Nombreux sont mes fidèles lectrices et lecteurs à me demander si je me désintéresse de la chose publique au point de ne plus signer de coups de cœur ou de gueule (jamais de coups de poings !) sur mon blog LAPORTEPLUME. Leur agréable insistance me pousse à vous confier quelques précisions concernant mon interprétation des évènements en cours.
D’abord :
-Je ne me sens aucune légitimité pour m’adonner au sport favori du moment qui consiste à tenter de convaincre ses concitoyens de choisir tel parti, telle machine de pouvoir, tel candidat de telle idéologie ou secte présents sur le redoutable échiquier de notre temps ! L’un de mes anciens professeurs de philosophie très sage répétait souvent à ses étudiants : « Dans convaincre, il y a vaincre et con. Convaincre, c’est vouloir vaincre un con ! » Je n’ai jamais eu l’impression d’être environné de « cons », jamais été tenté par la victoire sur qui que ce soit (sauf dans un très lointain passé dans la course de 100 m où j’excellais à couper la laine blanche le premier, chacun dans son couloir, chacun respectant l’autre, tous respectant l’ordre d’arrivée.)
-Je ne me reconnais pas le droit de piétiner le jardin secret de mes contemporains, de forcer leur solitude de personnes autonomes et responsables, d'enfoncer un coin de prétentieuse certitude dans leurs convictions, leurs hésitations, leurs références à une culture familiale, sociale, professionnelle... héritée d’expériences de vie parfois douloureuses.
Ensuite :
-Je me garde de faire confiance à tous les parlementaires sortants de toutes inspirations qui, candidats à la nouvelle écharpe, prétendent vouloir « renverser la table » pour remettre de l’ordre dans notre État convulsif aujourd’hui alors que, pour sauver leur siège de velours cramoisi si bien adapté à leurs fesses, ils ont conforté hier cet État dérivant dans ses perversions en refusant de signer les multiples motions de censure qui auraient pu au moins le bousculer, le forcer à se poser des questions, au mieux le remettre sur de bon rails.
-Je refuse de partager l’affrontement apparent d’appareils politiciens qui prétendent se combattre devant les caméras de télévision à coups de fausses étiquettes et d’insultes de corps de garde, alors que leur seul objectif est de sauver le système actuel seul garant du confort matériel de leurs représentants (ne viennent-ils pas de voter sans anicroche une augmentation appréciable de leurs indemnités tandis qu’une grande partie du peuple crève de faim ?)
Enfin :
-Je ne veux pas m’attribuer l’aptitude à donner des conseils (encore moins des consignes !) de vote à qui que ce soit, d’où qu’il vienne, où qu’il aille, quoi qu’il fasse, abandonnant ce « privilège » aux « élites » autoproclamées dont regorge notre pays à tous les niveaux dits « supérieurs » de sa culture, de sa justice, de ses sociétés et cabinets, de son université, de son armée, de ses patronat et syndicats. Je ne veux pas m’attribuer cette aptitude à guider qui que ce soit dans sa démarche d’électeur parce que, malgré quarante-deux ans de vie professionnelle à des postes d’encadrement dans des milieux aussi divers que : Éducation nationale, inspection d’assurances, industrie, agriculture, malgré mes galons de Capitaine honoraire d’infanterie acquis durant mon service militaire citoyen à Saint-Cyr, malgré des responsabilités d’élu tant de la cité que du milieu culturel, malgré plus d’un demi-siècle de partage d’écriture et de publications (premier livre édité : avril 1968) … je sais que rien ne me distingue de l’autre, mon autre moi-même, mon égal en connaissance et mouvements du cœur, que je ne suis pas plus sachant, plus connaissant… que je ne suis qu’un apprenti de la vie, comme Elle, comme Lui !En conclusion :
-Je n’ai rien à offrir d’autre à mes contemporains que ce que proposent mes livres et films. Toutes mes pensées susceptibles d’ouvrir des voies de paix dans notre monde convulsif, toutes mes émotions dont le partage peut maintenir largement ouvert le champ de vision de chacune et chacun que les malades de pouvoir tentent de rétrécir chaque jour davantage… tout cela s’y trouve : le respect des Humbles dont le travail n’est jamais reconnu par les puissants, la juste place de la Femme dans notre société et la ferme condamnation des violences qu’elle subit au quotidien, la connaissance et le respect de notre histoire et de notre patrimoine, les vertus de l’indispensable École républicaine, celle du temps où elle n’était pas réduite à l’état de décombres par ceux-là mêmes (toutes tendances confondues) qui prétendent la défendre en la ruinant aujourd’hui.
Tout s’y trouve que j’ai approché, parfois fréquenté, qui nourrit mon travail quotidien, que je propose au partage. Partager, pas convaincre… pas vaincre !
Partager comme l’ouvrier fier de son travail aime le faire, pour le plaisir de grandir ensemble en humanité. A l’instar de mes parents ouvriers de filature, je ne me prends pas pour un conseilleur jamais payeur : je suis un Ouvrier des Lettres. Rien de plus, rien de moins. Ouvrier des Lettres !
Voilà pourquoi mon blog est resté silencieux très (trop ?) longtemps.
Écrire et lire, c’est résister. Ensemble… RÉSISTONS !
Bon exercice des devoir et plaisir citoyens à chacune et chacun, libre, libre, libre… en son âme et conscience !
Fraternité.