être dit Voltaire s'il avait vécu à notre époque :

"Le bon sens est comme un parachute. Si vous n'en avez pas quand vous en avez besoin, vous n'aurez plus jamais besoin de rien."

Alors, avant de sauter dans l'inconnu sous prétexte qu'on n'a jamais essayé, prenons peut-être le temps de réfléchir aux conséquences. Parce que certaines expériences, comme voter pour l'extrême droite ou boire de l'eau de Javel, pourraient bien être les dernières qu'on fera.

Comment fait-on un choix ?

Comment faire un choix, alors ? Entre la prudence excessive et le saut dans l'inconnu, il existe une voie médiane, celle de la raison éclairée.

  1. Premièrement, informons-nous. Comme le disait Francis Bacon, "la connaissance, c'est le pouvoir". Avant de décider, recherchons des informations fiables, étudions les précédents historiques, consultons des experts. L'ignorance n'est jamais une excuse pour faire un mauvais choix.
  2. Deuxièmement, évaluons les conséquences. Imaginons les différents scénarios possibles, comme dans un jeu d'échecs. Quels seront les impacts à court, moyen et long terme ? Sur nous-mêmes, sur les autres, sur la société ? Comme le suggérait Emmanuel Kant, agissons selon une maxime qui puisse devenir une loi universelle.
  3. Troisièmement, écoutons notre intuition, mais sans en être esclave. Notre subconscient traite souvent des informations que notre esprit conscient n'a pas encore assimilées. Comme le disait Blaise Pascal, "le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point". Mais vérifions toujours que cette intuition ne soit pas biaisée par nos peurs ou nos désirs irrationnels.
  4. Quatrièmement, osons remettre en question nos croyances. Comme le préconisait René Descartes, appliquons le doute méthodique. Nos convictions sont-elles fondées sur des faits ou sur des préjugés ? Sommes-nous prêts à changer d'avis si de nouvelles informations émergent ?
  5. Enfin, assumons la responsabilité de nos choix. Comme l'affirmait Jean-Paul Sartre, "l'homme est condamné à être libre". Nous sommes les auteurs de nos décisions et de leurs conséquences.

En fin de compte, faire un choix éclairé, c'est trouver l'équilibre entre la raison et l'audace, entre la prudence et l'innovation. C'est avoir le courage d'essayer de nouvelles choses, mais pas au point de mettre en danger nos valeurs fondamentales ou notre bien-être collectif. C'est comprendre que "on n'a jamais essayé" n'est pas une raison suffisante pour faire quelque chose, mais que "on a toujours fait comme ça" n'est pas non plus une raison pour ne pas changer.
Alors, la prochaine fois que nous serons face à un choix important, prenons le temps de réfléchir, d'analyser, de douter, et finalement de décider en pleine conscience. Car comme le disait si bien Albert Camus, "la vie est la somme de tous nos choix". Faisons en sorte que les nôtres nous mènent vers un avenir meilleur, pour nous et pour les générations futures.

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Angry Mum, maman active, maman geek et toujours à l'écoute d'Internet... Elle adore les vacances mais pas toujours les vacances scolaires ! Blogueuse depuis 2013.


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