Si certains pays connaissent la «grâce présidentielle», c’est-à-dire un pouvoir conféré au président de certains états d’annuler ou d’alléger une peine. Depuis hier, le canton de Vaud vient peut-être d’être le théâtre du premier «coup de grâce présidentiel».
C’est en tout cas l’impression que donnent les propos du radical Pascal Broulis, président du Conseil d’Etat, lorsqu’il se confie aux journalistes Jérôme Cachin et Michaël Rodriguez à propos du futur (?) nouveau Musée des beaux-arts (nMBA) de Bellerive. Le conseiller d’Etat estime que le projet architectural s’apparente à un «acte manqué» et considère que les partisans du projet ne devraient pas trop insister sur sa localisation «au bord du lac» du musée.
Autrement dit, ni le contenant, ni l’emplacement ne conviennent. Dans ces conditions que reste-t-il au projet de nMBA à Bellerive ?
La réponse présidentielle est claire : ce sera un fantastique outil de promotion économique. Un outil de promotion économique ?
Et moi qui croyais que l’on parlait d’art et de culture.
Pour la petite histoire, rappelons que, selon le Vulgaris médical, un acte manqué est «un acte d’apparence illogique, traduisant un désir inconscient, refoulé, exprimé de façon involontaire (par exemple le lapsus). C’est en quelque sorte la révélation involontaire de ce que le sujet ne peut pas exprimer consciemment.» L’encyclopédie ajoute plus loin : «L’acte manqué traduit un ou des échecs, des ratés du comportement qui sont susceptibles de révéler un conflit inconscient.»
Tout un programme en somme.
Le missile envoyé par Pascal Broulis n’a pas l’air, lui, d’être un acte manqué et, surtout, tombe à pic ou très mal, c’est selon, après les déclarations Pierre Keller, un autre radical, qui avouait le 30 juillet dernier à Michaël Rodriguez : «Je suis pour ce projet de musée - comme directeur d’une école d’art, je ne peux pas être contre. Mais je n’ai jamais caché que je n’étais pas totalement pour cette architecture. Le projet a été mal emmanché par l’architecte cantonal et la cheffe des affaires culturelles.»
Il termine sa confession en ajoutant «La mobilisation en faveur du musée est trop pâle et à être trop pâle, on risque de pâtir au verdict. Ce serait vraiment dommage, parce qu’on mérite un musée.»
Quant à Pascal Broulis, il affirme que «Si c’est non, le gouvernement reproposera un nouveau projet.»
Bilan de l’été radical, ou du moins du président du Conseil d’Etat et du directeur de l’Ecole cantonal d’art de Lausanne, en ce qui concerne l’objet nMBA : une architecture pas terrible, une localisation à n’évoquer qu’à mi-voix, un enthousiasme mitigé autour du projet, l’existence d’un plan B et la seule véritable nécessité : un musée.
C’est à se demander s’il ne faudrait pas inviter ces deux-là à faire partie du comité référendaire «Pas au bord du lac» et à leur proposer de rejoindre le Collectif pour un «Grand Rumine» !