Introduction :
Bienvenue à tous les passionnés de créativité et d’innovation ! Dans cet épisode du podcast « Minter Dialogue », je reçois Alexia Moity, directrice de l’École de création visuelle Paris (ECV). Fondée en 1944, l’ECV est une institution prestigieuse qui forme les talents pour répondre aux besoins des industries créatives. Alexia nous partage son parcours inspirant et les défis qu’elle rencontre en dirigeant cette école dynamique.
Un parcours riche et varié :
Alexia Moity a débuté sa carrière dans le monde de la publicité, où elle a travaillé dans des agences renommées comme Buzzman. Elle a ensuite découvert sa passion pour l’enseignement et a rejoint l’ECV en 2014 pour créer le cursus digital. Aujourd’hui, elle dirige le campus parisien et coordonne les cinq cursus de l’école : design, animation, game, digital et architecture d’intérieur.
L’évolution de l’ECV :
L’ECV Paris a connu une croissance impressionnante, passant de quelques étudiants à plus de 1 000 répartis sur trois campus. Alexia nous explique comment l’école s’adapte aux évolutions rapides du monde créatif et technologique. Elle souligne l’importance de former des étudiants non seulement aux compétences techniques, mais aussi à la gestion de leurs émotions et à la santé mentale.
La diversité des cursus :
L’ECV propose une variété de cursus pour répondre aux aspirations créatives des étudiants. Le cursus design, historique de l’école, forme des directeurs artistiques en cinq ans. Le cursus animation enseigne la création de dessins animés, tandis que le cursus digital forme des UX/UI designers et des développeurs web. Le cursus game se concentre sur la création de jeux vidéo, et le plus récent, le cursus architecture d’intérieur, répond à une demande croissante pour ce domaine.
L’importance de la créativité :
Alexia insiste sur le fait que l’ECV ne forme pas seulement des techniciens, mais des créatifs capables de s’adapter à différents styles et tendances. L’école valorise la personnalité créative de chaque étudiant et les encourage à explorer et à assumer leur propre style. La créativité est au cœur de tous les cursus, qu’il s’agisse de design, d’animation, de digital, de game ou d’architecture d’intérieur.
Les défis de la santé mentale :
La santé mentale est un enjeu majeur pour l’ECV. Alexia explique comment l’école a mis en place des dispositifs d’accompagnement pour aider les étudiants à gérer le stress et les troubles psychologiques. Une psychoéducatrice est disponible pour les étudiants, et des référents handicap et VSS (violence sexiste et sexuelle) sont formés pour offrir un soutien adapté.
Le leadership moderne :
Alexia partage sa vision du leadership, basée sur l’écoute, l’empathie et la valorisation des talents de son équipe. Elle se voit comme un chef d’orchestre, mettant en musique les compétences de chacun pour créer une harmonie collective. Son parcours et son approche humaine du management sont des sources d’inspiration pour tous ceux qui aspirent à diriger avec bienveillance et efficacité.
Conclusion :
Cet épisode du podcast « Minter Dialogue » avec Alexia Moity est une véritable plongée dans l’univers de l’ECV Paris. Alexia nous montre comment une école peut évoluer et s’adapter aux besoins changeants des industries créatives tout en mettant l’accent sur la santé mentale et le bien-être des étudiants. Pour en savoir plus sur l’ECV et ses cursus, rendez-vous sur leur site [ecv.fr](https://www.ecv.fr).
Merci de m’envoyer vos questions par email — en tant que fichier audio si vous le souhaitez — à nminterdial@gmail.com. Sinon, en dessous, vous trouverez tous les liens pour un suivi du podcast. Vous êtes bien entendu invité à déposer un message ou à le partager. Si vous pouvez, merci d’aller déposer une revue sur Apple Podcasts pour le noter.
Pour joindre Alexia Moity ET l’ECV
- Visiter le site ECV : Ecole de communication visuelle
- Retrouver Alexia Moity sur Linkedin
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Crédits pour la musique : Le morceau au début est grâce à mon ami Pierre Journel, auteur de La Chaîne Guitare. J’ai également une chanson que j’ai co-écrite avec mon amie à New York, Stephanie Singer: « A Convinced Man. » Celle-ci a été écrite et enregistrée dans les années 1980 (d’où la qualité dégradée de mon enregistrement).
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TRANSCRIPTION PAR FLOWSENSE.AI
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Minter Dial [0:00 – 1:58]: Bonjour et bienvenue au show Minter Dialogue, épisode n°153. Je suis Minter Dialogue, votre compère et hôte pour ce podcast. Fier membre du réseau Evergreen Podcast. Pour plus d’informations et pour explorer les autres podcasts sur ce réseau sélectif qui grandit, qui a plein de choix à découvrir, allez visiter leur site evergreenpodcast.com. Alors, mon invité aujourd’hui est Alexia Moity. Alexia est directrice de l’École de création visuelle Paris, créée en 1944 pour former les talents afin de convenir aux besoins et aux attentes des industries créatives. Alexia, qui est également en charge du cursus de l’ECV Digital, nous parle de l’évolution et de la croissance de l’ECV Paris, qui est désormais composée de cinq cursus, dont le design, l’architecture à l’intérieur, animation, game et digital. Avec plus de 1 000 étudiants et trois campus, Alex nous raconte le trajet et les enjeux de gérer une école, comment rester à jour dans l’enseignement, dans un monde qui change tellement, ainsi que les difficultés liées à la santé mentale. Elle nous parle aussi de son évolution en tant que leader, Une belle discussion. Si ce podcast vous a plu, merci de prendre quelques instants pour laisser une revue sur votre service de podcasting préféré. Plongeons alors dans cette nouvelle mission. Alexia Moity. on se connaît, j’ai l’impression, bien disant. On s’est rencontré autour de ton projet qui est passionnant. Je suis ravi de faire membre du comité de conseil auprès de toi. Et dans tes mots, on va commencer par ma question habituelle. Qui est Alexia Moiti ?
Alexia Moity [1:58 – 5:26]: Alors, moi, je suis… Aujourd’hui, je dirige un campus parisien d’une école supérieure qui s’appelle le CV. Et avant tout ça, j’ai travaillé dans la pub. J’ai fait des études de communication et de pub il y a maintenant quelques années. Et j’ai commencé à travailler dans les agences de publicité parisiennes et des grandes agences. Et je travaillais plutôt en stratégie. J’étais au service qu’on appelle New Business, pour aller chercher des nouveaux clients. Et donc, mon travail a toujours été d’écrire des recommandations stratégiques et travailler avec les créatifs, beaucoup de créatifs. qui proposait des nouvelles créations publicitaires pour ses nouveaux clients. Et une fois que ce nouveau client avait choisi de travailler avec notre agence ou pas, après, je passais à un autre produit. Et même s’il avait choisi de travailler avec notre agence, il y a d’autres personnes qui prenaient le relais derrière. Moi, je n’étais que sûr que je vais gagner des nouveaux clients et je présente des nouvelles idées tout le temps. Donc, j’ai fait ça quelques années. Le marché de la pub est quand même assez intense, on va dire. En tout cas, il l’était particulièrement dans les années, au début des années 2000. Voilà, c’est là où j’ai fait la pub. J’ai fait trois agences. Une, deux, trois, on va dire trois agences différentes. La dernière en date étant Buzzman, qui était, qui est toujours une très, très belle agence. française, qui est vraiment avec un positionnement très créatif. Donc ça, c’est des années pendant lesquelles j’ai beaucoup collaboré avec toutes sortes de créatifs, des concepteurs, rédacteurs, publicitaires, des directeurs artistiques, mais aussi des spécialistes du packaging, des spécialistes du web. J’ai appris le web à travers ces agences parce que j’ai commencé… Un jour, je me souviens avoir eu une présentation sur le référencement naturel et le référencement payant, et on les regardait avec des grands yeux, genre, mais de quoi ils nous parlent ? Pas du tout, ça ne nous intéresse pas. Et puis, finalement, ça a fini par nous intéresser, évidemment. Donc, j’ai appris le web comme ça, le marketing opérationnel aussi. La vie a fait qu’à un moment donné, j’avais envie de faire autre chose que de réfléchir à comment on allait vendre le nouveau yaourt. Et donc, j’ai commencé à donner des cours. J’ai découvert le monde des écoles. que je ne connaissais pas du tout. J’ai donné quelques cours, d’abord de culture publicitaire, de stratégie, ce genre de choses. Et jusqu’à en donner vraiment beaucoup, j’ai quitté le monde des agences pour me consacrer à l’enseignement. J’ai fait ça pendant deux ans et une première opportunité a été de prendre la direction d’une école qui se créait. Et puis, une autre opportunité, j’ai rencontré Les fondateurs de l’ECV à l’époque, qui étaient encore en place, la famille Hermand qui a créé l’ECV, je les ai rencontrés. Ils m’ont proposé de réfléchir avec eux d’abord sur… Et si l’ECV devait faire du digital, devait faire du web, comment est-ce qu’elle devrait le faire et comment elle le ferait-elle ? Et donc, je suis rentrée dans la famille ECV comme ça. Et ça, ça fait… Maintenant, c’était en 2014, donc ça fait dix ans. Voilà, globalement. Et ça fait 10 ans.
Minter Dial [5:27 – 6:35]: C’est un beau parcours, parce que j’ai entendu dans ce que tu as dit, tu as appris, tu as été forgé sur un rôle commercial, savoir chercher du nouveau business avec toujours l’angle stratégique, tu as appris sur la taf ce que c’était le digital, la différence entre l’internet et le web, enfin tous ces trucs-là. Aussi, l’importance et les changements dans le marketing de manière générale, parce qu’évidemment, c’est un peu le faire devant ses agences, tu as appris à être et gérer des profils créatifs, un autre type de de travail, on va dire, de leadership, et puis tu as aussi appris vraiment ce que c’est la pédagogie à travers l’enseignement que tu as pu faire. Donc, c’est très riche, c’est très approprié que tu tombes devenir directrice, directeur, je ne sais pas s’il faut le dire, directrice, directeur de ECV Digital, qui est basé à Paris. Alors, en 2014, tu rejoins l’équipe familièrement et tout. Le ECV, explique-nous un peu plus ce que c’est, le ECV.
Alexia Moity [6:35 – 8:44]: Qu’est-ce que c’est, ECV ? À l’origine, ECV, ça voulait dire École de Communication Visuelle, quand ça a été créé en 1984. L’ECV existe depuis 40 ans. Voilà, cette année, on fête les 40 ans. Et donc, ça forme depuis, de façon historique, des directeurs artistiques. avec ce qu’on appelle une première année un peu prépa, où on apprend le dessin, les cours, c’est du modèle vivant, du dessin d’analyse, la couleur, l’illustration. On a des étudiants qui viennent avec des grandes pochettes à dessin. Voilà, c’est pas les beaux-arts, ça reste, on va dire, de l’art appliqué, puisqu’on applique un secteur en particulier. Mais voilà, historiquement, ça forme des directeurs artistiques, d’abord en 3 ans, puis 4 ans, puis maintenant, c’est devenu un parcours en 5 ans. Il y a le campus historique, c’est Paris, mais aujourd’hui il y a cinq campus en France. Il y a Lille, Paris, Nantes, Bordeaux et Aix-en-Provence. Et puis, ce qu’on appelle le cursus design, qui forme au directeur artistique depuis 40 ans, a fait des petits. Il y a eu d’abord le cursus animation, donc c’est design d’animation, c’est-à-dire qu’on apprend à des étudiants à faire des dessins animés, à créer les dessins animés. Donc, on a un cursus animation. Ensuite, il y a le digital qui est arrivé, que j’ai créé en 2014 avec une première entrée, rentrée avec des premiers étudiants dès septembre 2015. Et donc là, en digital, on forme des directeurs artistiques en digital, mais aussi ce qu’on appelle aujourd’hui des UX, donc User Experience Designer, des UI, donc des designers d’interface, mais aussi des développeurs web. Et puis aujourd’hui, on a même ce qu’on appelle des product managers. l’évolution du marketer business avec l’UX. Voilà, donc ça, c’est la partie digitale. Et on a eu encore deux autres petits qui sont nés. Il y a un cursus game, donc plutôt game art. Donc, en fait, on forme les étudiants.
Minter Dial [8:44 – 8:44]: À.
Alexia Moity [8:46 – 10:55]: Créer des jeux vidéo par le dessin, etc. Et on a le petit dernier qui a maintenant deux ans, c’est le cursus architecture d’intérieur. Aujourd’hui, on a cinq cursus. Le design, qui est l’historique. l’animation, le digital, le game et l’architecture d’intérieur. Voilà. Et ces cinq cursus sont présents globalement, quasiment sur tous les campus de l’ECV, donc cinq villes en France. Voilà. Et donc moi, je m’occupe particulièrement du campus parisien pour ces cinq cursus. Je ne m’occupe pas que du digital, je m’occupe du design, du digital, de l’animation, du game et de l’architecture d’intérieur. Et ces cinq cursus sont répartis sur trois sites différents à Paris, puisqu’on sait qu’à Paris, les locaux, c’est un peu la guerre. Et donc aujourd’hui, on a trois super campus, un dans le cinquième arrondissement, en face du Jardin des Plantes, pour le design, avec une magnifique verrière. vraiment qui ressemble au jardin des plantes, c’est superbe. On a un site dans le 11e arrondissement, rue du Daomé, dans un quartier qui bouge beaucoup, voilà, entre Bastille et Nation, et c’est top. Et on a le 3e campus qui est dans le 15e, avec vue sur la tour Eiffel, pour l’animation et le game. Donc voilà, aujourd’hui, Ce que ça représente, le CV aujourd’hui, c’est environ 3000 étudiants, plus ou moins, en France. Et Paris, c’est environ 1000 étudiants répartis sur les trois campus. Voilà. Et donc, je dirige le cursus digital au national, c’est-à-dire que je m’occupe des campus parisiens au quotidien et tout ça, avec mes équipes. Je suis loin d’être toute seule. Il y a 30 personnes au quotidien pour gérer tout ça. Et en même temps, je coordonne, je dirige surtout la vision pédagogique, l’évolution pédagogique pour le cursus digital que j’ai créé en 2000, que j’ai lancé en 2015, on va dire. Voilà, globalement.
Minter Dial [10:55 – 11:07]: Des mains pleines, comme on dit en anglais, hands full. Donc si j’ai compris sur l’animation, ça va vers la vidéo en fait.
Alexia Moity [11:08 – 12:57]: Oui, et c’est vraiment le cursus animation, ils créent des dessins animés. Vraiment, c’est des étudiants qui derrière vont aller travailler chez Illumination, par exemple, et qui vont travailler sur Les Mignons. On a des alumnis qui ont travaillé avec Warner sur le film Mario. Voilà, c’est des dessins animés, donc il y en a qui font de la série animée, des courts métrages, il y en a qui travaillent sur des longs métrages. Et dans l’animation, il y a un nombre de métiers. En fait, on ne s’imagine pas. Il n’y a pas que celui qui dessine, il y a celui qui anime, il y a celui qui s’occupe des personnages, donc le chara designer. Il y a aussi celui qui va s’occuper du surfacing, celui qui va s’occuper des FX, donc les effets spéciaux. Et puis, il y a des spécialisations en 2D ou en 3D, parce qu’aujourd’hui, on a deux types de dessins animés, de films animés qui existent. Il y a énormément aussi de spécialisations et de métiers, et on forme à tous ces métiers. Et en fait, tous ces cursus, design, digital, animation, game, architecture d’intérieur, ils ont tous un point commun, c’est la créativité. l’innovation et la créativité. En fait, l’ECV, c’est une école créative et on forme des créatifs. Voilà, chacun son domaine. Il y en a plein d’autres, des domaines, mais… Et du créatif plutôt visuel. Là, clairement, on se parle d’univers visuels avec la créativité visuelle. Et c’est ce qui nous… C’est ce qui rassemble l’ensemble de ces cursus. C’est la créativité et c’est pour ça que c’est… le CV est légitime sur tous ces cursus, tous ces métiers, tous ces secteurs, c’est qu’on est vraiment réunis autour de la créativité et qu’on a des choses à raconter.
Minter Dial [12:59 – 13:38]: Justement, on va en parler. J’ai une amie qui est patronne et fondée à une société sur tout ce qui est animation basée en Angleterre, ça s’appelle la Salamandras Société, et Christine a été sur mon podcast, donc ce n’est pas la première fois. C’était mon podcast en anglais alors qu’elle parle parfaitement le portugais et le français. Ceci dit, dans les cursus dont tu as parlé, celui qui me paraît un peu différent des autres, c’est l’architecture interne, l’interior design. Alors raconte-nous juste un peu pourquoi cet aspect est arrivé.
Alexia Moity [13:40 – 17:41]: Alors l’architecture d’intérieur, c’est vrai que c’est le dernier nez, il est encore tout frais, on est encore au biberon avec l’architecture d’intérieur. Clairement, il y a plusieurs déclencheurs. On peut parler d’abord du déclencheur sociétal. L’architecture d’intérieur a été mise en avant en tant que métier et comme tendance, notamment par tous les médias qui ont créé des contenus autour du design, de l’architecture d’intérieur. La décoration, c’est pas un cursus de décoration, mais la décoration et le design d’intérieur, d’architecture d’intérieur, ont été quand même très valorisés dans les médias. Toutes les émissions télé qui font place à ce type de loisirs, de hobbies, de métiers. Donc forcément, on a une demande croissante de la part des étudiants pour pouvoir se former et on a aussi une demande croissante des consommateurs, des français et autres, en fait ils investissent et clairement il y a du business sur ce marché donc ça correspond, il y a des envies de se former et en même temps il y a un business et donc il y a de la place, il y a des métiers, il y a du boulot en fait donc ça correspond. Donc là, c’est sûr qu’il se passe quelque chose. L’ECV est très créatif. On a des premières années qui sont vraiment centrées sur le dessin, sur savoir former au visuel et à la culture artistique, tout ça. Et l’architecture d’intérieur, c’est à la même base que pour un directeur artistique en design. ou un spécialiste de l’animation en design d’animation. Vraiment, les bases sont les mêmes. Après, elles sont exploitées différemment, mais on a par exemple un cours qui s’appelle cours de perspective, c’est-à-dire que les croquis d’extérieur, ils vont dehors. Vous savez, tous ces étudiants qu’on voit par terre dans les musées en train de dessiner, qui prennent de la place, on est obligé de passer au-dessus d’eux quand on visite. Ce sont nos étudiants. Et en fait, ils apprennent les perspectives d’un immeuble, les perspectives qu’on peut voir dans la rue. Et tout ça, ça fait partie de leur compétence. Ils l’apprennent dès la première année. Et ça, ils l’apprennent autant en direction artistique design, architecture d’intérieur et animation. Et en fait, quand on voit leur travail, on se rend bien compte qu’effectivement, c’est lié. Comme ils apprennent à composer une image, il y a plusieurs composants dans une image, c’est des choses qu’ils apprennent dans tous les cursus. Après, ça va évoluer en fonction des compétences. En architecture d’intérieur, on va avoir moins besoin de Photoshop et la suite Adobe. Ils en ont quand même besoin, donc ils l’apprennent. Ils iront plus sur des logiciels comme AutoCAD, qui est plutôt lié à l’architecture. Mais ça, c’est une question de technique. Mais en termes de conception, de visuel, la base est la même. Et après, en fait, la valeur ajoutée, c’est pareil que dans les autres métiers, c’est la conception, c’est l’idée. C’est la vision. Et ça, c’est commun aussi à tous les métiers auxquels on forme. Vers quoi je veux aller ? Quel message je veux faire passer ? Et quand on conçoit un intérieur, il y a toujours une ambiance, une vision. Ça correspond toujours à quelqu’un, à une cible. Et ça, ce travail-là, on le fait aussi quand on est en direction artistique design. On le fait aussi quand on est en animation, puisque c’est quoi l’idée du film ? Raconte-moi l’idée. Ça, c’est des choses qui sont communes à tous ces métiers. Donc, c’est des choses qu’on sait faire, en fait. C’est des choses qu’on sait enseigner, des choses qu’on sait faire. Et après, c’est l’application qui va être différente. C’est là où on s’adapte. C’est sûr que ce n’est pas le même programme, mais en fait, la base, clairement, est la même.
Minter Dial [17:41 – 19:35]: C’est fascinant. Donc, ce que j’ai entendu là, c’est qu’on est dans un milieu créatif, on va parler de perspective, et j’ai envie de dire, dans ma manière plus laïque, on a besoin de plus de perspective sur ce que c’est une vie, ce que c’est une vie difficile. Voilà, ça c’est notre forme de perspective. Je rajoute ma poêle à gratter là-dedans. Mais dans le contexte de la France, deux choses. Un, l’école, généralement, c’est quelque chose que l’État s’occupe. Et la deuxième chose, c’est que généralement, l’artiste, la littérature, ce n’est pas ce qui est le plus demandés, en tout cas bien perçus. Je pense à mon expérience avec mes confrères et collègues au bureau, au boulot, il y avait les grands ingénieurs, les grandes écoles, et Dieu sait si c’était important. Quand on regarde le Figaro Economy, quand on parle du patron nommé ou patronne nommée PDG à l’âge de 60 ans, on va toujours parler de son école. de son école et avec son âge, chose que je trouve… peu perturbant, car je pense que l’école est derrière moi à l’âge de 60 ans. Enfin, c’est pas pour autant que j’ai pas des amis qui viennent de là, etc. Mais enfin voilà quand même. Mais voilà, donc, comment est-ce que ça c’est un… tu gères l’aspect état, école, financement, voilà, et deux, est-ce que c’est un problème ? Est-ce que tu dois lutter contre ça ? Comment tu gères cette espèce d’a priori.
Alexia Moity [19:35 – 21:30]: Sur tout ce qui est créatif ? Effectivement, en France, les écoles sont « gratuites ». Elles ne sont jamais vraiment totalement gratuites. Et ça, c’est vraiment ancré dans notre culture. C’est quelque chose d’important, la gratuité, l’accès à l’éducation. En tout cas, c’est quelque chose de vraiment important pour les Français. Et donc, de devoir se payer des études, Bon, c’est pas pour tout le monde, mais ça s’est mis en place. Maintenant, des écoles d’enseignement privé, il y en a quand même beaucoup. On est très contrôlé. Il y a beaucoup de qualité quand même dans ces écoles. Et surtout, il y a un système où on délivre des diplômes. Alors, c’est pas un diplôme, ça s’appelle un titre. Titre RNCP, exactement. Voilà. Qui, en fait, avec le tampon de l’État. En fait, on délivre des diplômes qui ont le tampon de l’État. Et ça, c’est rassurant. Oui, OK, je ne suis pas une université publique, donc je ne suis pas l’État, mais par contre, le petit papier que vous allez avoir à la fin, il est certifié par l’État, ce qui prouve un peu, ce qui me légitimise et qui prouve mon sérieux. Ça, ça rassure, en fait. Globalement, donc, nous, on a des titres RNCP pour l’ensemble de nos formations. C’est une vraie bataille, c’est un parcours administratif. Honnêtement, c’est l’enfer. Il faut faire rentrer des ronds dans des carrés. Mais c’est important pour nous, donc on y investit du temps. Il y a des équipes dédiées pour ce travail-là. Moi, par exemple, je fais de l’ingénierie pédagogique. Je sais ce qu’il faut dans mes formations et il y a des personnes avec qui je collabore qui vont traduire. mon blabla pédagogique en blabla administratif. Il y a des gens qui savent faire ce travail.
Minter Dial [21:30 – 21:31]: L’IA, au passage, ne peut pas le faire.
Alexia Moity [21:33 – 22:28]: Alors peut-être qu’un jour ils pourront le faire, mais là aujourd’hui, c’est tellement complexe qu’on a encore besoin de cette traduction. C’est plus qu’une traduction, c’est savoir s’adapter, les contraintes qu’on doit y amener. Évidemment, il y a des mises à jour tous les six mois, donc tous les six mois, il faut tout refaire. Mais en fait, pour nous et pour les Français, c’est important d’avoir ce gage de qualité. Donc ça, on va le chercher et on l’a. C’est ce qui rassure quand on reçoit des parents, des nouveaux étudiants. Une question qui arrive très vite, c’est quel est le diplôme ? Qu’est-ce qu’on a à la fin ? Le petit papier qu’on a, c’est quoi ? Ce que je comprends, parce que ça rassure, tu te dis, je rentre dans une école, qui êtes-vous ? Est-ce que c’est vrai ce que vous me racontez ? Je comprends aussi cette importance-là. Par contre, les entreprises, un titre RNCP, elles ne savent même pas ce que c’est.
Minter Dial [22:29 – 22:31]: Je n’allais pas se dire.
Alexia Moity [22:31 – 23:22]: Elles ne savent pas ce que c’est. Certains RH, à force, comprennent les niveaux de diplômes, mais les personnes métiers, les directeurs artistiques qui emploient nos étudiants, ils ne savent même pas ce que c’est qu’un titre RNCP. Et honnêtement, ce n’est pas ce qu’ils regardent. Ils regardent le niveau, ce qu’on appelle aujourd’hui, ils ont tous des portfolios, des boucs, ils regardent les boucs, ils regardent le CV, ils regardent l’expérience. Ils savent, le CV est reconnu, donc en fait, tu sors de l’ECV. Ils savent ce que tu as fait comme parcours et comprennent la qualité de la formation. Mais voilà, le diplôme, le titre RNCP qui est peint, je n’ai même pas le droit de dire diplôme. Il faut savoir que diplôme, c’est diplôme d’État. Moi, je ne suis pas, on n’est pas une école d’État. Donc nous, on délivre des titres RNCP.
Minter Dial [23:22 – 23:23]: Certifiés par l’État.
Alexia Moity [23:24 – 26:15]: Globalement, c’est certifié par le ministère du Travail, alors qu’un diplôme, c’est certifié par le ministère de l’Éducation. J’essaye d’expliquer en raccourcissant, mais globalement, c’est ça, la différence. Ces titres-là sont là surtout pour dire, oui, j’ai une formation sérieuse, et ça rassure les apprenants, les étudiants, les parents, mais je comprends très bien, parce que c’est quand même la jungle des écoles quand on a… Un enfant qui est au lycée, qui on dit, maintenant, qu’est-ce que tu veux faire comme études ? Déjà, pour qu’il se projette sur un métier, c’est… C’est compliqué pour eux. Et après, on va sur un salon d’étudiants où je regarde sur Internet. Et puis là, il y a un florilège. Faire son choix, ce n’est pas simple, en fait. Et notamment, savoir si le titre est certifié. C’est un critère. C’est un critère comme un autre. En tout cas, ça rassure. Donc, nous, on se bat pour ça, pour qu’on continue à avoir ces titres RNCP certifiés. C’est important. Et puis ensuite, on a parlé de payer ses études. Parce que nous, forcément, on est payé, on est payant. Nous, on n’a pas de… Notre seule ressource financière, c’est ce que nous versent les étudiants. On n’a pas d’aide de l’État. C’est la scolarité, les frais de scolarité. Et aujourd’hui, globalement, ça va coûter entre 7 000 et 10 000 euros l’année en fonction de ton année et de ton cursus. C’est pas rien. C’est des sommes importantes, surtout dans des périodes actuelles où il y a eu crise financière, toutes dépenses épesées, tout coûte très cher. Et en France, on commence à rentrer dans une période où payer des études, ça commence à être quelque chose qu’on va… En fait, ça ne devient plus une priorité. Les priorités, elles sont ailleurs. Surtout que le gouvernement français a poussé une nouvelle façon de payer ses études, de financer ses études, c’est l’alternance. Ça n’existe qu’en France et c’est génial. Ça permet à l’étudiant de faire financer ses études par une entreprise, d’être en même temps rémunéré. On lui paye ses études, il est rémunéré. Il fait ses études et en même temps il travaille déjà dans le secteur dans lequel il se forme et il construit son CV et donc il a déjà des premières expériences. Il travaille en même temps qu’il fait ses études. Et c’est quand même un fonctionnement absolument génial, sachant qu’en vrai, ce n’est pas vraiment l’entreprise qui paye. C’est lié à un gouvernement, à ce qu’on appelle des opco. En fait, si c’est l’entreprise, c’est son budget de formation qui est obligatoire. Et de toute façon, ce budget, il va l’avoir.
Minter Dial [26:15 – 26:18]: Le fameux 1,5%.
Alexia Moity [26:18 – 27:22]: Voilà, qui est utilisé pour payer les alternants qu’ils embauchent, qui sont quand même des super juniors, des étudiants qu’ils forment pendant un an, deux ans, voire plus. Donc, c’est un vrai investissement aussi de la part de l’entreprise de former ces jeunes et de les inclure dans leur équipe. Donc, c’est des opportunités, je pense, pour les étudiants français, c’est génial. Donc, ça amène en fait, si vous voulez, un niveau de… d’investissement financier pour les études assez minces en comparaison des autres pays occidentaux. Parce qu’évidemment qu’il faut toujours se loger, qu’il faut toujours manger, qu’il faut se déplacer, qu’il faut des fournitures et que c’est vrai que l’ordinateur n’est pas gratuit. On a bien conscience que ce n’est pas tout frais payé, mais ça paye une grosse partie. Ce qui est super, et ça c’est le rôle de la France, ça rend les études supérieures accessibles à tous.
Minter Dial [27:22 – 28:04]: Vis-à-vis un marché comme les États-Unis, où on peut payer du 50 000 euros par an, plus tous les autres éléments dont tu parles, donc ça fait une grosse différence. groupe de personnes qui m’intéressent, c’est les profs. Car en fait, quand tu travailles en tant que prof pour une fac, là, tu fais partie d’employés de l’État. Donc, c’est quelque chose qui est appréciable pour les profs en termes de vie, de retraite, etc. Comment ça se passe pour attirer des profs bons enseignants pour l’ECV ?
Alexia Moity [28:04 – 29:34]: Alors, nous, on a un positionnement assez professionnalisant. On est vraiment tourné vers le monde pro. D’ailleurs, tu vois, moi, je viens du monde pro. Je ne viens pas du monde des écoles. Je n’ai pas fait des études de pédagogie. Voilà. Et c’est le cas de l’ensemble de nos responsables pédagogues, les directeurs des autres campus, c’est pareil. Ils ont tous un autre parcours avant d’arriver dans les écoles. On va chercher cette expérience professionnelle pour essayer de recréer un parcours d’études dans un univers pro. Et on fait pareil avec nos intervenants. Pour nous, ce n’est pas des profs, ce sont des intervenants. Pour la plupart, pour 90% d’entre eux, ce sont des professionnels. qui travaillent, qui ont une activité professionnelle et qui, en plus de ça, viennent former nos étudiants. Et donc, ce sont des personnes qui sont déjà salariées ailleurs ou qui sont à leur compte en freelance ou en auto-entrepreneur ou qui ont leur propre société. Et donc, ils sont en honoraire, en fait, si tu veux, ils nous facturent. Et donc, nous, on a un gros travail déjà d’identification de ces pros, de les former, parce que ce ne sont pas C’est pas parce qu’on est très très bon directeur artistique ou très très bon animateur ou chara designer qu’on est un très bon enseignant. C’est autre chose.
Minter Dial [29:34 – 29:41]: Par ailleurs, si je m’abuse Alexia aussi, c’est pas parce que t’es très bon en DA que t’es bon en gérer les hommes et les femmes.
Alexia Moity [29:41 – 29:42]: Exactement.
Minter Dial [29:42 – 29:42]: Par exemple.
Alexia Moity [29:43 – 31:17]: Voilà, parce que clairement, nous à l’école, c’est pas le bon verbe, j’aime pas ce verbe, mais on gère de l’humain, on s’occupe que de l’humain. Notre matière première, c’est l’humain. Et voilà, on travaille avec des humains et ce sont des humains qui forment des humains pour aller travailler avec des humains. Nous, on est autour de l’humain. Ce n’est pas donné à tout le monde de savoir échanger, faire évoluer les humains, etc. On a des générations très différentes qui arrivent, qui succèdent. C’est l’évolution et c’est tout à fait normal. Il faut qu’on identifie ces intervenants. C’est donc d’abord des pros qui sont bons dans leur domaine et qui ensuite ont envie de passer du temps avec des jeunes et qui vont avoir cette fibre pédagogique. Donc ça, c’est un vrai travail de recruteur. C’est aussi ce qu’on fait. Après, on a aussi des des intervenants qui s’investissent davantage dans l’école, qui passent beaucoup plus de temps. On a aussi des cours, comme on a parlé tout à l’heure, modèle vivant, dessin d’analyse, où là, ce sont souvent des artistes à côté qui passent plus de temps à l’école et qui sont là depuis plusieurs années et qui ont construit un peu le CV avec nous. On a quand même des profs référents qui sont vraiment baignés dans la pédagogie et qui nous aident aussi à faire évoluer notre pédagogie et l’école, et à travailler avec ces étudiants qui changent vite.
Minter Dial [31:17 – 32:37]: Oui, je vais vouloir en parler. En fait, c’est comme ça qu’on s’est rencontrés grâce à mon amie, notre amie Tiffany Assouline, qui était dans ce cadre, quelqu’un pro qui passe en intervenant, et elle m’a fait venir en tant qu’intervenant. Et voilà que mon voyage avec le CV a commencé. Alors, dans la créativité, il y a toujours un côté un peu différent de gérer les créatifs et tout ça, mais il y a un mot qui me paraît super important et c’est la beauté. Car en fait, quand on parle de UX, UI, de l’architecture en intérieur et tout ça, c’est quoi la beauté ? Et de mon point de vue, C’est un mot, un concept, un terme qui a beaucoup évolué. Alors que c’est quasiment une vertu, c’est quasiment quelque chose inscrit dans notre humanité civilisée, et encore, ça a commencé peut-être avant d’être civilisé, Mais comment le discours, le débat autour de la beauté a évolué chez vous ?
Alexia Moity [32:37 – 34:36]: On ne forme pas au beau, je dirais que ce n’est pas le sujet. Parfois, on va opposer le beau et l’efficace. Il y a des questions un peu philosophiques qu’on fait travailler les étudiants. Est-ce que le beau est efficace ? Voilà, chacun va y trouver sa réponse. Il y a des tendances graphiques, des tendances créatives, des tendances de design qui évoluent et nos étudiants sont formés à ces tendances. Déjà, ils sont formés à l’histoire de l’art, aux différents mouvements qui sont quand même des mouvements qui sont solides, qui sont les bases. Il y en a plein des différents, ou en architecture, ou en design, ou en animation. Il y a des mouvements, il y a des tendances, il y a des pays aussi qui sont quand même leads. Donc, en fait, on ne leur apprend pas ça, c’est beau, ça, ce n’est pas beau. On les forme à toutes les tendances qui existent, à tous les mouvements. Et après, on leur apprend à composer une image pour qu’elle soit qu’elle soit bien composée, qu’elle soit équilibrée quand il faut de la profondeur. Il y a tous les éléments pour qu’il soit composé. Et après, il y a des styles différents et il y a des personnalités créatives. Et en plus, chacun, on peut le regarder quand on va chez les gens, les intérieurs des uns et des autres. Oui, on ne met pas les mêmes choses dans nos intérieurs. On ne se sent pas à l’aise dans tous les intérieurs. Et c’est bien comme ça. En fait, on n’est pas des robots et on n’est pas des copiers-collés. On a tous des personnalités différentes. Si on met des livres qu’on lit, parce que la créativité, elle n’est pas que… Quels sont les livres qu’on lit ? On a tous des choses différentes. Les BD, on ne va pas tous aller vers le même style de BD, par exemple. Il y a des choses qui nous parlent.
Minter Dial [34:36 – 34:39]: Quoi ? Tu ne lis pas Tintin ? Qu’est-ce que c’est que ça ?
Alexia Moity [34:39 – 37:14]: Voilà, moi je lis Tintin, l’autre ne le lit pas et on se demande pourquoi. Il y en a qui vont être plutôt sur des films très américains avec des super héros et d’autres qui vont plutôt être tournés vers le style japonais, les mangas, d’autres encore vers du style français. En fait, il y a plein de choses différentes et il n’y en a pas un qui s’oppose à l’autre. Il y a différents styles. qui s’adaptent aux personnalités créatives. C’est super que tu me poses cette question, parce qu’à l’ECV, une chose importante, c’est qu’on respecte la personnalité créative de nos étudiants. Ils n’arrivent pas ici pour se mettre dans un moule. On ne veut pas qu’ils sortent tous pareils. Pour nous, ils ont tous une personnalité créative. Forcément, en arrivant, ils l’ont déjà. Et notre travail, c’est de l’explorer, de la faire un peu exploser, en tout cas de l’alimenter et qu’il sache jouer avec, qu’ils sachent l’apprivoiser, parce que ce n’est pas toujours évident, apprivoiser leur potentiel créatif, qu’ils sachent aussi un peu où est le cadre dans lequel je vais explorer ça. Et puis surtout, nous, on ne veut pas qu’ils sortent tous pareils. Donc, il faut qu’ils sachent jouer avec et qu’ils assument leur personnalité créative. Ça, c’est une de nos missions principales, c’est celle-là. Et qu’ils puissent ensuite trouver leur chemin en tant que créatifs. On ne forme pas des artistes, on forme des créatifs. On est vraiment sur de l’art appliqué. Donc nous, on met un cadre autour. Il y a forcément un cadre. Un directeur artistique reçoit une commande. Donc il faut qu’il sache répondre à une commande. Quand on est en animation, c’est vrai que là, on peut avoir un côté un peu plus artistique parce qu’il y a Il y a moins de cadres. On peut exprimer ce qu’on veut, mais en général, il y a une commande. Il y a quand même un cadre. Il y a toujours un format à respecter. Je vais sur un long métrage, un court métrage, une série. Il y a toujours ce genre de choses. Ma réponse sur le beau, c’est que le beau est très différent d’une période à l’autre. Je pense qu’il est différent d’une personne à l’autre. Il faut qu’on apprenne à respecter ça. C’est ce que nos étudiants apprennent aussi. C’est qu’en fait, le subjectif n’a pas toujours sa place. On essaye dans l’objectivité et même dans le créatif. Il y a de l’objectivité, bien sûr. On pourrait avoir des titres RNCP, on en a parlé. Il y a des critères d’évaluation, il y a des grilles d’évaluation avec des critères clairement définis. Le subjectif n’a pas sa place.
Minter Dial [37:15 – 39:02]: Les KPIs, on va dire, à partir du moment où on s’est décidé les points de mesure. Ça me fait penser, c’est totalement lié à l’architecture, d’un livre qui est écrit par une émigrée russe qui s’appelle Anne Rand. Le livre s’appelle en anglais « The Fountainhead », en français c’est « La source vive ». et le personnage principal Howard Rourke, il a constamment cette tension entre la beauté, l’esthétisme, et la pragmaticité, l’efficacité. Et c’est vraiment quelque chose d’intéressant. Comme tu dis, la notion de beauté, c’est une autre tendance qui a beaucoup évolué ces temps-là. Et ça me fait penser à la difficulté de gérer à la fois une patte, une fibre artistique, même une colonne vertébrale, pour dire que je pense ça, c’est ma partie prise, c’est ça. face à un client qui a un budget, un brief qui est certain, et quand on est sur ma proposition, ma version, ma définition de beauté, eh bien, il y a l’ego qui est dedans. Et comment c’est pour un créatif, c’est extrêmement important, et parfois, on peut être fleur de peau pour avoir beaucoup géré les créatifs aussi. Et pour être un créatif, je comprends que ça peut être compliqué, car en fait, On doit dire oui au client. Et parfois, je m’en souviens, quelle bataille je pouvais avoir avec mes interlocuteurs dans une agence de pub. « Non, non, non, ça, tu n’en sais rien. C’est moi qui sais ce qu’est la beauté. » Oui, mais je suis le client quand même.
Alexia Moity [39:02 – 40:10]: Oui, oui. Oui, non, mais c’est… C’est toujours le cas. C’est assez intemporel, pour le coup. Un créatif est souvent émotif. Les émotions et la création, c’est deux choses qui vont ensemble. Clairement, on a aujourd’hui, nous, des étudiants dont l’émotivité est présente. Et même souvent, l’idée va… guider leurs choix, leurs comportements. Le côté rationnel n’est pas forcément ce qui les définit le mieux. Et nous, on les accompagne pour leur apprendre à gérer ses émotions, parce que ça, c’est un vrai défi pour eux, c’est gérer ses émotions. Et en fonction du cursus, on a des étudiants plus ou moins émotifs. Clairement, quand on va sur de l’animation, par exemple, c’est là où la créativité de l’artistique est plus présente, c’est là où on a des étudiants où l’émotivité est la plus forte. Mais l’émotivité est souvent aussi signe de talent et de grande créativité.
Minter Dial [40:11 – 40:12]: Et d’intelligence.
Alexia Moity [40:12 – 40:26]: Mais oui, tout à fait. Et l’étudiant qui arrive à gérer ses émotions, en général, parce que surtout, on ne veut pas étouffer les émotions. Ce n’est pas le sujet parce qu’elles sont moteurs pour eux. Donc, il ne faut pas les étouffer.
Minter Dial [40:27 – 40:36]: Non, mais Alexia, elles existent chez tout le monde. Même un PDG ingénieur de grande école, il en a.
Alexia Moity [40:37 – 42:06]: Oui, mais chez nous, elles sont exacerbées. Elles sont toutes sortes. Voilà, et ils apprennent un peu, ils ne savent pas quoi en faire, ça déborde. Et c’est aussi pour ça qu’ils passent par la créativité pour s’exprimer, parce qu’ils en ont besoin, en fait, c’est là. Et puis, moi, je comprends aussi ces créatifs qui ont beaucoup de frustration. Souvent, c’est beaucoup de frustration parce qu’ils donnent énormément d’eux. Ce sont des idées qu’ils ont, qui viennent d’eux, qu’ils ont fait vivre, qu’ils ont alimenté, qu’ils ont fait progresser. Et d’un seul coup, on leur dit non. Ben ouais, c’est difficile. C’est difficile pour eux de se dire OK, cette idée, je vais l’enterrer. Il faut que j’aille en chercher une autre. C’est un processus un peu de deuil de l’idée. Pour certains, ça peut prendre un peu de temps. Ils apprennent aussi à se battre pour leurs idées, à les vendre, à les présenter, à les mettre en allant, à les mettre en valeur. Ça, si c’est un gros de notre travail, c’est que parfois ils ne savent pas bien présenter leur travail. Et du coup, un travail mal présenté, il a moins de valeur qu’un travail qui est peut-être rationnellement moins bon, mais qui va être super bien présenté, va d’un second prendre plus de valeur. Donc ça aussi c’est un vrai travail parce que nous on n’a pas des commerciaux, on a vraiment des créatifs et argumenter sur leur création c’est un challenge pour eux.
Minter Dial [42:06 – 43:28]: C’est un challenge pour tout créatif et se vendre déjà c’est toujours un peu compliqué selon la personnalité, moi et toi étant plutôt jaune de personnalité, plutôt extravagante, enfin en tout cas extravertie, et ça aide dans le mode de commerce. Ce que j’aime beaucoup dans cette démarche de CV, ce qui m’a beaucoup attiré, c’est cette pragmaticité. Car en fait, vous formez des étudiants à être dans la vraie vie. Vous êtes vraiment centré sur les besoins d’or. Vous allez chercher comment faire une présentation devant un professionnel, alors que j’ai envie de dire que l’éducation nationale est loin de là. Mais il y a un sujet qui est sous-jacent à tout ce dont on parlait à l’instant, qui est aussi important partout, c’est le problème de santé mentale. Et ça aussi, c’est une autre grosse tendance, grosse vague que dans tous les pays occidentaux, j’ai envie de dire partout mais je ne connais pas les chiffres partout, c’est augmentant. On a droit à en parler, donc ça permet de parler plus. C’est pour ça qu’on en parle plus. En revanche, les indices montrent que l’anxiété, la dépression, le suicide, c’est beaucoup plus fort. Je me demande comment vous gérez ça dans le cadre de l’école.
Alexia Moity [43:30 – 44:27]: C’est un vrai sujet. Oui, ça augmente. Oui, c’est de plus en plus fort. Il y a un après et un avant Covid aussi. Je ne sais pas si c’est le Covid qui… Je vous avoue que j’ai des limites, mais est-ce que c’est le Covid qui a amené qu’il y ait plus de cas, ou en tout cas, ça fait qu’on s’est un petit peu plus regardé, nous, on s’est renforcé sur nous, donc les choses se sont… multiplié. Il y a la libération de la parole aussi, qui fait qu’aujourd’hui, oui, nos étudiants sont exposés. Ils sont quand même jeunes. Ils ont en gros entre 17, 18 ans et on peut en avoir jusqu’à 25, 26, 27, 28 ans. Et on a déjà beaucoup de cas de dépression, de détresse psychologique, divers et variés. Tous les cas sont représentés. Sur le campus parisien, 1000 étudiants Bon ben voilà, on a tout.
Minter Dial [44:27 – 44:29]: Forcément.
Alexia Moity [44:29 – 47:18]: Voilà, forcément. Donc déjà avant le Covid, on s’était déjà posé des questions, il y avait déjà eu des petits accompagnements mis en place, mais ça a été renforcé. Nous, dans tous les campus à l’ECV, quelles que soient les villes, mais je peux t’expliquer comment ça marchait à Paris, On a une psychoéducatrice qui intervient chez nous. Elle est présente plusieurs jours par mois sur les campus. En fait, elle est quasiment deux à trois jours par mois sur chaque campus et les étudiants peuvent prendre rendez-vous avec elle. pour leur permettre déjà de déverser, de trouver un appui. Et en fait, elle les guide. Elle n’est pas psychologue, elle ne va pas faire le rôle de psy, mais elle va les aider à mettre un peu des priorités et surtout à les aider dans leur parcours d’aide, les renvoyer vers les bonnes personnes. Certains ont juste besoin de déverser pour reprendre un peu pied et d’autres ont vraiment besoin d’un accompagnement. Donc déjà, elle va faire le tri un peu là-dessus. et puis les accompagner derrière pour un vrai accompagnement solide. Ce sont des choses qui se font de façon anonyme pour que tout le monde puisse être à l’aise avec ça. Donc ça, c’est une première chose. Il faut avoir conscience maintenant que dans nos écoles d’enseignement supérieur privé, on met en place de l’accompagnement psychologique pour nos étudiants. C’est nécessaire, en fait. Aujourd’hui, on ne pourrait plus faire sans, parce que si on ne le met pas en place, c’est l’équipe pédagogique qui fait tampon, qui reçoit tout ça. Et au début, c’est ce qui s’est passé. On a reçu tout ça. C’est hyper lourd à porter. Après, on rentre chez nous avec des dossiers qu’on n’a pas forcément envie d’ouvrir. En tout cas, nous, on n’est pas armé pour gérer ça. On n’est pas formé à ça. On n’est pas armé pour ça. Et donc, il a fallu qu’on s’organise différemment parce qu’on a eu des équipes qui ont été ébranlées par ce genre de sujet. Donc, ça permet à l’équipe pédagogique d’être plus concentrée, de prendre un peu plus de distance par rapport à tout ça, même si on est toujours concerné et on s’en rend compte. Mais voilà, on a aujourd’hui aussi en place des référents handicap dans chaque campus. Il y a des référents handicap, sachant qu’il faut avoir en tête qu’en fait, le handicap est très large, très varié et pour 80 % des handicaps, il est invisible. On peut parler des handicaps classiques qui sont les dys, dyslexie, dysorthographie, voilà, il y a beaucoup de dys. Mais il y a aussi tout ce qui est TDAHA, il y a les troubles de l’attention, donc il y a aussi les phobies scolaires, les phobies par rapport au…
Minter Dial [47:18 – 47:21]: L’échec ! La phobie d’échec !
Alexia Moity [47:21 – 47:22]: Mais oui !
Minter Dial [47:22 – 47:23]: La phobie de la mort…
Alexia Moity [47:24 – 50:01]: Je ne peux plus prendre les transports, je ne peux plus être dans la rue. Quand on est à Paris, il y a un moment où tu te retrouves forcément dans un bus, dans le métro, il y a du monde. Donc on a des personnes qui sont formées à ça. et qui sont en contact avec les personnes qui sont concernées. Et on peut donc derrière essayer d’adapter le parcours scolaire. On n’adapte pas la pédagogie, on n’adapte pas le diplôme qui est au bout. Par contre, on va essayer d’adapter au mieux qu’on peut le parcours. Donc il y a plein de choses différentes. Ça a pris beaucoup de place, de plus en plus. Parce que le handicap, c’est pas simplement, c’est déjà pas mal, mais j’ai un problème de mobilité. Souvent, on le voit comme ça, j’ai un problème de mobilité parce que c’est physique, ça se voit, mais c’est beaucoup plus large que ça. Et nous, dans nos étudiants qui ont des problèmes de mobilité, on en a, mais ils sont à la marge par rapport à tous les autres cas. de handicaps qui peuvent exister. Ça peut aussi être des maladies comme l’endométriose. On a des étudiantes touchées par l’endométriose qui ont des crises graves et qu’il faut accompagner parce que forcément, elles vont avoir des ruptures de parcours réguliers. Et comment on peut accompagner ça ? Donc ça, on fait aussi partie. Les troubles de l’attention et donc une dépression, derrière, est reconnue, va rentrer dans ça. C’est un spectre un peu plus large, mais on a aussi aujourd’hui des référents qu’on appelle VSS, violence sexiste et sexuelle. Des membres de l’équipe, moi je suis formée à ça, des membres des équipes dans tous les campus sont formés à ça, pour être capables de recueillir les témoignages. et de lancer des processus derrière pour traiter l’information. C’est des mots très froids, mais comment on fait quand une étudiante vient nous voir pour nous raconter Ça, c’est passé dans le cadre de l’école ou pas. D’ailleurs, souvent, ce n’est pas dans le cadre de l’école. Donc, tu vois, c’est très large, mais dans une école, aujourd’hui, ce n’est pas juste… J’ai des profs et une équipe pédagogique qui fait des plannings. Il y a évidemment la prise en compte de l’humain qui est complexe et qu’on essaie d’intégrer dans nos réflexions aussi, d’accompagnement. Notre objectif étant toujours le même, que nos étudiants réussissent. et s’intègrent dans le milieu professionnel. Et donc, notre objectif, c’est de les accompagner vers cette réussite. Mais en fait, le chemin n’est pas toujours tout droit.
Minter Dial [50:02 – 50:32]: Eh bien, merci d’avoir témoigné de tout ça Alexia, parce qu’en fait, évidemment, je suis parent, je le vois de près, par ailleurs, et j’imagine combien c’est difficile, mais ça me fait penser à un autre groupe, les parents, car en fait, par le passé, le parent déposait l’enfant, l’enfant faisait l’école, on récupérait. Dans un temps dinosaurique !
Alexia Moity [50:32 – 51:18]: Oui, ils sont impliqués maintenant. Honnêtement, ça reste encore, je trouve, plutôt équilibré. En vrai, à 80 % des cas, les parents essaient de responsabiliser leurs enfants. Et donc, voilà, fais tout seul, fais tes choix, assume, etc. Après, il y a une partie de nos étudiants qui financent leurs études, donc les parents payent. Après, on a une grande partie où l’alternance prend le relais. Donc là, les parents sortent du sujet puisque le responsable financier, c’est l’entreprise. Donc, on a des étudiants majeurs, il faut l’avoir en tête, ils sont majeurs. Et quand c’est l’entreprise qui finance, le parent n’est plus dans l’équation, a priori. En tout cas, il n’est plus dans la nôtre.
Minter Dial [51:19 – 51:51]: Je voudrais terminer sur un dernier sujet, Alexia, qui est sur le leadership. Car en fait, ça fait dix ans que tu es à la tête de tout ce que tu fais, et c’est un sujet qui me touche à cœur, l’histoire du leadership et l’évolution du leadership. Sur tes dix ans, quelle évolution as-tu sentie pour le leadership ? Qu’est-ce que tu penses être le leader moderne ? Qu’est-ce dont tu as besoin, la qualité d’un leader moderne ?