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« Je suis verticale » de Sylvia Plath (poème)

Par Etcetera
suis verticale Sylvia Plath (poème)

J’ai relu récemment le très sombre et superbe recueil de Sylvia Plath « Arbres d’hiver » et j’ai eu envie de partager ici ce poème. 
Une manière d’envisager la mort comme un retour à la nature – une communication secrète et intime avec les arbres et les fleurs. J’ai trouvé que c’était un beau texte et pas aussi lugubre ou désespérant que son thème ne le laisserait craindre a priori. Tout du moins, un climat apaisé, un regard aimant et admiratif sur les végétaux, rendent sans doute moins violent le désir de « repos définitif » exprimé de façon plus ou moins claire, du début à la fin de ce poème.
L’évocation de l’amour maternel, au troisième vers, me semble un aveu poignant, de la part de Sylvia Plath : elle attribue certains sentiments aux arbres pour mieux dénoncer leur absence dans son propre cœur. Comme une manière pudique et détournée de décrire son propre mal-être.  

Je vous propose cette lecture dans le cadre de mon Mois Américain de juin 2024.

Note Pratique sur le livre

Editeur : Poésie/Gallimard
Date de première publication : 1971 (posthume), en français : 1999
Traduit de l’anglais américain par Valérie Rouzeau et Françoise Morvan
Nombre de pages : 288

Note biographique succincte sur la poète

Sylvia Plath, née le 27 octobre 1932 dans la banlieue de Boston est une écrivaine et poétesse américaine, autrice de poèmes, d’un roman, de nouvelles, de livres pour enfants et d’essais. Souffrant de dépression depuis sa jeunesse, elle a raconté cette expérience dans « La Cloche de détresse » (1963), un roman d’inspiration autobiographique. Elle se marie avec le poète anglais Ted Hughes en 1956 et ils ont deux enfants. Ils vivent d’abord aux Etats-Unis, de 1957 à 1959, puis s’installent en Angleterre. Le couple ne s’entend pas, il lui fait subir des violences. Ils se séparent en 1962. Sylvia Plath se suicide par le gaz le 11 février 1963. Pour l’essentiel, son œuvre sera publiée de façon posthume : Ariel en 1966, Arbres d’hiver en 1971.

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Page 67

Je suis verticale

Mais je voudrais être horizontale.
Je ne suis pas un arbre dont les racines en terre
Absorbent les minéraux et l’amour maternel
Pour qu’à chaque mois de mars je brille de toutes mes feuilles,
Je ne suis pas non plus la beauté d’un massif
Suscitant des Oh et des Ah et grimée de couleurs vives,
Ignorant que bientôt je perdrai mes pétales.
Comparés à moi, un arbre est immortel
Et une fleur assez petite mais plus saisissante,
Et il me manque la longévité de l’un, l’audace de l’autre.

Ce soir dans la lumière infinitésimale des étoiles,
Les arbres et les fleurs ont répandu leur fraîche odeur.
Je marche parmi eux, mais aucun d’eux n’y prête attention.
Parfois je pense que lorsque je suis endormie
Je dois leur ressembler à la perfection –
Pensées devenues vagues.
Ce sera plus naturel pour moi, de reposer. 
Alors le ciel et moi converserons à cœur ouvert,
Et je serai utile quand je reposerai définitivement :
Alors peut-être les arbres pourront-ils me toucher, et les fleurs m’accorder du temps.


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