La menace d'Apple sur la banque évolue

Publié le 19 juin 2024 par Patriceb @cestpasmonidee
Deux ans après la présentation de son offre de paiement fractionné, qui marquait sa première entrée de plain-pied dans les métiers de la banque, Apple abandonne la partie et revient à sa stratégie éprouvée de collaboration avec des spécialistes pour la distribution de produits financiers. Une menace de disruption qui s'estompe ? Pas sûr.
Dans le sillage de l'annonce, à l'occasion de sa conférence dédiée aux développeurs, de l'ajout de plusieurs offres de partenaires, la marque à la pomme a logiquement confirmé le retrait de son option dédiée. Outre une extension géographique prometteuse, les utilisateurs gagneront en flexibilité avec cette évolution, puisqu'ils accèderont directement aux facilités de crédit de leur banque, pour les clients d'ANZ en Australie, de CaixaBank en Espagne, de HSBC et Monzo au Royaume-Uni, de Citi, Synchrony et tous les établissements exploitant la plate-forme technologique de Fiserv aux États-Unis.
Enfin, tous les américains, quel que soit leur émetteur de carte, disposeront également de l'intégration du leader du BNPL Affirm. Dans tous les cas, le choix de l'une ou l'autre des solutions de financement, en complément du règlement comptant, apparaît automatiquement dans l'interface d'Apple Pay, autorisant la sélection du mode souhaité juste avant la validation de la transaction. Notons que la communication n'est pas très claire quant à la disponibilité pour les achats en boutique, seuls ceux effectués en ligne (sans discrimination de navigateur web) ou dans les apps étant évoqués.
Aucune précision n'est donnée non plus concernant le devenir du tableau de bord qui représentait un des meilleurs arguments en faveur de l'approche immergée dans le porte-monnaie mobile : espérons que l'intégration avec des fournisseurs tiers comprenne la consolidation des engagements et leur suivi au cœur de l'outil de paiement.

L'arrêt du service en propre d'Apple sera peut-être jugé rassurant par les acteurs du crédit s'inquiétant de l'irruption d'un concurrent d'un tel poids économique et jouissant d'une telle position au premier plan de la relation de paiement avec les consommateurs. Le retour à une politique de partenariats – qui révèle probablement la difficulté, mal anticipée, à pénétrer un domaine d'activité qui lui est largement étranger et s'avère, en particulier, incompatible avec sa dimension globale – leur procurera la satisfaction de pouvoir prétendre à une place privilégiée dans cet écosystème si important.
Il ne faut toutefois pas exagérer la portée de cet accident de parcours : même quand elle déploie des offres externes, Apple prend un soin extrême à la conception d'une expérience client exceptionnelle… qui devient à terme la norme universelle. Les firmes capables de se conformer aux exigences associées auront tout à gagner à la coopération à laquelle elles sont invitées. En revanche, celles qui ne propsoent pas aujourd'hui un système à l'état de l'art, prêt à être embarqué sans coutures dans une plate-forme tierce, restent irrémédiablement exposées à la menace de disruption.