[Critique] Marie-Line et son juge de Jean-Pierre Améris

L'histoire: Marie-Line (Louane Emera) est dans la jeune vingtaine et ne sait toujours pas ce qu'elle a envie de faire dans la vie. Pour l'instant, elle est serveuse dans un bar du centre-ville du Havre, et vit encore chez son père (Philippe Rebbot), immobilisé à la maison après un grave accident du travail. Le problème c'est qu'en plus d'être un peu trop énergique et indisciplinée, Marie-Line n'a pas la langue dans sa poche. Alors, lorsque, coup-sur-coup, elle se fait plaquer par son copain (Victor Belmondo) et perd son emploi, la voilà dans une sacrée panade. Sa rencontre avec un juge bougon et déprimé (Michel Blanc) va bouleverser sa vie. D'abord engagée comme chauffeure temporaire, elle devient son indispensable confidente.

En salle au Québec le 28 juin 2024

Actif dans le métier depuis plus de trente ans, Jean-Pierre Améris mène une carrière cosmopolite, qui n'a jamais vraiment confirmé les éloges reçues à ses débuts, notamment avec Les aveux de l'innocent, deuxième long métrage multiprimé à Cannes en 1996. D'abord orienté vers le drame psychologique, sa filmographie semble, au tournant des années 2010, s'orienter vers une forme de mélancolie plus légère avec Les émotifs anonymes, qui reste à mes yeux son meilleur film, et de loin.

Non pas que Marie-Line et son juge soit mauvais. Le scénario de Marion Michau et Jean-Pierre Améris - adapté du roman Changer le sens des rivières de Murielle Magellan - contient ce qu'il faut pour livrer à une gentille petite vue estivale. Qui se distingue surtout par ses dialogues mordants et le regard un tantinet provocateur sur les rapports de classe.

Marie-Line et son juge se démarque surtout par la complémentarité de ses deux vedettes. Michel Blanc en homme de loi sûr de lui, instruit et démocrate, mais passant son temps à noyer dans l'alcool ses problèmes personnels; et Louane Emera ( La famille Bélier), jeune prolétaire dynamique et alerte, mais confuse quant au sens à donner à sa vie.

Leur réunion va donner des étincelles, va faire sortir le chat du sac, parvenant au final à livrer ce que l'on espérait: une comédie rafraîchissante, tendre et drôle à la fois, sans pathos ni prétention, et sans autre ambition que de divertir pendant 90 minutes.

Cela dit, il y a quand même pas mal de concessions à faire pour être pleinement satisfait. Certains développements sont aussi improbables que prévisibles, des personnages archétypaux au possible finissent par taper sur les nerfs (la soeur délinquante, le père meurtri) et le message du vivre ensemble républicain est tout de même assez appuyé.