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Pagnolade

Publié le 14 juin 2024 par Morduedetheatre @_MDT_
Pagnolade

Critique de Naïs, de Marcel Pagnol, vu le 18 mai 2024 au Lucernaire
Avec Arthur Cachia, Kevin Coquard, Clément Pellerin ou Simon Gabillet, Lydie Tison, Marie Wauquier et Patrick Zard’, mis en scène par Thierry Harcourt

Il y a quelques jours, je discutais avec des amateurs de théâtre comme moi, qui me disaient que ce qu’ils venaient chercher au théâtre, avant tout, c’est une histoire bien ficelée, avec de beaux enjeux, de beaux rebondissements, de beaux personnages, et qui parvient à vous entraîner dans un monde parallèle le temps d’un spectacle. Moi, c’est plutôt ce que j’attends d’un bon bouquin. Je ne sais pas qui de nous serait le plus comblé par ce Naïs. J’ai eu l’impression formidable de tenir un bon Pagnol entre les mains.

Naïs, qui vit toute l’année prisonnière des griffes d’un père au caractère détestable, est plus qu’heureuse de voir Frédéric, un amour d’enfance jamais vraiment oublié, revenir dans les parages pour les vacances. Leurs conditions respectives les empêche de vivre un amour au grand jour mais enfin, il fait beau, il fait chaud, on est à Marseille : c’est le moment idéal pour se permettre de rêver un peu. Voir de transformer le rêve en réalité. On sait tous que ce qui se passe pendant les vacances a une durée limitée. Pourquoi ne pas en profiter ?

C’est le troisième spectacle mis en scène par Thierry Harcourt que je vois cette année. Après un Bitos en demi-teinte et des Chaises très réussies, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre pour Naïs. Devant cet excellent travail, j’ai envie de tirer une conclusion complètement hâtive mais peut-être pas si loin de la vérité, au fond : le meilleur de Thierry Harcourt se révèle sur les plateaux les moins chargés.

Sur scène, autant vous le dire, il n’y a rien. Et pourtant il y a tout. On voit tout. On entend les cigales, on hume le romarin et on redoute le mistral. On sent le soleil sur notre peau et on est sûr que si on demande à notre voisin, il sortira un chapeau de paille de son sac. Evidemment, l’accent marseillais de nos personnages n’y est pas pour rien. Mais il y a autre chose.

La scène est remplie d’eux. C’est une adaptation d’un roman de Zola, et pourtant ça transpire le Pagnol. C’est plein de tendresse, un Pagnol. Plein d’honnêteté, de douceur, de grands coeurs et de promesses d’amour. Et Thierry Harcourt arrive à rendre tout ça à travers une mise en scène tout en déplacement et en délicatesse. Une mise en scène basée sur une grande harmonie entre les comédiens. A travers des regards, un vrai sens du mouvement et un rythme juste, Harcourt parvient à faire exister toutes les tonalités de ces vies, secouées de tourments et emportées par de belles émotions, parvenant à faire exister la célèbre dramatisation marseillaise sans jamais tomber dans le pathos. Joli tour de passe-passe.

Un rayon de soleil théâtral.

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Naïs – Théâtre du Lucernaire
53 rue Notre-Dame des Champs, 75006 Paris
A partir de 21 €
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Pagnolade
© Philippe Dayries 

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