John Lennon et les comédies musicales : Un amour impossible ?

Les Beatles ont toujours été définis par leur style éclectique. Si l’on essayait de classer le matériel des Fab Four dans une seule catégorie, ce serait probablement le rock and roll, mais serait-il exact de mettre les arrangements classiques d’« Eleanor Rigby » ou le jazz léger de « Michelle » au même niveau que Chuck Berry ou Little Richard ? John Lennon et Paul McCartney se sont toujours vantés d’écrire des chansons de styles différents, mais McCartney se souvenait que son partenaire de composition n’avait absolument aucun intérêt pour les comédies musicales.

Encore une fois, le genre musical a toujours semblé avoir une relation compliquée avec le rock and roll. Étant donné que le rock a été fondé par des gens qui chantaient ce qu’ils ressentaient avec une capacité technique minimale, le fait de l’entendre porté à ce niveau extrême au milieu d’un théâtre avait tendance à être un peu trop exagéré pour les Buddy Holly de ce monde.

Si cela ne suffisait pas, regardez simplement les types de comédies musicales rock and roll qui sont apparues et disparues depuis la création du genre. Certes, des albums comme The Who’s Tommy ou American Idiot de Green Day ont commencé comme des opéras rock avant de devenir des productions théâtrales, mais des projets modernes comme Rock of Ages ressemblent au résultat de quelqu’un qui a parcouru la page Wikipédia des groupes de glam rock en espérant le meilleur.

Même avant que les plus grandes stars des années 1970 comme David Bowie n’apportent de la fantaisie au rock, McCartney se souvenait que Lennon ne voulait en aucune façon faire partie de ce genre d’extravagance. Rappelant dans The Lyrics, il disait : « En dehors de West Side Story, John détestait les comédies musicales. Nous aimions cela et pensions que c’était assez audacieux pour nous. Mais John est sorti de South Pacific – trop kitsch, trop maniéré, et sucré. Même si ‘Lennon et McCartney’ sonnait comme ‘Rodgers et Hammerstein’, il était assez clair que nous n’allions jamais écrire de comédies musicales. »

Bien que Lennon ne parlait pas beaucoup de théâtre lorsqu’il évoquait ses influences, on peut dire qu’il n’en était pas un grand fan, vu ce que McCartney écrivait à l’époque. Il a peut-être suivi les chansons sentimentales comme « She’s Leaving Home » et « Hello Goodbye », mais il est probable qu’il aurait préféré oublier le tout s’il avait pu.

Tout ce que Lennon faisait devait venir du cœur, et ce genre de version exagérée de l’expression des émotions était pratiquement une moquerie de son approche de la composition. Tout ce que vous avez à faire, c’est d’écouter un album comme Plastic Ono Band pour savoir à quel point Lennon voulait s’éloigner des comédies musicales. Il s’était déjà adonné au côté extravagant de la composition, et c’était pour lui une manière de revenir sur Terre.

Cela dit, ce n’est pas comme si Lennon ne pouvait pas écrire ce genre de chansons fantaisistes. Bien qu’il se plaignait de ne pas pouvoir faire grand-chose en travaillant sur Sgt Pepper’s, un morceau comme « Being for the Benefit of Mr. Kite! » reste l’un des morceaux les plus manifestement ‘spectaculaires’ du catalogue du groupe, comme si vous aviez été transporté dans une fête foraine et que vous voyiez chaque spectacle devant vos yeux.

Au moins, Lennon s’est quelque peu assoupli à l’idée de faire quelque chose d’un peu plus narratif dans sa musique plus tard dans sa vie. Quoi qu’il en soit, un album comme Double Fantasy fonctionne pratiquement comme une courte pièce de théâtre entre Lennon et Yoko Ono sur le travail de leur relation. Il ne verra peut-être jamais une sortie en matinée ou autre, mais peut-être qu’il aurait exploré le travail sur différents projets théâtraux s’il avait vécu un peu plus longtemps.