« Soixante-seize personnes, tous des civils et la plupart d'entre eux des femmes et des enfants, ont été massacrés par des forces de coalition pendant une opération dans le district de Shindand dans la province de Herat, » a fait savoir le ministère ce vendredi.
« Dix-neuf femmes, sept hommes et le reste étant des enfants [soit 50] tous au-dessous de 15 ans, » ont été abattus dans l'opération de l'OTAN, indique le rapport.
Le ministère a indiqué qu'il s'agissait d'un des massacres de civils les plus importants dans la guerre contre les Talibans depuis que ceux-ci ont été évincés du pouvoir lors de l'invasion américaine en 2001.
Un porte-parole militaire des Etats-Unis a fait la réponse habituelle selon laquelle il n'avait eu aucune connaissance de décès de non-combattants.
Enquête afghane
Zeina Khodr d'Al Jazeera signale que les chiffres du ministère afghan de l'intérieur ont été confirmés par le gouverneur et le chef de police provinciaux. Elle rapporte également que les informations avaient été recueillies par une équipe d'enquêteurs de l'armée, de la police et du Service des Renseignements.
Ils ont recherché les corps dans les maisons qui avaient été bombardées, et ils prévoient que le bilan soit encore plus lourd car toutes les maisons n'ont pas encore été inspectées.
Les « gens sont très en colère » a indiqué Khodr. « Ce n'est pas la première fois. Hamid Karzai, le président afghan, a fait des appels répétés pour que l'OTAN arrête ses attaques aériennes. »
Akramuddin Yawer, le chef de la police pour l'ouest de l'Afghanistan, a indiqué qu'il y avait des combattants Talibans parmi les morts mais que leur nombre était inconnu.
Daoud Sultanzoy, un député afghan, a déclaré à Al Jazeera que lorsque les Taliban sont dans les villages et les secteurs où vivent des civils, il est très difficile de les différencier quand l'OTAN lance ses attaques aériennes. « La leçon la plus importante à tirer de ceci est que nous devons compter davantage sur des troupes au sol, » ajoute-t-il.
« Comme l'OTAN et la coalition ne disposent pas de ces troupes, le recours à l'appui aérien est alors plus important [...]. » « [Les Taliban] ne sont pas installés ici, » dit-il encore. « C'est une maison civile. Et de façon regrettable, quand un bombardement a lieu — un bombardement aérien, ou tout autre genre de bombardement — vous êtes sûrs de voir ce genre d'évènements. »
Chiffres contestés
De son côté le général Mohammad Zahir Azimi, le porte-parole du ministère de la défense, affirme que seulement cinq civils — trois femmes et deux enfants — avaient été tués [mais sans expliquer quelles étaient ses sources... N.d.T].
Les « avions ont bombardé le secteur et 25 Talibans ont été tués, dont deux commandants célèbres, » a indiqué Azimi. « Malheureusement, cinq civils ont été tués et une femme et un garçon étaient blessés ».
Selon les déclarations des américains, l'attaque aérienne de mercredi qui a causé tous ces morts se voulait une réponse à une attaque contre des troupes stationnées dans la province de Laghman, qui touche la région de Sarobi où 10 soldats français sont morts plus tôt cette semaine.
« Pendant l'opération, plus de 30 militants ont été tués et une grande cachette d'obus de mortier et de matériaux pour IED [dispositif explosif improvisé] ont été détruits par les commandos, » affirment-ils dans un communiqué.
Toujours selon le même communiqué, les attaques ont eu lieu après que le secteur ait été dégagé des femmes et des enfants et que 200 civils aient été vus s'enfuyant, et il n'y aurait eu aucun civil de blessé.
La question des pertes infligées aux populations civiles par les forces étrangères combattant les Taliban a provoqué une fracture entre l'Afghanistan et ses appuis occidentaux. Karzai a déclaré ce mois-ci que les attaques aériennes par les forces étrangères ne servaient qu'à massacrer des civils et pas à gagner la guerre.