Juin vent d’hiver

Publié le 18 juin 2024 par Nicolas Esse @nicolasesse

C’est un espace-travail rempli d’écrans. Clic font les souris. Clac font les claviers. Un mardi matin professionnel. Dehors, un début d’été délaissé.

Vive le vent
Trois notes sifflées se glissent par la fenêtre.
Vive le vent
Le siffleur est en bas peut-être.
Vive le vent d’hiver
Les têtes se relèvent.
Qui s’en va sifflant, soufflant
Les notes justes et le souffle mutin.
Dans les grands sapins verts

À cloche-pied sur une marelle qui monte au ciel, la gaité a passé la tête par l’entrebâillement de la fenêtre. Ce n’était ni l’instant ni le lieu. Ici, on travaille, madame, monsieur. On n’est pas la pour s’amuser, encore moins pour jouer. Le siffleur a continué, interloqués, nous nous sommes regardés. De cette collision de mondes se produisait un glissement,
vive le vent,
un déplacement, un transport vers un ailleurs, une cour d’immeuble, des enfants peut-être, des balcons surannés, de la poussière blanche et la lumière du sud.
Tirant nonchalamment sur sa mélodie de Noël, le siffleur nous rappelait l’été, les vacances, les nuits où, allongés dans les hautes herbes nous regardions le ciel, sans claviers, sans souris, sans hiers ni lendemains, juste là, rien de plus, rien de moins, juste là, enfouis au plus profond des derniers replis de l’enfance.