Envole-moi
Auteur : Valérie Allam
Éditions : du Caïman (2 Juin 2022)
ISBN : 978-2493739018
282 pages
Quatrième de couverture
Valérie Allam signe avec « Envole-moi » un grand roman, très noir et très poétique. Une symbolique, les oiseaux. Corbeaux, corneilles, oiseaux noirs, qui traverseront l’ensemble du récit et dont la mission sacrée, depuis la nuit des temps, est d’accompagner les morts dans l’au-delà.
Mon avis
D’abord il y a celui qui écrit, il parle peu ou carrément plus, mais c’est lui qui nous fait rentrer dans le récit en disant « je ». Il aime les oiseaux, un en particulier. Il leur donne une place dans sa vie. Son quotidien est trouble, troublant, troublé …. Rien n’est net, rien n’est sûr, on le comprend très vite.
Alors trois choix, oui, on va dire trois, s’offrent à nous :
- laisser le livre sur une table, le prendre de temps en temps pour essayer de
lire, jusqu’au jour où la magie, peut-être, opérera.
- commencer et abandonner en grommelant « elle veut en venir où avec cette
histoire ? »
- lire d’un coup, comme ça, c’est fait…
Finalement, c’est le livre qui s’est imposé à moi avec la première solution. Est arrivé un moment où j’étais sans doute prête à entrer dans l’univers que Valérie Allam a choisi de nous offrir avec cet opus.
Peu de dialogues, les plus marquants sont ceux d’une femme et de sa psychologue. Les personnages se croisent sans doute mais pas forcément en se voyant, en se côtoyant. Ils peuvent s’observer, se surveiller, s’espionner, ou vivre l’un à côté de l’autre sans vraiment communiquer.
Il y a le silencieux qui vit avec sa mère, qui elle, est obsédée par les cimetières et la mort. Et puis, cette femme qui vient au garage, vendre sa voiture, une fois, deux fois, plus encore… Est-ce qu’elle perd pied, quel est son but ? Veut-elle rencontrer le garagiste ? D’ailleurs lui qui est-il vraiment ?
Lire ce roman, c’est accepter la fantaisie, avec un brin de folie ; l’irrationnel avec une touche de poésie ; l’imprévu, l’impromptu… Il faut oublier les codes, la linéarité, les intrigues avec un début, un milieu, une fin…. Non pas que le texte n’ait pas de sens, bien au contraire.
Car ce recueil parle des vies blessées, des vies secrètes, celles qu’on s’invente pour moins souffrir. Les vies qu’on rêve, ces désirs qu’on tait, car les exprimer, c’est trop dur, des fois que les autres ne comprennent pas, que les montrer les rendent volatiles …
Ce n’est pas gai, c’est plutôt noir, les oiseaux de malheur volent bas, autour de nous, on les sent très présents entre les pages.
L’écriture de Valérie Allam, empreinte de poésie, emporte le lecteur sur d’autres rives, elle le dit elle-même, elle n’avait pas forcément envisagé d’être publiée pour ce titre.
Comme le montre la photo de couverture (magnifique soit dit en pensant), c’est parfois flou, mais ce n’est pas gênant. Il ne faut pas chercher des réponses, il faut se laisser porter par les mots, les phrases, comme lorsqu’on écoute une musique ou une chanson dont on ne sait pas tout mais qui nous émeut.