![Trois Poèmes William Carlos Williams](https://laboucheaoreilles.wordpress.com/wp-content/uploads/2024/01/williams_carlos_poemes_aubier.jpg?w=195)
Dans le cadre de mon Mois Américain voici trois textes du poète du 20ème siècle William Carlos Williams. Il en avait déjà été question lors du dernier Printemps des Artistes car j’avais publié deux de ses poèmes à propos de tableaux de Breughel.
Voici le lien vers l’articledu printemps.
Ces trois textes-ci, datant des années 1930, sont extraits des « Poèmes » publiés par la collection bilingue des éditions de l’Aubier, dans une traduction de Jacqueline Saunier-Ollier, en 1981.
Nota Bene : Je n’ai pas réussi à reproduire la mise en page originale du premier poème, Le Vent forcit. Il comporte des décalages, des retraits, des espacements, qui n’apparaissent pas dans WordPress malgré mes tentatives. Si vous souhaitez retrouver le texte tel qu’en lui même, reportez-vous à la version papier.
2e Nota Bene : Le troisième poème ci-dessous, « Ce n’est que pour dire« , est lu intégralement dans le beau film Paterson de Jim Jarmusch, sorti en 2016.
Biographie du poète
William Carlos Williams (1883-1963) est un poète, traducteur, critique littéraire et romancier américain.
Il est un des grands représentants du modernisme américain, participant aux mouvements de l’imagisme et de l’objectivisme dont il est l’un des membres fondateurs. Sa poésie est d’abord proche de celle d’Ezra Pound puis s’en éloigne. Il cherche à présenter des objets pour leur valeur propre et non dans une perspective métaphysique. Il s’agit aussi pour lui de rendre compte de l’expérience américaine, alors que beaucoup d’écrivains modernistes sont exilés en Europe.
Peu connu pendant de nombreuses années, il acquiert la reconnaissance après la Seconde guerre mondiale, avec ses poèmes Paterson, Asphodèle et Tableaux d’après Breughel, bien que deux de ses poèmes les plus cités, La Brouette rouge et Le Grand Chiffre, aient été publiés dès 1923. Il devient alors une référence majeure pour les écrivains de la Beat Generation.
(Source : Wikipédia)
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Page 157
Le vent forcit
La terre harcelée
est balayée
Les arbres
les crêtes brillantes des
tulipes
se dérobent et
tressautent –
Lâche les rênes
à ton amour
Souffle !
Bon Dieu, qu’est-ce
qu’un poète – si cela existe ?
un homme
dont les mots
mordent
droit
au but – bien réels
pétris
de mouvement
Au bout de chaque rameau
neuf
sur le corps
torturé de la pensée
agrippée
au sol
un chemin
jusqu’au bout de la dernière feuille
(1935)
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Page 142
Fleurs en bord de mer
Quand par-dessus l’arête vive et fleurie
de la prairie, invisible, l’océan salé
soulève sa forme – marguerites et chicorées
liées, déliées, semblent à peine être des fleurs
mais couleur et mouvement – ou la forme
peut-être – de la fièvre, tandis que
la mer encerclée oscille
paisiblement sur sa tige herbacée
(1930)
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Ce n’est que pour dire
que j’ai mangé
les prunes
qui étaient dans
la glacière
et que
sans doute tu
gardais
pour le petit déjeuner
Pardonne-moi
elles étaient délicieuses
si douces
et si froides
(1934)
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