Paul McCartney : Repartir à Zéro avec Wings

Lorsque les Beatles se sont finalement séparés, tous les regards étaient tournés vers ce que les membres allaient faire ensuite. Pour Paul McCartney, la route devant lui se divisait en plusieurs chemins différents qu’il pouvait emprunter. Le monde de la musique était véritablement son huître en tant que l’un des artistes les plus respectés et aimés. Il aurait pu faire n’importe quoi. Alors, lorsqu’il a décidé de commencer une nouvelle aventure avec Wings, il voulait bien faire les choses plutôt que de suivre la voie tracée par un autre groupe.

À la fin des Beatles, il semblait que tous les membres étaient désespérés de partir. John Lennon avait déjà quitté le groupe en furie, tandis que George Harrison, qui avait déjà quitté auparavant, s’est littéralement précipité pour signer les papiers, rendant leur séparation officielle. Même McCartney, qui dans les documentaires Let It Be et Get Back semble être celui qui essaie de maintenir les choses ensemble, était enfin prêt à jeter l’éponge et à passer à autre chose. Ce n’était pas seulement une question personnelle, c’était aussi musical, car les quatre musiciens évoluaient dans des directions différentes, cherchant désormais à avoir un contrôle créatif total.

Au début, cela se voyait dans le fait qu’ils lançaient tous des projets solo. McCartney a sorti son premier album solo, McCartney, en 1970, et tout le monde s’attendait à ce qu’il continue sur cette voie. Maintenant, en dehors de la dynamique de groupe, il n’aurait plus à gérer les politiques internes du groupe ou les considérations des autres. N’importe qui aurait pensé que c’était ce qu’il voulait après tout ce temps : enfin se démarquer en tant qu’artiste sous son propre nom.

Mais pour McCartney, la réponse à ce qu’il voulait n’était pas si claire. « Pour moi, c’était comme, ‘Que fais-tu – comment suivre les Beatles ?’» se souvenait-il en parlant à Billboard. « Est-ce que tu essaies juste de rassembler un groupe de grands musiciens autour de toi – ce qui est probablement la chose la plus logique à faire – et de reprendre là où tu t’es arrêté ? »

Cela avait déjà été fait. « C’était l’option, de faire un Blind Faith, » a déclaré McCartney, en référence au supergroupe de 1969, composé de Steve Winwood, Eric Clapton, Ginger Baker et Ric Grech. Juste au moment où le groupe de Clapton et Baker, Cream, et celui de Winwood, Traffic, s’étaient séparés, les musiciens se sont réunis dans une sorte d’effort d’équipe pour poursuivre leurs carrières. Ils ont écrit leurs propres chansons, mais lorsqu’ils se produisaient en live, la setlist n’était qu’une collection de succès de leurs anciens groupes. Cela ressemblait à une manière pour eux d’avancer sans jamais vraiment avancer. C’était comme faire un pas en avant en annonçant un nouveau projet sans lâcher prise sur le passé.

Alors que McCartney décidait de ce qu’il voulait faire, il savait exactement ce qu’il ne voulait pas faire : cela. « Je n’avais pas envie de cela, » dit-il. Au lieu de cela, il a décidé de repartir de zéro et de construire quelque chose de nouveau. Il voulait un nouveau groupe, mais un vrai, pas juste un groupe assemblé pour traîner le passé.

« J’ai pensé que pour obtenir un vrai groupe et une nouvelle direction, il faut commencer au bas, à la case départ – commencer là, » dit-il. « Alors nous avons formé un groupe comme les Beatles l’avaient fait, qui était vraiment juste un couple d’amis, et dans ce cas, l’un d’eux était ma nouvelle femme. »

Il a même poussé cela un peu plus loin. Avec son nom et sa réputation, McCartney aurait pu lancer Wings avec un grand éclat et commencer immédiatement à jouer des spectacles à guichets fermés et à plonger directement dans le grand bain. Mais ce n’est pas ainsi que les groupes commencent, alors il a également ramené cela à l’essentiel. Ils sont partis en tournée des universités en 1972, une affaire discrète pour l’un des musiciens les plus célèbres de la planète. Mais McCartney était déterminé à repartir de zéro, y compris dans les petites salles que les premiers concerts impliquent. Il se souvient, « C’était juste une petite affaire insignifiante parce que les nouveaux groupes le sont. Vous n’avez pas à répondre à qui que ce soit. Alors nous avons juste pris la route dans une camionnette et fait cette petite chose folle. »

« Nous étions toujours dans l’ombre des Beatles. C’était la grande difficulté avec Wings, » a-t-il dit du groupe. Mais McCartney préférait redémarrer avec quelque chose de complètement nouveau plutôt que de copier Blind Faith avec un pied dans le futur et l’autre dans le passé.