J’ai lu seulement deux livres de Gaëlle Josse, mais chacun de style différent, Une femme à contre jour et La nuit des pères. Son dernier ouvrage m’en fait découvrir un autre, la poésie.
Elle apporte une trentaine de réponses à la question formulée dans le titre à quoi songent-ils, ceux que le sommeil fuit ? On notera l’absence de majuscule qui marque assez souvent le premier mot d’un vers en poésie moderne. On pourrait aussi y voir une marque de familiarité indiquant modestement une pensée intérieure.Elle utilise le biais de la microfiction sous forme de nouvelles très courtes, de souvent deux-trois pages, qui se dégustent comme des bouchées et qu’on enchaine sans parvenir à reposer le livre.On se rafraichit le cerveau avec quelques mots là encore uniquement en minuscules, en référence au code de la poésie. Ils sont posés sur une page intermédiaire (exemple la nuit indifférente, obstinée et mon front contre la vitre p. 183) qui ne sont pas nécessairement des indices caractérisant le prochain texte.Aucun n’a de titre. C’est au lecteur de l’attribuer. Certains sont évidents. Sur la route de Madison (p. 163! ou La soirée d’anniversaire (p. 185) qui est un de ceux que j’ai trouvé le plus beau.Ça n’aurait aucun sens de résumer un recueil de nouvelles. Je peux juste dire qu’on y découvre, des hommes et des femmes, jeunes ou vieux, qui tombent les masques (p. 52) pour interpréter des notes d'espoir, des drames, de la mélancolie, rarement de la joie. Si, justement, dans la plus longue, très touchante, qui commence en agitant une guirlande de fanions, élément indispensable pour rendre joyeux un anniversaire.On se reconnaît parfois. On y voit aussi nos voisins, nos parents. Quelques questions ponctuent ce recueil de poésie en prose. J’ai beaucoup aimé celle-ci : quand fond la neige, où va le blanc ? (p. 197)à quoi songent-ils, ceux que le sommeil fuit ? de Gaëlle Josse, collection Notabilia chez les éditions Noir sur Blanc, en librairie depuis le 1er février 2024