Pendant les vacances, il est de tradition de s’offrir un « bon » restaurant. Les deux dernières fois en Bretagne, nous étions descendus au « Le Saison » à St Grégoire où nous avions passés deux très belles soirées.
Cette année, nous souhaitions changer d’endroit, pour diverses raisons. Notre problématique était de trouver un étoilé de rapport qualité/prix intéressant et dont la carte n’était pas exclusivement tournée vers les crustacés et les fruits de mer, pour cause d’allergie. Après quelques recherches, notre choix s’est porté vers le Restaurant de la Butte, sis à Plouider et tenu par le chef Nicolas Conraux.
Salle résolument moderne et épurée, mais agrémentée de décorations inspirantes : moquette au sol, tables en bois, décorations en pierre, tenue « bretonne » des serveurs, … Tout est prêt pour profiter avec quiétude de l’instant.
Pour cette première expérience, nous avons choisi le menu « Expérience » décliné en 9 services …
On commence par une quadrilogie de beurres, superlative, gourmande et qui demande à y revenir, l’ensemble étant servi par un pain de compétition. Kraz’ Coques Remplacé par un amuse-bouche sur une base artichaut (mise en bouche gourmande)Estran, algues et chanvre (salade marine végétarienne revisitée)
Lieu jaune de ligne (peau à base de citrons et sauce au beurre blanc) Le Jusant (excellent)
Agneau des prés salés, petits pois (cuisson millimétrée et sauce tip top)
L’ormeau d’élevage de Sylvain Remplacé par un plat végétal sur une base chou-fleur et condiments (belle trilogie de chou-fleur)
Petite pêche, condiment umami (cuisson al dente du poisson, sauce gourmande)
Fraises préservées, Hydrolat de mélisse (fraîcheur pour se refaire la bouche)
Soufflé de far Breton (un far revisité avec sa glace vanille, tip top)
Pour accompagner le repas, nous nous sommes orientés vers un accord mets et vins en quatre services, sachant que pour l’agneau, nous avions décidé d’un verre de rouge bien spécifique (ce qui fera un total de 5 verres) :
AOP Vin de Savoie, Jacquère, Giant Step 2022, Ludovic Archer: un nez salin, très frais, finement acidulé, une pointe curry sans notes oxydatives. Bouche tonique, vive, avec un joli gras. De la structure. Finale charmeuse, fine, presque semi-perlante. Avec l’estran, le vin prend de l’allonge et une aromatique sur le zan. Une jacquère sérieuse, vineuse, très surprenante. Très Bien
Chablis, Montserre 2020, château de Béru: un nez très cristallin, frais, une pointe aromatique sur la menthe. Impression d’élevage semi-oxydatif bien dosé. Bouche à l’avenant, tendue, minérale, légèrement évoluée. Belle construction avec de la structure. Finale sur une rétro-olfaction fraîche, saline, salivante. Découvert d’un Chablis non classique. Très Bien ++
Irouléguy, cuvée Haitza 2016, domaine Arretxea: un nez explosif, qui explose de fruit. C’est sérieux, structuré et profond. Notes de fruits noirs, d’épices douces et de réglisse. Bouche corpulente et charmeuse, de jolis tannins déjà bien polissés, une amertume dosée comme il se doit. Finale suave, avec toujours cette profondeur, cette structure et cette fine amertume Excellent +
Mâcon Cruzille, les Chassagnes 2021, domaine du Clos des Vignes du Mayne (Julien Guillot): un nez frais et dense, un peu type « Dureuil Janthial ». Notes aromatiques opulentes, sans lourdeur. Bouche qui présente une forme de rondeur, dessinant un chardonnay salin et provoquant une grande salivation. Belle finale vibrante, avec du volume et de la persistance. Excellent
Jura, Vin de liqueur, Kilt, domaine des Bottes Rouges (Jean-Baptiste Ménigoz): un nez clairement sur l’oxydatif, mais plutôt « macvin » que « jaune ». Impression corpulente sur une base d’amertume fine et de notes exotiques complexes (muscade, fruits confits, pointe rôtie). Bouche en plein accord, une sorte de macvin avec un supplément d’élégance, avec en toile de fond toujours ces amers fins, cette acidité intégrée et cette longue fraîcheur saline. Finale jurassienne, légère, sur la peau de noix et une sucrosité mesurée. Superbe avec le far revisité (far + glace vanille). Excellent ++
Une très belle découverte que ce restaurant dont l’inspiration locale est forte, les associations toujours juste, le côté « écologisme » maîtrisé jusque dans les plats « végétariens » et la présentation sans accrocs.
Service décontracté, professionnel et à l’écoute. Sommelier précis dans ses choix, qui auraient pu paraître a priori déroutants, mais les accords étaient subtils et originaux. Le chef est venu nous saluer à la fin du repas. Nous l’avons bien évidemment félicité.
Une expérience à renouveler, sans doute sur un menu totalement végétarien et en laissant une nouvelle fois la main au sommelier pour les vins.
Une très grande adresse à conserver.
Bruno