Article publié le 28 décembre 2004:
JEUX OLYMPIQUES - Série (2/7) : L’or a-t-il changé leur vie ? - Julien Absalon a « profité de tout », avant de revenir à « une vie normale »
Le champion olympique a été élu “Vélo d’or français 2004″ par “Vélo magazine”, le premier de sa discipline à inscrire son nom au palmarès
IL DIT que c’est son souhait. Mais il dit que c’est aussi son devoir. Surtout son devoir. Quatre mois après avoir remporté le titre olympique de vélo tout-terrain (VTT), Julien Absalon, 24 ans, n’aspire plus qu’à une seule et unique chose : « Reprendre une vie normale ».Une vie saine et sérieuse, autrement dit, parmi les siens, dans la maison de Saint-Amé (Vosges) tout juste terminée. Une vie dont tout un versant est évidemment consacré à l’entraînement. « Car le sport est un éternel recommencement, dit-il. Dès la prochaine course, les compteurs seront remis à zéro. »Reprendre une vie normale, donc. Bien différente en somme de cette existence singulière de champion fraîchement parvenu aux sommets de l’Olympe. Faite, bien sûr, de mille et un honneurs ; faite, aussi, de mille et une charges. « Le plus difficile, note Julien Absalon, c’est le téléphone qui sonne tout le temps. » Jamais, pourtant, il ne serait venu au champion l’idée de ne point décrocher. Usé, fatigué, ballotté de droite et de gauche. Groggy, presque, par la frénésie des sollicitations, les appels, les rendez-vous, les entretiens. Soit. Mais répondant toujours présent. C’est que la pratique d’une discipline plutôt confidentielle vous inculque aussi forcément le sens de l’éphémère.Julien Absalon savait que tout cela ne durerait qu’un temps. Alors, il n’a rien refusé. Il s’est même adonné avec un appétit certain à cette fièvre glorieuse, à cette folle sarabande qui l’a happé au lendemain de sa victoire athénienne du 28 août. Pas un jour qui ne passe ou presque, sans une célébration, un devoir de champion.Dans le petit village vosgien où il est né, ils ne sont qu’un millier d’habitants. A son retour, le 31 août, ils étaient pourtant presque 6 000 installés sur le bord des routes pour accueillir l’enfant du pays et lui réserver un triomphe. Il y eut aussi des réceptions. Chez lui, dans les Vosges. A Paris, à l’Elysée, le 28 septembre pour la remise de la Légion d’honneur. Dans les rédactions, à la Mairie de Paris, au Comité national olympique et sportif français (CNOSF).Julien Absalon est allé à Las Vegas pour un Salon du vélo. Il est rentré un mardi soir. Le dimanche, il était en selle, à Fréjus, pour la grande course populaire du Roc d’Azur, qui a rassemblé plus de 13 000 participants. Le champion olympique a terminé à la 185e place.« Je n’étais pas forcément préparé à tout cela, raconte le vététiste. Mais j’ai voulu profiter de tout, rester sur mon petit nuage, sans penser au lendemain. » Le lendemain ne l’en a pas moins rattrapé plus vite que d’autres. Le dimanche 12 septembre, quinze jours seulement après le sacre d’Athènes et le faste olympique, Julien Absalon était en effet de nouveau en course, juché sur son vélo tout-terrain, dans la boue collante du parcours des Gets (Haute-Savoie), pour les championnats du monde de la discipline. Sagement, le Vosgien n’avait pas inscrit cette course sur la liste de ses objectifs prioritaires de l’année 2004. On ne sait trop comment, il est pourtant devenu champion du monde.« Avec toutes les occupations extrasportives, je n’avais guère eu le temps de m’entraîner, IL DIT que c’est son souhait. Mais il dit que c’est aussi son devoir. Surtout son devoir. Quatre mois après avoir remporté le titre olympique de vélo tout-terrain (VTT), Julien Absalon, 24 ans, n’aspire plus qu’à une seule et unique chose : « Reprendre une vie normale ».Une vie saine et sérieuse, autrement dit, parmi les siens, dans la maison de Saint-Amé (Vosges) tout juste terminée. Une vie dont tout un versant est évidemment consacré à l’entraînement. « Car le sport est un éternel recommencement, dit-il. Dès la prochaine course, les compteurs seront remis à zéro. »Reprendre une vie normale, donc. Bien différente en somme de cette existence singulière de champion fraîchement parvenu aux sommets de l’Olympe. Faite, bien sûr, de mille et un honneurs ; faite, aussi, de mille et une charges. « Le plus difficile, note Julien Absalon, c’est le téléphone qui sonne tout le temps. » Jamais, pourtant, il ne serait venu au champion l’idée de ne point décrocher. Usé, fatigué, ballotté de droite et de gauche. Groggy, presque, par la frénésie des sollicitations, les appels, les rendez-vous, les entretiens. Soit. Mais répondant toujours présent. C’est que la pratique d’une discipline plutôt confidentielle vous inculque aussi forcément le sens de l’éphémère.Julien Absalon savait que tout cela ne durerait qu’un temps. Alors, il n’a rien refusé. Il s’est même adonné avec un appétit certain à cette fièvre glorieuse, à cette folle sarabande qui l’a happé au lendemain de sa victoire athénienne du 28 août. Pas un jour qui ne passe ou presque, sans une célébration, un devoir de champion.Dans le petit village vosgien où il est né, ils ne sont qu’un millier d’habitants. A son retour, le 31 août, ils étaient pourtant presque 6 000 installés sur le bord des routes pour accueillir l’enfant du pays et lui réserver un triomphe. Il y eut aussi des réceptions. Chez lui, dans les Vosges. A Paris, à l’Elysée, le 28 septembre pour la remise de la Légion d’honneur. Dans les rédactions, à la Mairie de Paris, au Comité national olympique et sportif français (CNOSF).Julien Absalon est allé à Las Vegas pour un Salon du vélo. Il est rentré un mardi soir. Le dimanche, il était en selle, à Fréjus, pour la grande course populaire du Roc d’Azur, qui a rassemblé plus de 13 000 participants. Le champion olympique a terminé à la 185e place.« Je n’étais pas forcément préparé à tout cela, raconte le vététiste. Mais j’ai voulu profiter de tout, rester sur mon petit nuage, sans penser au lendemain. » Le lendemain ne l’en a pas moins rattrapé plus vite que d’autres. Le dimanche 12 septembre, quinze jours seulement après le sacre d’Athènes et le faste olympique, Julien Absalon était en effet de nouveau en course, juché sur son vélo tout-terrain, dans la boue collante du parcours des Gets (Haute-Savoie), pour les championnats du monde de la discipline. Sagement, le Vosgien n’avait pas inscrit cette course sur la liste de ses objectifs prioritaires de l’année 2004. On ne sait trop comment, il est pourtant devenu champion du monde.« Avec toutes les occupations extrasportives, je n’avais guère eu le temps de m’entraîner, explique le champion tricolore. Du coup, j’avais gardé de la fraîcheur physique. » Résultat : les sollicitations ont repris de plus belle. A peine le temps de se consacrer au visionnage d’un documentaire qui lui est consacré, Julien Absalon, à la lumière des Jeux, réalisé par une petite société de production de sa région, Supermouche Productions, qu’il lui fallait de nouveau sacrifier aux honneurs et aux célébrations.Le champion olympique a en effet été élu « Vélo d’or français 2004 » par Vélo Magazine. Il a devancé Thomas Voeckler, le maillot jaune du Tour de France, et Richard Virenque, le meilleur grimpeur. Mieux : il est le premier de sa discipline à inscrire son nom au palmarès. « Une véritable reconnaissance pour le VTT », estime Julien Absalon.Vrai que le vélo tout-terrain, olympique depuis 1996, est parfois considéré comme le parent pauvre du monde cycliste, à coté des géants de la route et de la piste. Le titre d’Absalon n’aura pas complètement inversé la tendance. Le VTT reste un loisir en vogue. On connaît moins son versant sport de haut niveau. A la Fédération française de cyclisme (FFC), force est en tout cas de constater que l’or olympique n’a suscité que peu de vocations : il y avait 18 056 licenciés en VTT en 2003 ; 18 163 au début du mois d’octobre 2004.N’importe. Le VTT reste une véritable passion pour Julien Absalon, presque un mode de vie. Depuis sa victoire olympique, le monde du cyclisme sur route, plus rémunérateur, lui a évidemment fait les yeux doux. Le Vosgien n’en a cure. Il est déjà « concentré sur les Jeux de Pékin » de 2008, et, avant cela, sur le 6 juillet 2005.
Comme d’autres, il croisera les doigts pour que, ce jour-là, l’organisation des Jeux olympiques de 2012 soit attribuée à Paris. En 2012, Julien Absalon n’aura jamais que 32 ans. De quoi vivre encore « un rêve olympique dans son propre pays ». Il sera bien temps, après, de commencer pour de bon une autre vie, une « vie normale ».
Olivier Zilbertin