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[Critique] Mars Express de Jérémie Périn

Par Mespetitesvues
[Critique] Mars Express Jérémie Périn

Synopsis: En l'an 2200, Aline Ruby, détective privée obstinée (voix de Léa Drucker), et Carlos Rivera, son partenaire androïde (voix de Daniel Njo Lobé), sont embauchés par un riche homme d'affaires afin de capturer une célèbre hackeuse, habitant la Terre. De retour sur Mars, une nouvelle affaire va les conduire à s'aventurer dans les entrailles de Noctis, la capitale martienne, à la recherche de Jun Chow, une étudiante en cybernétique disparue. Noctis est leur ville, une utopie libertarienne rendue possible par les progrès en robotique, emblème d'un futur tourné vers les étoiles. Au fil de leur enquête, ils seront confrontés aux plus sombres secrets de leur cité ; ses institutions corrompues, ses trafics, ses fermes cérébrales, et les magouilles des toutes puissantes corporations. Mais des tueurs cyber augmentés ont eux aussi pris pour cible Jun Chow. Aline et Carlos se lancent dans une course désespérée pour sauver cette jeune femme qui, sans le savoir, détient un secret capable de menacer l'équilibre précaire sur lequel repose leur civilisation.

Sortie le 28 juin 2024, à la Cinémathèque québécoise.

Présenté en sélection officielle lors du Festival de Cannes 2023 et en compétition au Festival international du film d'animation d'Annecy 2023, Mars Express a remporté en octobre l'an dernier le Prix du public (section Temps Ø) au Festival du Nouveau Cinéma. Il s'agit d'une oeuvre de science-fiction tout ce qu'il y a de plus classique, campée dans un futur hyper-technologique, dans lequel les humains et les robots se côtoient pacifiquement après s'être partagé les tâches et le monde.

Jérémie Périn et Laurent Sarfati, son coscénariste, tracent les contours d'un monde froid et implacable, peuplé de personnages ayant à peu près tous quelque chose à cacher. L'histoire, une enquête pour tenter de sauver " l'humanité ", est assez connue, mais s'avère haletante, tant les rebondissements sont nombreux. Au début, on est un peu étourdi par le manque de précisions de certains développements et on se perd un peu dans le jeu de mimétisme qui floute la frontière entre les humanoïdes métalliques et les " vrais gens ". Toutefois, le parallèle qui s'établit entre les uns et les autres est assez subtil, puisque le bien et le mal sont inscrits à parts égales dans chacun des protagonistes.

Au fur et à mesure que l'intrigue se concentre sur la recherche de la jeune hackeuse de génie - qui détient évidemment les clés de l'avenir - les choses se placent. On se laisse alors captiver par ce monde futuriste inquiétant, fortement inspiré par Blade Runner, et ce casse-tête complexe, digne des meilleurs polars. Les trouvailles scénaristiques ne manquent pas (les fermes cérébrales, les étudiants qui vendent leur savoir pour survivre...), la mise en scène est alerte, les séquences d'actions sont menées rondement dans le plus pur style des mangas japonais, tandis que les moments les moins échevelés (il y en a assez peu) laissent place à un humour assez cinglant. Les dialogues et les voix (bonne idée d'avoir été chercher Marthe Keller!) étant du reste l'un des points forts du film.

En somme, Mars Express est une réflexion intéressante et peut-être un avertissement lucide sur la place qu'occupe (ou que doit prendre de force) l'humain dans un monde connecté et robotisé à l'envi. Et dans la mesure ou ressortent ici et là quelques caractéristiques déjà en germe ou même présentes dans nos vies, le monde dystopique de Mars Express n'est pas si rassurant que cela. À méditer.


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