Son succès est fantastique puisque toutes les places disponibles ont été vendues en 3 heures de temps après l’ouverture de la billetterie. Du 1er au 30 juin, c’est autour de 30 spectacles et 330 représentations dans 62 lieux, que le festival estime accueillir plus de 150 000 spectateurs.
La programmation est diverse et de qualité. Les têtes d’affiche sont des personnalités reconnues dans le monde du théâtre, sans pourtant être toutes des célébrités. Parce que le talent compte davantage que la notoriété.
On retrouve des noms dont les versaillais apprécient le travail depuis plusieurs éditions comme William et Daniel Mesguich, Stéphanie Tesson, Eric Bouvron, Ronan Rivière, Sophie Forte … qui reflètent la confiance accordée par la ville à onze compagnies accueillies régulièrement en résidence.
J’ignorais que François de Mazières était aussi un auteur. Il a jusque là publié sous pseudo. Pour la première fois une de ses pièces est présentée à Versailles. Intitulée Le géniteur, et écrite sous l’angle de la comédie, elle raconte une histoire de recherche d’identité qui reflète les préoccupations de notre époque.
Un couple marié, constitué d’un homme et d’une femme tous deux issus d’une fécondation artificielle, éprouve des difficultés à avoir un enfant de manière spontanée. Le mari décide de reconstituer sa propre généalogie afin de comprendre l’origine éventuelle du probléme. Il s’adresse à une banque de données américaines et retrouve ainsi la trace de son père. Le public assistera à une série de rebondissements troublants, difficiles à croire, et pourtant le scénario est inspiré de faits réels.Il est assez étonnant d'apprendre que la pièce a été écrite à partir d’un fait réel quoique, après tout, il est finalement plausible de ne pas réussir à avoir des enfants alors qu'on ignore soi-même qui sont ses parents biologiques.
Outre l’inscription du thème dans des faits dont les actualités se font régulièrement l’écho, la pièce brille par la qualité de l’interprétation. Je salue la vivacité des comédiens qui composent devant nous une famille qui finira par devenir tout à fait crédible.
Les dialogues sont vifs, faisant régulièrement mouche. Le sens de la répartie est partagé par chacun des trois personnages. Les scènes s'enchainement avec dynamisme, entrecoupées par un extrait joyeux de l'Allegros du concerto brandebourgeois n°3.
J'avais fait la connaissance de Martin Loizillon il y a quelques jours mais je ne savais rien de Salvatore Ingoglia ni de Mylène Bourbeau … dont l'accent québécois (léger mais présent) apporte une note de fantaisie supplémentaire qui rend finalement tout à fait logique la présence de chaussons animaliers insensés (il faut les voir pour le croire).On a envie de retenir certaines expressions pour les ré-employer à bon escient comme : avec toi je relativise non-stop. Je pourrais faire un arc électrique en passant sous une ampoule.Que François de Mazières soit remercié de nous faire rire sans jamais céder au piège de la facilité. Il a intégré des notes de suspense aux bons moments. Et il nous démontre combien pèse le déterminisme social.
C'est une bonne chose que le spectacle soit ensuite présenté pendant le festival Off d’Avignon à l’Ancien Carmel d’Avignon, transformée en théâtre de 80 places où la ville délocalisera Le Mois Molière du 3 au 21 juillet, avec huit spectacles du festival versaillais.Les bonnes comédies sont plutôt rares. Alors ce serait également souhaitable que Le géniteur soit repris à la rentrée dans un théâtre parisien afin de rencontrer un public encore plus large. Le géniteur de François de MazièresMise en scène : Nicolas RigasAvec Mylène Bourbeau, Martin Loizillon et Salvatore Ingoglia
Création Mois Molière 2024 au Conservatoire de VersaillesAuditorium Claude Debussy - 24, rue de la Chancellerie - VersaillesLe dimanche 2 juin et le samedi 22 juin 2024 à 19 heures