Depuis la formation des Beatles, George Harrison a été l’un des membres les plus négligés du groupe. Bien que le groupe se soit toujours présenté comme une démocratie lors de la prise de décisions, voir les compositions de Harrison être souvent mises de côté au profit des chansons de John Lennon et Paul McCartney a dû finir par l’atteindre. Il avait peut-être besoin de temps pour trouver ses marques en tant qu’auteur-compositeur, mais Harrison pensait quand même qu’il méritait un peu de crédit pour avoir aidé ses camarades à terminer leurs chansons.
Comparé au reste du groupe, Harrison était un auteur-compositeur relativement tardif. La seule raison pour laquelle il a réussi à obtenir sa première chanson sur un disque des Beatles était plus ou moins un coup de chance, ayant écrit «Don’t Bother Me» après avoir été malade au lit et s’être demandé s’il pouvait écrire quelque chose d’à peu près correct.
Une fois qu’il a découvert qu’il avait un don pour cela, il a commencé à présenter lentement ses chansons au groupe, souvent en modifiant le ton de plusieurs de leurs grands succès. Alors que la moitié de Rubber Soul parlait encore d’amour sous une forme ou une autre, «Think For Yourself» est une version beaucoup plus acerbe de l’amour que ce dont ils parlaient dans des chansons comme «Girl» ou «In My Life» du même album.
Cela ne veut pas dire que Harrison n’avait pas besoin d’aide non plus. Tout au long de son temps avec les Fab Four, il parlait constamment à ses camarades pour voir s’ils pouvaient l’aider avec des morceaux, Lennon aidant à composer les derniers couplets de «Taxman» et offrant même une ligne qui se retrouverait dans «All Things Must Pass» à la fin de la carrière du groupe.
Lorsque Lennon a finalement entendu Harrison parler de ses compositions dans son autobiographie I Me Mine, il a été choqué de ne pas être crédité pour son aide. Lennon n’avait pas exactement besoin de crédits d’écriture à cette époque, mais cela a dû piquer Harrison de ne même pas reconnaître qu’il avait ajouté ses propres mots au mélange.
Bien que Harrison n’ait pas vraiment présenté d’excuses pour ne pas avoir inclus Lennon dans son autobiographie, il a admis qu’il y avait des chansons de son ancien camarade pour lesquelles il n’a jamais été crédité non plus, disant, «Il était ennuyé que je n’aie pas dit qu’il avait écrit une ligne de la chanson. Le point était que je n’ai pas dit que j’avais écrit deux lignes de ‘Come Together’ ou trois lignes de ‘Eleanor Rigby’. Je pense qu’en balance, j’aurais plus de choses à lui reprocher.»
Harrison n’a pas tort. Quand on pense à ce qui entre dans la création d’une chanson en dehors des paroles, Harrison aurait dû recevoir beaucoup plus de crédits d’écriture sur un certain nombre de classiques du groupe, comme avoir trouvé le riff central de «And I Love Her» ou suggéré l’idée de ralentir «We Can Work It Out» pour qu’elle sonne comme si elle était en temps de valse sur le pont.
Mais quelques crédits d’écriture mesquins ne suffiraient jamais à briser le lien entre les Beatles. Les dernières années ont montré qu’ils n’étaient pas toujours les meilleurs amis, mais quand vous avez traversé ces années formatrices ensemble, c’est le genre de lien qui dure plusieurs vies.